arrêtée à chaque pas. Ou la poursuit, on lui tend des embûches. A chaque habitation, c’est un danger nouveau. Enfin , si elle ne retourne sur ses pas, elle court risque d’être exterminée toute entière., ■' • • f Yoilà ce qu’avoit éprouvé Naseep Tt ses gens , quand , sur la première usurpation de Van der WesthuiseU, ils étoient venus demander justice. Pouvois-je espérer, d’après cette fatale expérience, qu’ils oseroient venir la réclamer une seconde fois, ou que les deux familles , enhardies par le succès de leur iniquité , s’en désisteroient sur mes remontrances ? Dans Ces Circonstances fâcheuses , il ne me restoit qu’à consoler la horde ; c’est-à-dire, à l ’exhorter à la patience, et à lui débiter tous ces lieux communs de résignation et de ménagemens, auxquels celui qui les répète n’a pas plus de foi que ceux qui les écoutent. Je me fais un devoir d’insérer ici les principaux détails de cette affaire , et mon but doit être respecté. Mon second voyage parviendra en Hollande, ainsi que le premier y est parvenu. Comme le premier, peut-être, il sera lu par plusieurs des admînistratéurs de la Compagnie ; et peut-être entreprendront-ils de remédier à des abus qu’ils ne connaissent pas, et qu’assurément ils n’oùt pas l’intention de maintenir. Lorsqu’à mon retour en Europe ; et à mon arrivée à Amsterdam , je m’avisai de dire, à l’un d’eux, que le Cap manquait de jretit numéraire , et que le commerce intérieur des Colonies soufffoit dé Cette disette; aussitôt, et sans délai, l’administration, ainsi que je l’ai déjà dit ailleurs, fit frapper peur deux ou trois cents mille livres dé différentes petites monnoies, en argent, dont l’envoi fut ordonné, ¡ayant même que je susse leur fabrication. Je ne doute point que, dés qu’elle sera instruite du genre d’injustices que je viens de dévoiler, elle ne s’empresse de-les réparer et de les prévenir par des loix sages , et qu’elle n’applaudisse au zèle pur d’un voyageur qui, ayant dit le bien sans flatterie/ publie le mal sans malignité. Malgré les pertes qu’avoit faites la horde, elle possédoit encore da nombreux troupeaux. Naseep me-pria même d’acceptër deux boeufs, quatre quatre moutons et une vache grasse. Je refusai les boeufs ; mais je reçus la vache et les moutons , ét les destinai au festin du soir. Mon dessein étoit qu’il y eût une fête ; et je me flattois que la joie adouci- roit beaucoup les haines. Je ne me trompai point. A peine eut-on ¿gorge les animaux qué les danses commencèrent. Elles durèrent toute la nuit et firent oublier les querelles du jour. Le lendemain matin , je vis tout le monde rapatrié. On s’étoit même réconcilié avec Naseep. Il est vrai que ce chef avoit fait quelques avances. Parmi les cadeaux que je venois de lui faire, étoit un rouleau de tabac. Il l ’avoit, à l’instant même, distribué, par portions égales, entre tous ses gens; et cette libéralité inattendue lui avoit regagné tous les coeurs. Avant de partir, j’achetai les moutons qui m’étoient nécessai- rës; puis, jaloux d’acquitter la promesse que j’avois faite de parlér aux deux familles usurpatrices, je me rendis chez Engelbrecht. Cet homme parut me revoir avec plaisir, et il me fit même beaucoup d’accueil. Mais avant de répondre à sa politesse, je crus devoir le prévenir-sur le motif de ma visite et lui annoncer tout l’intérêt que je prenois à la cause des Sauvages. Il se disculpa, en me faisant observer que ce n’étoit pas lui qu’ils accusoient d’avoir tué leurs boeufs. A l’entendre, il n’y avoit de coupable que les Van der Westhuisen. Et quant au domaine qu’il possédoit, si c’étoit une usurpation, il ne falloit pas la lui reprocher, puisqu’il ne le tenoit que de sbn beau-frère qui le lui'avoit cédé-, D’après de pareilles explications, je vis qu’il n’y avoit ni réparation ni accommodement à espérer. En conséquence, je ne crus pas devoir rester plus long-tems, et je continuai ma route. .Mais aux premiers pas que fit l’attelage de mon charriot, Engelbrecht, s’appercevant que j’avois deux mauvais timoniers, il m’offrit de m’eu donner deux autres,, à choisir parmi tous ses boeufs si je voulois lui céder, en échange, un de mes Chevaux. A la vérité, mes timoniers ne valoiènt rien ; et cent fois ils avoient failli à briser et culbuter ma voiture. Cependant, le marché qu’on me proposoit étoit désavantageux pour moi ; quoique je n’eussa Tome I I . ' S x
27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above