Page 188

27f 82-2

Pour les Sauvages' de la liorde, plusieurs d’entre eux se joignirent à ma troupe ; et les autres 'allèrent s’embusquer le long des palissades , pour empêcher les gazelles de sauter par-dessus. Au lever du soleil, nous apperçûmes , à une demi- lieue de nous , uneharde très-considérable de spring-boc.ken, chassée par une troupe de Sauvages. Je fis avancer et filer mon monde sur l’un des flancs, pour les forcer insensiblement à se porter dans les palissades. Bientôt nous en fumes tout près. Alors nous commençâmes a les presser davantage, Enfin, quand je vis que celles qui formoient la tête entroient déjà dans l’entonnoir, moi et Klaas nous fondîmes, à toute bride, sur la queue, en poussant de grands cris , et tirant nos fusils et nos pistolets ; tandis que ma troupe nous secondoit parla décharge des leurs et les autres par leurs hurlemens. Ce bruit' fut un signal pour les Sauvages qui étoient cachés près des piquets. Tous se levèrent, en hurlant de leur côté ; et le vacarme alors devint effroyable. Lés animaux, épouvantés et poussés de toutes parts, se pressoient en colonne , et fuy oient avec un désordre qui étoit vraiment amusant. Curieux de connoître ce qui se passoit à la tête et près des fosses , j ’y courus. Je m’attendois à les trouver bientôt comblées tet à voir les gazelles s’y précipiter en tas. Je me trompois. Ces animaux sont très-fins. U n’y avoit eu que les premiers qui fussent tombés dans le piège. Les outres, dès qu’ils l’apper ce voient, l'esquivoient, en sautant par-dessusv Pendant plus d’une demi - heure que dura le passage, ces’sauts ne discontinuèrent pas d’un instant, et jamais je n’ai vu un spectacle pareil à celui de tous ces milliers de fuyards qui couraient comme le vent, et dont la moitié étoit en l’air. U y en eut un certain nombre de tués par nos balles , quel ques-uns étranglés par nos chiens, d’autres étouffes par la presse; mais on n’en trouva que trente-sept dans les fosses : encore la plupart étoient - ils dans les premiers trous. Les Namaquois en avoient aussi blessé plusieurs avec leurs flèches empoisonnées ; et quoique ceuxï-ci eussent fui avec les autres, ils se flattoient de les retrouver bientôt, ' ' n .. . Cette chasse ne mé paroissoit pas heureuse. Je la regardois même comme mauvaise ; vu les préparatifs qu’elle avoit exiges, et immense quantité de gibier que nous ayions vue. On m’assura , au contraire , qu’elle étoit merveilleuse , et que , de mémoire d’homme, on ne se fappeloit pas en avoir faite une pareille. Ordinairement on regardait comme un bonheur d’avoir une douzaine de gazelles ; souvent même on avoit le chagrin de n en obtenir qu’une ; et ceci arrivoit, quand la harde etoit peu considérable , ou quand le nombre des traqueurs et des hurleurs d’embuscade étant trop petit, les bêtes , moins effrayées , fuyoient moins précipitamment. Alors il n’y avoit que la première qui tombât dans'le piège. Les autres , averties par sa chute, sautoient pardessus les fosses. Effectivement je m’étois apperçu de la vérité de cette remarque ; et l’on en concluoit que si nous avions eu du succès il étoit dû uniquement à ma poudre et à m&s chiens. U s’agissoit de voiturer notre gibier au kraal. Mais le jour étant trop avancé, nous convînmes de remettre ce transport au lendemain et, de passer la nuit sur le champ de bataille. On envoya néanmoins chercher des boeufs. Ils arrivèrent au point du jour, et nous regagnâmes la horde en triomphe, accompagnés du produit de notre chasse. Elle étoit assez abondante pour que chaque famille eût à s’en- applaudir On la divisa par portions égales pour chacune. Une autre, partie fut employée en festins, et la horde y ajouta même plusieurs moutons grasYcar , chez les Sauvages , il n’y a jamais de régal sans graisse, et sur-tout sans graisse de mouton. Enfin , la fête se-( termina par des danses qui durèrent toute la nuit, et l’on ne se sépara qu’au lever du soleil. ' ; Tandis que tout le monde se préparait à dormir , je pris, congé de mes hôtes et dirigeai ma marche à travers la longue vallée des s p r in g - b o c k e n . Cette vallée n’avoit pas de nom ; mais je lui donnai Celui-ci, à cause d’une harde immense de ces animaux, que j y trouva i, et plus nombreuse encore qu’aucune de celles que j ’avois vues. Je ne craindrai pas/d’exagérer , en disant qu’elle étoit composée de


27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above