: Je ne croyois point à ces inculpations ; et l’événement prouva qu’elles n’étoient nullement fondées. Mais je n’avois garde de perdre mon tems à les réfuter. Peu m’importoit de connoître les auteurs du crime j l’intéressant pour moi étoit de leur arracher leur vol, et je ne pouvois y parvenir qu’en suivant le conseil de Klaas. Mes ordres furent donnés en conséquence. Incertain du tems que dureroit l ’expédition, mais assuré qu’elle ne réussiroit qu’en y mettant beaucoup de célérité , je fis équipper un boeuf, sur lequel on Tint ma canonnière, mon manteau, quelques munitions de guerre , les kros des hommes que je destinois à me suivrë , et deux moutons qu’on écorcha. Mon détachement consistait dans le fidelle Klaas, quatre de nies plus braves chasseurs , dans le nombre desquels étoit Klaas Bas- ter , et huit Hottentots , armés d’arcs et de flèches. J ’avois armé Klaas de toutes pièces , ainsi que moi ; et ainsi que moi, il mon toit un cheval. Enfin , j ’emmenois une partie de ma meute, et surtout mon grand chien Jager. Bientôt nous eûmes traversé la rivière , et nous arrivâmes près des gardiens. Ma présence parut les confondre. Mais quand même j ’aurois eu le tems de les réprimander de leur négligence, la honte et la douleur qu’ils en ressentaient m’en eût ôté le courage. D’ailleu rs , il y avoit parmi eux des Kaminouquois, qui, m’ayant loué leurs boeufs pour le voyage , les perdoient par le vo l, comme je per- dois les miens. C e u x - c i, pour veiller par eux-mêmes à leurs intérêts, me demandèrent la permission de se mettre à notre suite. J ’y consentis ; et je renvoyai au camp les autres, avec ordre d’y conduire, comme ils pourroient, les trois boeufs recouvrés. Nous ne pouvions nous tromper sur notre route. Elle étoit tracée sur le sable par l ’empreinte qu’y avoient laissée nos animaux, et nous la suivîmes pendant six heures entières, en côtoyant et remontant l ’Orange. Enfin, elle parut s’éloigner de la rivière, et s’enfoncer dans tes terres , en formant un coude. La nuit -qui s’approchoit me détermina à ne pas aller plus avant et à m’arrêter sur le lieu. Je fis allumer des feux et prendre quelques précautions nécessaires pour éviter lës Surprises j'e t pendant ce tems je m’avanÇait'ûvec Klaa s, dans le dessein' de feéonno'ître la trace et de m’assurer de sa direction. Après une demi-heure de marche, nous nous apperçumes que le troupeau avoit été partagé eu deux parties; l’une qu’on avoit détournée droit: à l ’est j.- ’PuUtre „• beaucoup plus forte, qui continuoit de percer aü nord.. Celle-ci, étant la phrs considérable, nous convînmes dèla suivre r e t, pour la rejoindre plus promptement, de nous remettre en marche avant le jour. Ce plan arrêté , nous revînmes au lieu de halte e t , après une nuit fort tranquille , nous reparûmes ,, en effet, deux: heures avant le lever du soleil.. Quoique l'obscurité nOuSLdérobât la trace, je me flattais de ne? point m’en écarter, en me dirigeant au nord5 et d’ailleurs, s’il noua arrivoit de la perdre „ il nous étoit facile de la retrouver bientôt. Nous ne fûmes point dans Ce cas. Quand le jour parut, nous nous; y retrouvâmes très-exactement ; mais, après quatre grandes lieues ,, je m’apperçus qu’elle déclinoit visiblement sur la droite, comme pour- se réunir à la division du troupeau qui s’étoit écartée par l ’est. Le- Baster, qui,, pendant mon absence avoit parcouru ce canton , me dit: qu’il, s’y reconnoissoit, et qu’à peu de distance étoit une horde de: Kaminouquois chez laquelle il étoit allé faire des échanges. A la position qu’il parut nous indiquer de cette horde, je vis- qu’elle etoit situee entre les deux traces. Mes compagnons, plus, méfians, crurent qu’elles y àboutissoiënt toutes les'deux ; ët que-- par conséquent les voleurs étoient les Kaminouquois. Il m’en coûtoit de soupçonner une nation qui’, daUs tous les rapports que j ’àvois eus avec elle , dans tous les échanges qu’ elle étoit: venue faire à mon camp , s’étoit toujours montréé loyale et fidelle. D’un autre côté, me rendrè à son kraal, comme le proposoient mes gens, c’étoit m’eloigner de là trace,. et peut-être perdre un> tems très - précieux. Cependant, toute ma troupe ayant opiné unanimement à cette déviation, je cédai à l’avis général et nous-noua; rendîmes- en. droiture à la horde..
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