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siper leurs craintes, et sans les abuser sur le pays où ils alloient se rendre , le leur montrer au moins tel qu’il étoit. | N’ayant à leur raconter que ce. que je venc4 s.de voir par moi-, même, mon témoignage étoit fiait pour leur inspirer quelque confiance. Je fis un récit siuccint de ce qùim’étoit arrivé de. plus remarquable dans les differens cantons de la contrée j déclarant scrupuleusement et le bien et le mal, sans rien cacher de l’un ni de l’autre. Je les engageai à renoncer aux idées folles et chimériques dont on avoit nourri leur avidité ; et leur dis que si, an lien de perdre du tems à chercher , dans le pays, de l’or et des pierreries , qui ne s’y trouvoient pas, ils vouloient s’y fixer et former un établissement ,: il leur seroit facile d’élever leurs enfans et de vivre dans une aisance heureuse et tranquille. ï On leur avoit inspiré beaucoup de préjugés contre les Sauvages. Je les désabusai sur cet article ; et, me citant en exemple , je leur appris combien ils pourraient tirer de services de ces peuples , si, comme moi , ils Vouloient se lier avec eux vies prévenir par quelques amitiés, et suivre une conduite qui m’avoit si bien réussi. Enfin, par un aveu qui s’aceordoit mal avec leurs idées, je les avertis, quoiqu’à regret, de fuir le commerce de Certains Blancs qu’ils trouveraient: dans leur voisinage. C’étoient-là, selon moi; leurs vrais ennemis ; les seuls qu’ils dussent craindre, et dont il leur fal- loit sans -cesse se défier. Pendant tout mon discours , la femme avoit en attentivement les yeux fixés sur moi ; et je voyois , par tous lès mouvemens de son visage , l’impression profonde que je produisons chez elle. Cependant le grand respect et la haute estimé qu’elle avoit pour son mari venoient de tems en tems détruire ces sensations. Elle cher- choit à lire dans ses regards ce qu’il pensoit, afin de se décider sur ce qu’elle devoit penser. Voyoit-ellè chez lui l’expression de l’espérance ou de la joie, sa physionomie s’épanouissôi-t de même à, l’instant; prenoit-il un air rêveur! et inquiet, elle-changeoit de visage et se montrait inquiète aussi. Tant d’amour pourtant de misère me rendoit à moi-même son dévouement respectable. Mon discours parut le convaincre ; il avoua que quand on veut de l’or , U est plus sûr de se donner la peine d’en faire par- ta». trarail que de le vouloir trouver tout fait. Mais une grande (difficulté l’arrêtoit ; c’étoit sa pauvreté. • _ •// Misérable, sans appui e t . sans ressource aucune, que devenir dans le désert sauvage-et inculte où il alloit se transporter? Sans pacotille , quel espoir de lier amitié et d’entretenir commerce avec les hordes de son voisinage ? E n f i n , comment, sansinstrumens sans ustensiles, sans meubles et sans matériaux, sans provisions e ou die, en un mot, manquant de tout, commencer un genre de vie et entreprendre un établissement pour lequel il n etoit nullement préparé S Les meubles les plus apparens de ce ménagé ambulant consistent en un fusil en assez mauvais état, et un petit coffre de deux pieds en carré, qui contenoit toutes les mppes de cette famille errante, i „ . , - Un bon conseil, donné dans une circonstance; favorable, a son utilité sans doute; mais il faut a u x malheureux autre chose que des conseils. Je.me le disois à moi-même ; et en conséquence, pour commencer à donner aux pèlerins une preuve de 1 intérêt que je prends à leur sort, je leur fis une description de ce petit hermi- taee de Schoenmaker, dans lequel je venois de passer si agréa* blement quelques semaines. Je parlai aussi du vallon et du bocage charmant dans lequel il étoit situé. Je n’oubliai m la jolie source qui couloit près de la maison , ni le petit jardin dans lequel se trouvoient encore plusieurs plantes potagères d Europe, ni la proximité de cette rivière qui offrirait à la fois et les amusemens de la pêche et l’avantage de la chasse aux hippopotames, Enfin, quoique cette riante propriété né m’appartînt point et que je n’y éusse aucun titre , cependant je pris sur moi de la leur offrir, et les invitai à en prendre possession, en leur assurant quê jamais ils n’y seroient inquiètes. . En effet, mon intention étoit d’en prévenir Schoenmaker, et je ne craignois point qu’il me désavouât. D’ailleurs , je me propo- 2 1 1 à mon arrivée au Cap, d’employer , pour obtenir sa grâce*


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