Hottentotes que l’on m’avoit assurée pratiquer la sémi-castration.' Leur horde étoit à six lieues sur notre gauche, au sud-est, et ils alloient visiter quelques hordes de Grands Namâquois. Mais quand ils surent notre aventure.avec celle des voleurs , ils jugèrent que ces brigands devant tenir encore la campagne pendant plusieurs jours pour chercher à m’inquiéter dans ma marche, il ne seroit pas prudent à eux de Continuer leur route ; et en conséquence ils prirent la résolution de retourner sur leurs pas. Moi, qui venois d’être attaqué dans la nuit précédente , et qui , àyànt encore deux nuits à passer avant d’arriver à mon camp, avois à craindre de l’être de nouveau pendant ces deux autres, j e crus que de mon côté je ferois sagement aussi de changer la direction de ma route et de suivre les Gheyssiquois dans leur horde. Par cette marche oblique, je pouvois tromper et dépister les Boschjesman ; et dans le cas ou , malgré l’obscurité de la nuit, ils s’apper- eevroient de mon stratagème et se remettroient sur mes traces, je devois présumer, avec vraisemblance , qu’ils cesseroient alors de me suivre , et que me sentant soutenu par une horde nombreuse t ils n’oseroient en approcher. Cette conjecture parut plausible a mes gens. Ils me pressèrent d’en exécuter le projet, et je m’y déterminai. Cependant, ce mort que nous conduisions avec nous me don- noit quelque inquiétude. Je craignois qu’il ne fût pour là horde l’objet d’une nouvelle superstition, et qu’il ne nous fit mal accueillir , et peut-être même repousser par elle. Pour prévenir cet inconvénient, je proposai aux Kaminouquois d’enterrer le Corps; et Hs y consentirent. Outre le kros dont il étoit enveloppé, on en mit un autre sur son visage. On le couvrit de pierres. Enfin , ils remplirent envers lui, autant que les circonstances, le permettoient, les devoirs prescrits' par 1 usage de leur nation. Nous n’arrivâmes à la horde qu’au coucher du soleil ; et j’y fus reçu avec la même amitié que je l’avois été josques-là dans toutes les autres. Mais on n’y sut pas plutôt notre aventure , que tous les esprits s’alarmèrent. On ne doutoit pas que les Boschjesman ne vinssent, pendant la nuit, tenter une nouvelle attaque. Ainsi, non seulement on éloigna le troupeau de la horde, mais on me pria de tenir le mien à l’écart et de le faire garder à quelque distance du kraal. , - , Ces précautions étoient fondées sur la mauvaise opinion qu’on avoit des Boschjesman ; et après tout, c§ qu’on m’apprit d’eux rendoit la méfiance excusable;. A an croire les inculpations, leur horde n’étoit qu’un repaire d’assassins, un refuge de voleurs, déserteurs de vingt nations différentes , et d’autant plus dangereux que, redoutables par leur nombre, ils attaquoient ouvertement et sans distinction toute peuplade où ils se flattoient de faire quelque butin. Ces associations de Boschjesman ne ressembloient nullement à celles que j’avois vues à l’est de l’Afrique. Celles - ci , composées de fugitifs et de brigands qui se méfient les uns des autres, sont très-peu nombreuses , et ne forment que de petites troupes isolées , dont, par conséquent, ou n’a à craindre qu’un coup de main où quelque surprise nocturne. Ceux-là, au contraire , présentoient un corps de nation très-redoutable ; et, à dire le vrai, j ’étois étonné qu’une société d’hommes sans frein, sans discipline et sans amis, pût néanmoins subsister. Mais ce qui me surprenoit bien davantage, c’est qu’ils subsistassent impunément, et qu’ils eussent un domicile tranquille , au milieu de vingt hordes différentes, qui sans cesse souf- froiçnt de leur brigandage et n’avoient pas le courage de les détruire . Quant au vol qui me regardoit, on me raconta, sur la manière dont il m’avoit été fait, quelques particularités que je ne connoissois pas. C’étoit Bernfry et MoodeLqui en avoient donné le conseil et le plan. Ces deux scélérats, unis de société et dignes d’être amis, étoient en relation avec les Boschjesman. A l’affût des expéditions et entreprises que ceux-ci pouvoient faire, ils leur en donnoient avis ; indiquoient les moyens de réussir ; dirigeoient l’opération , et partageoient ensuite les profits. Moodel sur-tout, lié avec la horde plus particulièremeut encore
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