plus besoin cle deux chevaux, puisque j’étais sur le point de rentrer au Gap ; mais chacun d eux valoit plus que les deux meilleurs boeufs d Engelbrecht ; on ne pouvoit leur reprocher qu’une grahdè maigreur, suite des fatigues excessives de la route. Du reste, ils se portaient très-bien, et ils avoient sur-tout le pied sain ut le sabot en bon état. ; Gettè expression de sabot en bon état surprendra la plupart dê mes lecteurs. Elle a besoin d’une explication. Pour 1 entendre ,, il. faut savoir que,.ni au Cap ,.ni dans les Colonies , on ne ferre jamais les chevaux- Telle est la dureté de leuF corne que quelqneroute qu’ils fassent, ils ont toujours le pied franc: Aussi, quoique le pays ait des maréchaux/ ces gens n’y servent qu’à panser l’animal en maladie, ou à monter les voitures: Cette propriété d’un sabot indestructible et inaltérable tient-elle à la nourriture du cheval ? je ne le crois pas. On le nourrit, comme les chevaux de certaines contrées de l’Europe, d’orge, de paille, ou de fourrages eri. verd. Il ne diffère d’eux qu’en ce qu’il ne mange pas d’avoine : sorte de grain qui, ne réussissant pas*en Afrique.,, n’y est pas cultivée-. Tient-elle au climat ? ou lui seroît-elTe commune avec les chevaux arabes dont il tire son origine? je n’oserois l’assurer. Mais ce que j'assure; c’est que les miens, après environ quinze mois de voyage, après des chasses.forcées, après des routes toujours faites sur des roches et des cailloux, ou dans des chemins détestables, rapportaient néanmoinsJeur sabot aussi sain et aussi entier que le jour où ils avoient quitté le Gap. Le besoin que j ’avois de timoniers me fit néanmoins conclnre-le marché; et je pris,avec ceux-ci, la route de l’habitation de Van der Westhuîsefi , quoique je ne me flattasse pas plus de réussir auprès de ce vieillard , gouverné par sa femmes , que je ne Pavois fait auprès de son beau-frère. Sa maison n’étoit éloignée que de deux lieues et demie. Mais à peine eus-je fait trois ou quatre cents pas. que, dans une descente f un de mes nouveaux boeufs,, emporté par le poids du charriot, s’abattit.. 'Cet accident n’avoit point de quoi m’étonner. Mainte fois il étoit •arrivé ; et l’on doit s’y attendre lorsqu’on voyagera sur des terrains sans route. -Dans ces cas-là, les conducteurs arrêtaient la roùe de devânt, pour empêcher l’animal d’être écrasé. Cette fois-ci, ils n’en eurent pas le tems. Elle lui passa sur le corps, et lui cassa la cuisse. Le mal étant sans remède, je donnai ordre qu’on dételât le timonier blessé., en l’abandonnant sur place, et qu’on le remplaçât par un des miens. Mais l’autre, ne voyant plus auprès de lui son camarade, refusa de tirer avec lé nouveau venu. On eut beau employer, pour vaincre ¡sa résistance, tous les moyens possibles, ils n’eurent aucun succès. Après bien du tems et des peines perdus, ils fallut le dételer à son tour, et marcher, comme auparavant avec mes deux anciennes bêtes. Ainsi , de mon troc, il me restait un boeuf, devenu inutile ; et j ’avois un cheval de moins- Les trocgueurs de -bestiaux hottentots, qui m’accompagnoient Ç furent les seuls a s applaudir de l’aventure. Le timonier abandonné devënoit pour eux une très-bonne aubaine. Aussi r,estèrent-ils en arrière pour s’en accommoder. Peut-être intérieurement eussent-ils ete fort aises que, de .tems en tems, jeusse ainsi défrayé leur cuisine, - r Je 11’avois plus que pour une heure de chemin, quand j’apper- çus , dans un vallon , une hutte, hottentote , totalement isolée, et près de laquelle paissoitun troupeau. Je m’avançai vers la case, et futfort surpris d’y trouver une grande demoiselle, fort jolie. C’é- toit cette fille de Van der Westhuisen, dont j ’ai parlé, ailleurs ; celle- là même qui, pendant plusieurs jours, avoit tenu tête aux buveurs les plus intrépides,, en sablant aussi tranquillement qu’eux l’eau-de-Yie de Pinard. Chasseuse infatigable , elle pouvùit, à cheval, forcer une grande gazelle à la course. Paroissoit-ril des Boschj esman ; elle s’armoit d’un fusil, se mettait à leur poursuite:,-et les fùsilloit par-tout ¡où elle les trouvoit. Si elle croyoit avoir à se plaindre de quelque horde, elle lairaitoit comme les Boschj esman .Aussi était-elle redoutée à: la ronde. X x 2
27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above