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Ï Ï Î d Î w î deu'8n Cr° ire 1 mais611 attendant bien de_ le lâcher sur sa bonne foi ; je lui promis pourtaJ'enmt qe ug’ailr dnaei m sermt rien fait; mais que si nous recevions la plus légère hos- i te s d pouvoit être certain qu’il seroit le premier sacrifié. Cette petite aventure de la nuit nous prouvant que nous avions réellement lieu de redouter d’être attaqués par les Boschjesman , nous prîmes le parti de quitter les arbres de la rivière et de marcher à travers la plaine, où, étant plus à découvert, nous ne courions pas autant le risque d’être surpris. Notre Hottentot garrotté nous gênoit beaucoup dans notre marche, et afin d’aller plus vîte, nous fûmes contraints de lui délier les jambes. La nuit nous surprit étant encore a quatre lieues de notre camp; et, malgré le désir que nous avions d’y arriver au plutôt, nous fûmes contraints de faire halte, tant nous^ étions excédés de fatigue d’avoir fait au moins douze heues ce jour-là, à travers les sables et sans aucun abri contre les ardeurs dun soleil brûlant. Ayant pris toutes les précautions nécessaires pour empêchernotre prisonnier de s’enfuir, nouspassâmes une nuittranquille. Aupoint du jour, n’ayant plus rien à redouter des siens, puisque nous étions si près du camp, je le fis délier et lui rendis sa liberté , en lui recommandant toutefois de ne jamais se faire revoir dans les environs des lieux où je me trouverois. Nous reprîmes le chemin dp camp, où nous arrivâmes de très-bonne heure encore. J ’y trouvai un chef kaminouquois, homme avancé en âge, qui s’y étoit rendu avec une vingtaine de ses gens, et qui m’y attendoit pour me saluer et pour m’offrir un fourmilier vivant, qu’il venoit d’attraper. Cet animal, très-difficile à se procurer et peu commun dans nos cabinets d histoire naturelle , se terre et ne chasse que la nuit. Comme ceux de la Guyanne et des autres contrées connues il ne vit que de fourmis. Il attaque même les termites dans leurs re tr& aites l souterraines ; et la nature lui a donné, aux pieds de devant et de derrière , de longs et larges ongles un peu crochus, dont il se sert pour l ouvrir et briser les voûtes, et avec lesquels il creuse sa tanière. Sa langue avoit seize pouces de long; et elle ressembloit, pour la E N A F R I Q U E . la forme, à celle des autres fourmiliers ; mais il ; différoit d’eux par sa queue rase et par les poils rudes et cqurts, qui lui couvrent le corps. Cet animal, excessivement gras , passe, parmi les HottentotS;et les Colons pour-être un manger délicieux, auquel rien ne peut se comparer. Les. Kaminouquois, qui l’avoient apporté, tenoient le,même langage, Je.voulus en goûter, quand on l’eut tué ; mais je lui trouvai un fumet si musqué , un goût de fourmis si -détestable , qu’il me fallut rejeter le morceau que j ’avois à la bou- . che. Ce qui me rebutoit étoit précisément ce. qui le rendoit exquis . pour les Sauvages* Ces gens , .mangeant avec plaisir des nymphes 4 e fourmis , quand ils en rencontrent, il n’étoit pas étonnant qu’ils trouvassent délicieux un gibier qui en avoit le goût. Dans les Colonies , on appelle ce tamanoir erd-verke { cochon de terre ) ; ut les Kaminouquois le nommoit goup. Il m’eût étp agréable de régaler en eau-de-vie le chef et ses compagnons, .et de;leur temqigner ainsi ma reconnoissance du présent <ju ils.m avoient.fait. Mais j ’ai déjà dit qu’à mon retour au camp de .1 Orange, après une. excursion de quatre mois, mes tonneaux, confiés à la garde, de Swanepoel, s’étoient trouvés presque vides. J ’avois mis en reserye, dans quatre cruchons, le peu qui me restoit de cette, liqueur ; et j ’avois abandonné le reste à:mes gens, en leur déclarait, que je ne leur en fournir ois plus jusqu’à notre arrivée dans les Colonies, et les laissant maîtres de la ménager ou dépenser à leur gré. Avec cette mince provision, qui m’étoit nécessaire et que je réservojs pour les occasions extraordinaires, je n’avois garde de,m’épuiser tout à coup , et d’en donner un verre, à chacun des Kami- nouquois. Je n’en régalai que le chef et quatre vieillards que je distinguai dans la troupe; me proposant de dédommager les autres par un cadeau en quincaillerie. Mais ce fût alors que je vis, comme je l’ai déjà dit ailleurs, une action qui me pénétra d’admiration et d’attendrissement. Le chef ne voulant point goûter seul un plaisir qu’il ne parta- .geoit: point avec tous ses compagnons, ses amis «t.ses-.frères, Tome II. S s


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