tation plus ou moins abondante. Le soleil lui-même, regardé ailleurs comme la. cause première de la fécondité, n’est ici que la cause secondaire. Sa chaleur, il est vrai, aide à la naissance, au développement et à la maturité des végétaux; mais ce sont spécialement les eaux pluviales qui les font naître et les développent ; ce sont elles qui fixent et déterminent, en quelque sorte, le lieu et le tems de cette naissance , et qui les font apparoître dans tel endroit plutôt qu ailleurs. Or, comme les.pluies elles-mêmes doivent la leur à la localité des montagnes qui attirent les nuages, il s’en suit qu elles peuvent etre distribuées très-inégalement, et qu’ici un canton sera noye , tandis qu un autre , arrosé au degré convenable , offrira une végétation vigoureuse , ou, aride et desséché, ne présentera que l’image de la désolation et de la mort. De cette éventualité des pluies résulte nécessairement un hasard qui donnera aux mêmes végétaux, selon les terrains , une sorte de succession qu’ils ne devroient point avoir. Ainsi, en tel endroit, vient d’éclore telle espèce de fleur , qui, plus loin, a paru six semaines auparavant, et qui, à dix lieues delà peut-être, ne se montrera que deux mois plus tard. En Afrique, la nature est toujours vivante ; jamais son action n’est engourdie par le froid. Mais il faut être à l’afïut pour l’observer, et le botaniste qui ne fera que parcourir la contrée, sans y séjourner long-tems, doit s’attendre a n’avoir que. le lot du jour , et par conséquent à ne rapporter que les collections fortuites du hasard. Journellement on a au Cap la preuve de ce que je viens de dire. Depuis long-tems les colonies sont visitées par des amateurs fleuristes ou des botanistes instruits ; et il n’est aucun d’eux qui n'y ait trouvé de quoi enrichir ou son herbier ou son jardin. Mais comme personne peut-être n’est arrivé au même lieu dans les mêmes circonstances et à la même époque qu’un autre , chacun parmi les objets qu’il a rapportés , en a eu que ses devanciers n’ont ni connus ni pu connoître. Les deux naturalistes dont j’ai parlé ci-dessus , quoique venus après tant d’autres, n’ont-ils pas eux-mêmes enrichi la science par des découvertes nouyelles ? Quoique la plupart de ces voyages.successife aient été faits en tres- peu de tems, ils ont cependant contribué à multiplier nos connaissances et à augmenter le trésor de l’histoire naturelle. Que se- roit-çe donc si un homme instruit, se transportant dans un canton éloigné et fertile , y attendoit patiemment la révolution d une année-, et voyoit successivement éclore sous ses yeux tout ce que la nature peut y produire ? Ce que je viens de dire sur les végétaux peut s’appliquer avec la même vérité aux oiseaux; et. l’influence des pluies qui, selon les contrées , hâte ou retarde le développement des premiers, doit mettre aussi de grandes différences dans la ponte , dans 1 incubation et dans la mue des seconds. Pour devenir doublement utile aux personnes qui tenteroient une entreprise pareille à la mienne , j’ajouterai ici une remarque, que jV crois importante, et qui peut leur épargner bien des méprises; c’est que la variation qui existe dans une même espèce de plantes , selon la différence d’âge, de tems et de lieu, subsiste aussi chea les oiseaux. Cette dissemblance accidentelle et passagère est même telle quelquefois qu’on croiroit voir des individus totalement différens ; et j ’ai vu des savans à méthodes et à livres s’y tromper comme les autres. J ’ai vu un de ces naturalistes de cabinet me présenter comme quatre espèces différentes, et même comme formant plusieurs espèces , quatre individus, que je connoissois.très-bien, et qui n’étoien.t que le même oiseau dans ses différens âges. D’abord tout mâle, dans son jeune âge, a le mêmë plumage que sa mère et ce n’est que par la suite qu’il prend celui de son sexe. Je.n’oserois pourtant assurer que cette règle est générale ; mais je n’-y connois point encore d’exception, et d’ailleurs je l’ai vérifiée, par des observations particulières, sur plus de mille espèces différentes. Beaucoup de femelles aussi, lorsqu’elles vieillissent et sont arrivées à l’âge où elles ne pondent plus, subissent un changement semblable ; alors elles prennent la livrée plus brillante de leur
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