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volée de ces oiseaux, j ’ai toujours-tué trois ibis plus de femelles que de mâles. Au reste, ces oiseaux n’ont rien de bien remarquable dans leur plumage. C’est tn gris-brun uniforme, égayé sur les flancs par- quelques taches noires et sur la gorge par une large plaque de la même couleur. Lè mâle est un peu plus gros que la femelle- ; mais du reste lui ressemble totalement.; Souvent il arrive qu’une république est chassée par une autre ; cela së conçoit, et j ’ai déjà eu occasionne remarquer que j ’avois vu l’une de leurs villes devenue la conquête d’une troupe de petits perroquets. . < Les oiseaux qui conimettent ces violences sont ceux qui, comme les barbus, les pics, les mésanges,; les perroquets-dont je viens de parler, ont, dans la force de leur bec, la supériorité d’une arme offensive à laquelle les foibles et infortunés propriétaires ne peuvent résister. Mais jamais on-ne voit parmi ces intrus que des individus dont,, la nature est de nicher dans des trous ou dans des creux d’arbres ; tels que les espèces que j ’ai citées à l’instant. Le républicain n’étant pas connu dans les Colonies, il n’a pas de nom liollandois. Les Namaquois l’appellent , dans leur langue-, anaguès, précédé d’un clappement. Il y avoit cinq semaines que je m’étois établi dans l’hermitage de Schoenmaeker. Je le quittai enfin, pour me rendre à une borde de Petits Namaquois, située à cinq lieues de notre camp ; on y pré- paroit une grande chasse aux gazelles spring-bock. Le chef nous invita à être de la partie ; ne doutant pas qu’avec nos armes nous contribuerions beaucoup au succès de cette chasse. J ’acceptai avec plaisir, autant pour leur rendre service que pour être encore témoin d’une battue du genre de celles dont j ’ai déjà eu occasion de parler ailleurs; Celle-ci pouvoit peut-être offrir des détails nouveaux et des manoeuvres particulières ; la partie fut remise au lende-' main. Tous, hommes, femmes et enfans étoientnpccupés, et tra- vailloient avec ardeur aux préparatifs. Au débouché d’une gorge , formée par deux collines, on avoit planté deux rangées de piquets , qui venoient y aboutir , et qui, placées d’abord à une petite distance l’une de l’autre, comme les arbres d’une allée, s’écartoient insensiblement à mesure qu’elles s’al- longeoient, et alloient se perdre au loin dans la plaine. Les piquets avoient trois pieds de liant ; et de chaque côté régnoit une courroie, à laquelle étoient suspendues, de distance en distance, des plumes d’autruche; cette courroie ou ce cordon, qui passoit d’un piquet à l’autre, étoit attaché à leur partie supérieure. Mais comme il n’eût pas été possible de se procurer assez de courroies pour fournir à la longueur immense de cette double file, on y avoit suppléé , au lieu où elles manquoient, en garnissant les bâtons de faisceaux de plumes d’autruche, d’aîles d’oiseaux, de bouts de queues , de morceaux de peaux découpées , et même de kros entiers ; en un mot de tout ce qu’on avoit cru capable de servir d’épou- Yantail au gibier. Le -piégé commençoit à l’ouverture même de la gorge. Là, on avoit creusé, en échiquier, une vingtaine'de fossés, de dix pieds de profondeur sur six à sept de large; et recouvertes à leur superficie , de manière à être totalement cachées, mais garnies si légèrement que le moindre poids devoit enfoncer la couverture. La cliasse cousis toit à faire pénétrer les gazelles entre les dëux rangées de piquets ; une fois dans l’intérieur, on les poussoit naturellement dans le défilé où étoient pratiquées les fosses. Quant à celles qui passoient par-dessus, sans ,s’-y précipiter, elles tomboient dans différentes embuscades , Où les gens de la horde les attendaient couchés sur le vendre, pour les tirer, à coups de flèches, au moment où elles débusqnoient de la gorge. On employa la journée entière à porter sur.le lieu et à mettre en place l’attirail qne je viens de décrire ; et le lendemain, à trois heures du matin, nous nous mîmes en marche pour le rendez- vous*. Comme il étoit éloigné, nous n’y arrivâmes qu’au point du jour. Je montois un de mes chevaux , ainsi que IClaas; et j ’étois suivi de quelques-uns de mes chasseurs et de tous mes chiens en laisse.


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