Mes gens , sans se donner la peine de prendre ce qui leur étoit nécessaire, y mirent le feu ; et en un instant , nous eûmes un incendie , qui dura non-seulement pendant la nuit entière, mais fort ayant encore dans la matinée du lendemain. Le, lieu,, à une grande distance, fut éclairé comme en plein jour. Mais l’embrasement étoit si violent, et les flammes, par la hauteur à laquelle elles s elevoient, lançoient au loin une telle quantité d’étincelles et de charbons , que mon camp, quoiqu’à-deux cents pas, ne fût pas à la b ii de cette pluie de feu , et qu’il fallut même prendre des pré— ’ cautions pour garantir mes poudres. Les arbres, à la ronde, furent tous brûlés sur pied. Ceux même qui étaient à plus dé cinquante pas, eurent leurs feuilles, grillées. Il est vrai que l’éclat de 1 incendie écarta les lions ; mais 11 fit disparoître aussi les oiseaux, et le matin, nous n en vîmes plus un seul', quoique, pendant, la nu it, nous en eussions entendu voler beaucoup, et que plusieurs même, trompés et .aveuglés par la lueur du feu . fussent venus se jeter dans les flammes ou périr dans la fumée. Ces feux dévastateurs , dont j ’ai souvent couvert des plaines immenses, ces forêts embrasées par moi, pour ouvrir un passage à ma caravane, ou bien pour écarter les animaux féroces ; cette puissance de, destrüction dont je m’environnois à mon g ré , avec une poignée d’hommes, quelques armes misérables, le mince attirail d’uri brigand, tout Cela reportoit souvent ma pensée en arrière , et me rappeloit les histoires de' ces brigands bien plus fameux, bien plus illustres,' bien plus honorés , et bien autrement impérieux ; portés, à la domination, insolens dans leurs volontés ^remplis de caprices; et je m étonnois de ce que , dans ce ferment de passions qui agitent les Jiommes, on ne vît pas plus-souvent des: villes entières livrées aux flammes avec leurs, liabitans, leurs : richesses! et leurs arts, et de grands poè'tes, à la. suite de ces grands spectaclés-, érigeant en héros -lesf furieux qui s’en amusënt, et les proposant pour modèles aux furieux qui leur succéderont. Ma promenade du matin n’offrit, rien dé nouveau .à mes recherches. Mais en longeant le bois du rivage, je fus fort étonné d’en. tendre 8 tendre; quelques .coups 4e fiisil, et; jè demandai»: Schoenmaker, qui m/accompaguoit,. de quelles mains ils pouvoâ®nt:partiro L u i, qui avoit demeuré sur les bords de la Grande-Rivière ; et qui pareon- séquent connoissoit la contrée, me dit que .ceS/tirqurs. étaient probablement Mathys Moedel etBèrnfry ,-qui chqssbient aux hippopotames. i . le ,9itdi<.! fia giomv-uoïî v'j eup J i j saq liova'm eu li aiatn Je : comioisSQis de nom oes?(bjux Jioronnesy tlont l’u n , corniue Schoenmaker , étoit;-un déserteur'de 1$ ¡Compagnie,, Mais je savois aussi , que bien différenscle. ce bsiave ¡homme,, càétoiefflj; les scélérats les plus déterminéiSj.peut-êtte qu’eût toute.d’Afriqfteo tFsyois enr tendu parler de leqpSj,forfaits,, et je u’iguprois pas, que leu;, nom étoit en telle, exécration, qjy’on fe? avpit,;pifqsprjt^ jusque dans les Colonies, mênjesv,.,, g 1 //, f r i y ,bvd?! f> aô-I éii îo tétai >bo asi of> f: »îs D’après .pes, çonnpissances, je; ne conceyois pb-S trop,Comment ils s’étoient procurés de, la poudre. Il est vrai que pour dp pareille? gens rien, ne, flevoft être sacré', et qu’ifs ppuyoient en ayoir en par quelque vol oq quelque assassinat mou veau. D’un,autre côté ,,ilétoit possible qu’ils, eussent rencontré pinard; et que par crainte ou par avarice, il leur en pût vendu pour du bétail. Tandis qu’en marchant nous raisonnions sur ces conjectures, nous apperçumes nos deux chasseurs. C’étoit Pinard lui-même, accompagné d’un homme que je pris pour un Hottentot Baster, et que Sqhoen- maker me dit être Bemfry. La, vue des deux lions dont la veille nous avions apperçu les traces, ne m’eut pas inspiré plus d’horreur; mais la présence de Bèrnfry sur-tout fit pâlir Schoenmaker. Il avoit été le voisin de ce bandit, lorsqu’il habitoit les bords de la Grande-Rivière ; et, par les querelles journalières qu’il avoit avec fu i, il s’était vu, obligé-de s’epéloi- gper, et.d’aller fixer sa,horde dans,le lieuoù. je l ’ayois rencontré. ; Les deux chasseurs nous avoient apperçus ; ils vinrent à nous. Schoenmaker, animé de ressentiment à la vue de son ennemi, et obligé de se contenir, n’eut que le tems de me dire , en baissant la voix : tenez-vous bien sur vos gardes, le malheureux vous jouera quelque tour. Tome I I . D
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