saut ; mais on peut juger quelle fut ma frayeur, lorsque je vis vingt colonnes de feu s’élever au millieu du camp, mes Hottentots enlever leurs huttes , en criant comme des damnés, courir à travers les flammes pour réunir les bêtes effarouchées , qui ne faisoienî pas un pas, sans s’enfoncer dans le terrain et sans en faire sor-: tir des flammes nouvelles. . \ '• .. . Dans un pareil moment, il est pardonnable d’avoir des idées fort extraordinaires, sur-tout lorsqu’on voit pour la première fois un pareil phénomène , dont on n’a jamais entendu parler, et qu’il se présente subitement et avec effroi , au milieu de la nuit. Ma première pensée fut qu’un volcan venoit de s’entr’ouvrir sous nos pieds, et que nous nous trouvions au centre de son cratère. Cependant le feu n’avoit pas encore pénétré jusqu’à moi. Mes trois charriots étoient même au-dessus du vent ; e t, par un hasard bien heureux , ils paroissoient n’avoir rien à craindre pour le moment actuel. Aussi mes gens me crièrent-! ijsde rester en repos au lieu où * j ’étois, et de ne pas m’inquiéter. Quelques-uns d’eux, soit par e u x -mêmes, soit par ouï-dire, connoissoient ces sortes d’embra- ¡»emens ; et c’est ce qui fit qu’ils ne perdirent point la tête et qu’ils purent porter par-tout des secours efficaces. En un instant, tous, les hommes et femmes se mirent après mes charriots, qui furent traînés assez loin pour n’avoir plus rien à redouter de l’incendie. Heureusement que personne ne périt dans cette expédition ; il n’y eut même que mes hoeufs qui souffrirent de,l’accident. Plusieurs curent des brûlures considérables qui les estropièrent ; et l’un d’eux périt, sans qu’il fut possible de le seeourir. Ce fut pour moi un spectacle à la fois horrible et sublime que cet énorme animal, se débattant au milieu des flammes, dont ses affreux trépignemens augmentaient encore la violence. L’air étoit au loin rempli de ses cris. II expira bientôt. Le feu étoit si violent qu’il fut rôti jusqu’aux entrailles , et qu’après l’incendie mes gens le retirèrent et mangèrent ce qui en était resté, sans autre apprêt. D’après l’accident fâcheux qui auroit pu m’arriver, je ne puis trop recommander à ceux qui pourroient voyager en Afrique , de * ne jamais camper sur Jes vieux kraals abandonnés ; il n’est pas douteux que, si le vent eût soufflé malheureusement. du côté où j ’étais,, lïncendie se fut bientôt communiqué à mes voitures, et il est plus que probable qu’étant couché dans le charriot qui conter noit toute ma provision de poudre , j ’aurais infailliblement sauté en l’air et péri avant peut-être que personne ne se fut apperçu du feu. La plus grande partie de notre nuit se passa à déménager le camp , pour nous poster sur la terre franche. Nos boeufs-, effrayés de tout ce vacarme et encore plus du feu, s’éparpillèrent: dans les bois, d’où nous eûmes toutes les peines à les déloger pour les rassembler autour de nous. . . Remis en route ,■ nous fîmes sept lieues, ouest-quart-sud mai« les chemins étant détestables, je me rapprochai de la rivière par le ■’nord-ouest. Après quatre heures de marche dans cette direction, nous arrivâmes à l’entrée d’une gorge , au fond de laquelle j ’apper- çus une petite maison carrée, couverte de chaume, et dont les murs-,, en terre , étoient proprement faits et en très-bon état. Il mrest impossible d’exprimer tout ce que cette chaumière me causa d’inquiétude; je craignois de trouver là , encore-un second Bernfry , ou un autre Matys Moodel ; mais m’étant approché , je vis, avec satisfaction , que la maison n’avoit pas de maître présent, en conséquence j ’y établis mon camp et en pris possession. Près de la maison étoit une source d’assez bonne eau ; et par derrière , un petit jardin en friche, mais qui,, au milieu de toutes- les mauvaises herbes d'ont il commençait à se remplir, montroit encore de la laitue, des pois des citrouilles et quelques plantes po-- tagères. Les pâturages, tout à l’entour, paroissoient excellens; et à peu de distànGe couloit l’Orange. Enfin, le solitaire.qui étoit venu là se bâtir un herinitage avoit choisi ùn local aussi fertile qu’agréable; mais, je fus surpris de le voir désert et abandonné, et. jren demandai la raison à Klaas Baster , qui, connoissant les lieux, pouvoit être instruit sur la cause de cet abandon. II me répondit que la. maison avoit. été bâtie par Schoenmae*
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