Page 159

27f 82-2

Je ne m’étois point trompé dans la bonne opinion que j'avais conçue d’elle. Au moment ou je l ’abordai, je v is , à la sérénité qui ré- gnoit sur les visages et à l ’amitié avec laquelle on m’accueillit, que ines gens s’étoient trompés dans leurs soupçons. Bientôt eux-mêmes en furent convaincus, et ils convinrent de leur tort. On savoit pourtant, dans la horde, des nouvelles du troupeau volé. Un des Sauvages l ’avoit vu passer, la ve ille, escorté par un grand nombre d’hommes, qui sembloient se diriger vers la rivière, et qu’on croyoit avoir leur habitation de l’autre côté. Deux personnes de bonne volonté s’offrirent même à me remettre sur la piste et à me conduire par-delàl’Orange. J ’acceptai leur service. Hélas ! j ’igno- rois à quel sort cruel les alloit exposer ce dévouement généreux. D’un autre côté , ce fut un bien pour moi d’être venu dans cette horde. Le boeuf qui portait mes bagages étoit si excédé de fatigue qu’il eût été hors d’état d’aller plus loin. J ’en louai deux autres, pour le remplacer. Je fis aussi augmenter nos provisions de deux montons nouveaux j et soudain nous repartîmes. Il fallut faire quatre lieues, dans la direction est-quart-nord avant de retrouver la trace. Elle reparut alors ; mais, ce fut pour nous conduire sur les bords de l’Orange, et s’y terminer. C’étoit donc là que les brigands avoient traversé la rivière avec leur proie. Le fait paroissoit indubitable ; et néanmoins mes deux guides Kaminouquois la passèrent à la nage , afin de s’en assurer encore mieux. Moi, qui, d’après leur témoignage, né doutois point que les Boschjesman que je cherchoisn’habitassent de l ’autre côté du fleuve, je crus prudent de le mettre entre eux et moi, et de passer la nuit où je me trou vois. Nous avions fait treize lieues dans notre journée, sans nous être arrêtés ailleurs qu’au kraal ; et nous qvions tous besoin de repos. Nos deux guides revinrent, après avoir retrouvé la trace et l’avoir suivie pendant deux heures ; mais , en revenant , ils virent flotter sur la rivière un boéuf noyé, qu’ils firent dériver et qu’ils poussèrent vers nous. C;étoit un des miens. Il avoit ma marque , et Klaas le reconnut. Pendant la nuit, je m’étois occupé des moyens de passer le fleuve. Nulle Nulle part encore je ne Pavois vu aussi large et aussi rapide; et « ’étoit une profonde combinaison de malice à ces voleurs d avoir choisi, pour le traverser , l ’endroit, où il étoit le plus difficile et le plus' dangereux. Ce qui m’étonnoit. sur-tout, c’est quils eussent réussi a le faire passer au troupeau ; tandis que mes gens , par tous les moyens possibles , n’avoient pu seulement parvenir à mettre ces bêtes à 1 eau dans un lieu qui étoit moins large des deux tiers. Cette idée augmentait ma fureur contre les brigands ; et de bonne foi , j avoue que j ’avois besoin d’être exalté par un pareil motif. Sans ce la , les difficultés du passage m’eussent arrêté; et elles auroient suffi pour me faire retourner en arrière et renoncer à mes projets de poursuite. Néanmoins , quoique je ne fusse pas de sang froid, je ne m aveu- glois point sur le danger ; et ce fut meme pour le diminuer en partie , que je remontai plus haut l ’Orange, et que je ne la traversai qu’où son lit était bien moins considérable. Je n’avois point à crain-ï dre de m’éloigner de la route par ce détour. Outre, que le boeuf noye m'annonçait que les Boschjesman étaient dans les parties supérieurs , mes guides q u i, la veille, avcient reconnu leur piste, ne pouvoient manquer de me la faire retrouver. Nous lâ revîmes effectivement, et la suivîmes de nouveau péndant cinq lieues. Mais à ce terme, mes KaminQuqupis s’arrêtèrent tout ù coup oûmme pétrifiés. L ’ empreinte des pas, au lieu de continuer ù s® prolonger vers la horde qu’ils soopçiinnoient, s eu detournoit en faisant un coude , et alloit ahoutir une seconde fois à la rivière. Ce nouveau contre-tems nous déconcerta tous. L ’ëtonnement fut général ; et nous restâmes quelque tems à nous regarder, sans mot dire. Alors, les guides, forcés de reconnoître l’innocence de la horde , i-ejettèrent l’inculpation du vol sur une antre, qui habitait à cinq lieues du fleuve „ au-delà du riva®» que noms venions de quitter; et réellement fcoqs les pas conduisaient à l’Orange , et au- cxrn ja’ei* sofrtoit. Tant de CGntjadiçtions seiHbloi^eint faitespour me décourager. JaV* les n’eujrent d’autre efFet cjue de ro*irriter et de m. animer da-y au- T o m e 1 1 . Mm


27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above