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jesman, dont ils avoient voulu nous faire peur. Us avoient, sans doute, des raisons pour essayer de nous détourner d’aller plus en avant, où. ils avoient probablement léur horde ; et nous ne, pûmes jamais apprendre d’où ils étoient, ni ce qui lés àvoit conduit où nous les trouvâmes., Ce qu’il y a de certain, c’est que le premier qui fut apperçu avoit l’air de se cacher, qu’il fut très-inquiet quand nous le vîmes et que ce n’est qu’après plusieurs minutes, que nous apprîmes qu’ils étoient trois. Ils avoient tous des flèches, et chacun portoit une sagaie , dont la pointe étoit faite d’un os de poisson très-affilé, et toutes leurs flèches étoient empoisonnées. Cette aventure donna quelques sôupçons à notre petite troupe. Trop foi- ble pour, oser tout braver, nous tinmes conseil-, et comme le tems que je m’étois proposé de mettre dans notre petite excursion , étoit passé , nous arrêtâmes d’un commun accord de regagner le camp par notre même route. Mais comme il eût été très - imprudent de nous fier à ces trois hommes, qui nous parurent très-suspects', je les obligeai à nous suivre jusqu’à ce que nous fussions près dé notre camp. En conséquence nous nous emparâmes de toutes leurs armes, avec la promesse qu’il ne leur seroit fait aucun mal, et qu’elles leur seroient toutes rendues. Us nous les remirent de bonne grâce, mais non sans montrer cependant beaucoup de frayeur, et"en nous assurant que nous n’avions rien à.redouter et qu’ils n’avoient aucune mauvaise intention. Tout en feignant de les en croire, il me parut pru-. dent de nous comporter de la sorte , de crainte, qu’ils ne fussent des espions , envoyés pour donner connoissance de notre nombre et de nos forces. Je regrettai beaucoup de ne pas voir l’embouchure de la Rivière d’Orange, dont Paterson , dans son voyage, a déterminé, d’après le- colonel Gordon, la position géographique. Il la fixe à vingt-huit degrés trënte - trois minutes de latitude. Quant à sa longitude, elle est, dit le "voyageur , à peu près celle du Cap. Pour moi, qui, ayant vécu avec Gordon, l’ai toujours vu mettre dans ses travaux et ses opérations l’exactitude la plus scrupuleuse, je n’ai" point, je l’avoue , reconnu son style dans cet à peu près ; et j'ai été d’autant plus surpris de l’expression, que le prétendu à p eu près forme, d’après toutes les bonnes cartes, u n e différence de trente lieues, au moins. Je crois donc que Paterson a manqué de mémo.«, sur cet objet, et que, ne se rappelant pasl’expressxon vérrtable du colonel, il y a suppléé par un mot vague, qxu est une erreur Après avoir assuré à nos prisonniers que s’ils cherchoient s é- vader, nous les fusillerions sans pitié, nous reprîmes le chemm du camp,' en remontant la rivière, absolument sur les mêmes traces que celles que nous avidns suivies en la descendant. Dans no re marche, le Hottentot cplon, dont j’ai parlé, eut 1 air de reprendre toute sa tranquillité ; mais ses deux camarades montrèrent beaucoup de tristesse et d’embarras ; à la couchée, ils parurent^ rassurer un peu , causèrent avec nous et se donnèrent pour des Peu» Namaquois , dont ils parloient en effet le langage, ecx ne m eûm - cha pas de les surveiller ; car ils pouvoient fort bien être des Pehts Namaquois, et, malgré cela, être encore des Boschjesman ou/des malfaiteurs. J ’ai déjà remarqué nombre de fois, qu en général les Boschjesman sont des vagabonds de toutes les nations , qui, se réunissant/ s’associent pour voler et piller indistinctement tous les voyageurs: Avant de nous coucher, j ’avois expressément donné l’ordre que quelqu’un veilleroit jusqu’au millieu de la nuit, et ou’après cela, un autre le remplaceroit jusqu’au jour; Klaas commença la première garde , et fut relevé par un autre , qui probablement s’endormit ; car, vers le point du jour, l’un des miens se mit à crier aux armes et nous reveilla tous précipitamment ; il se dé- battoit avec un des deux Petits Namaquois, qui cherchoit à lui enlever son fusil. Mais nous ne nous montrâmes pas plutôt que, la- chant prise, il se sauva à toutes jambes. Son camarade étoit de)a parti Quant au Hottentot, il fut arrêté"; je lui fis lier les mains derrière le dos, et les deux jambes, de manière qu il ne put courir et nous échapper. Pendant que nous le garrottions ainsi il appeloit, de toutes ses forces, ses deux camarades, qui n’eurent garde de se remontrer. Il nous protesta de son innocence et nous assura n etre rien dans le complot de se sauver en nous volant une


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