sible de côtoyer la rivière, ni même le bois qui la bordoit, à cause des mauvais chemins qn’il nous eût fallu traverser et qui devenoient impraticables pour des charriots. Le 27, obligés de quitter le fleuve jusqu’à ce que nous trouvassions une route plus commode pour y revenir, nous marchâmes vers le sud pendant quatre heures avant de pouvoir tourner à l’ouest; direction dans laquelle nrrus fîmes six lieues par les plus horribles chemins. Obligé à chaque instant de monter et de descendre, je me voyois, à tout moment, prêt à abandonner le projet de rejoindre la rivière avec mes charriots et tout mon camp. Enfin , nous arrivâmes, avec bien de la peine , le 28 au soir, sur l’emplacement d’un vieux kraal, qui paroissoit avoir été abandonné depuis bien long-teros et où nous établîmes le camp. Le site étoit agréable ; je ne pus résister au plaisir d’y séjourner. A quelques pas de notre établissement étoit un bocage, à travers lequel conloit un doux ruisseau qui, en fournissant de l’eaw pour nous et pour mes bestiaux , ajoutoit infiniment à l’agrément du lieu. A chaque instant, il y arrivoit des volées de ces géiinottes à collier dont j ’ai parlé ailleurs. Je les tuai par douzaines ; et cette chasse fut même si abondante que, pendant les trois jours que je séjournai, elle fournit en partie à la subsistance de toute ma troupe. Les arbres d’alentour étoient couverts d’oiseaux de différentes espèces. Quelques-unes se trouvèrent même être nouvelles pour moi, et vinrent augmenter mes collections. Pendant mon séjour , des Petits Namaquois r instruits de mon arrivée dans leur canton , vinrent me fkire visite et m’offrir des moutons, en échange pour du tabac. Ce fut par eux que j’appris, pour la première fois, l’accident arrivé à Pinard, qui , après m’avoir tant impatienté en route, s’étoit enfin séparé de moi, sept ou huit mois auparavant. Ce malheureux, ayant irrité une horde près de laquelle il étoit campé, avoit failli périr victime deson imprudence. Gn avoit enlevé ses boeufs, pillé son charriot, tué avec des flèches empoisonnées ses Hottentots ; et lui-même auroit été égorgé à son tour, s’il n’avoit pas eu l’adresse et le bonheur de se cacher, jusqu’au moment où il put regagner les colonies. Malgré tous les motifs que j’avois d’être- mécontent de lui, je ne pus m’empêcher de le plaindre. Je ne devinois guère, en ce moment, qu’un malheur d’un autre genre, mais plus effrayant encore , nous attendoit tous. En campant sur le terrain de la horde, je cherchois à me consoler de mes fatigues. La fraicheur du bocage, les eaux qui ve- noient à plaisir le baigner, lès fleurs variées qui l’ornoient, et dont l’odeur embaumoit mes sens , tout sembloit concourir à vouloir, pour quelque tems, me fixer dans ce séjour. Hélas I l’enfer étoit à côté de cet élisée. Nous campions sur une esplanade d’environ quatre cents pieds de circonférence, et unie comme si elle eût été ni- vellée à dessein, mais qui pendant long - tems avoit servi de parc aux bestiaux de la horde. Les excrémens des animaux, en s’y accumulant, y avoient formé à la longue une couche épaisse de plusieurs pieds , qui, broyée et triturée par leur piétinement et délayée par leurs urines et’par les pluies, étoit devenne un banc de tourbe, un terreau sulphureux et inflammable. Personne de nous n’y fit attention ; d’ailleurs, on ne s’en apperçut pas, parce que tout le terrain sur lequel nous étions campés étoit entièrement recouvert de quelques pouces d’un sable fin qu’y avoient porté les vents. Mais on n’eut pas plutôt allumé les feux de nuit, que ce fumier desséché s’alluma par dessous sa calotte, et que ce feu, minant sourdement à travers la masse et pénétrant de tous côtés, l’embrasa toute entière. A mesure qu’elle brûloit et se ré- duisoit en cendres, son affaisement produisoit des vides qui, donnant un passage à 1 air, augmentaient etpropageoient l’embrasement. Enfin, vers le milieu de la nuit, l’incendie éclata au - dehors. Les flammes parurent; et alors ceux qui les premiers s’en apperçureiit crièrent au feu, pour éveiller tout le monde et appeler au secours. Je dormois dans mon charriot. Leurs cris-m’éveillèrent en stiï- # ■
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