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de cet ennemi; et s’il les sent fort inégales, nécessairement le sentiment du péril qu’il court doit lui faire impression. Voilà du moins ce que j ’ai constamment éprouvé, et certes je me vante de n’être pas plus poltron qu’un autre. Oui , toutes les fois que je me suis trouvé en présence d’éléplians, de rhinocéros, de tigres, de lions, e tc ., j ’avoue que, malgré la confiance que an’inspiraient mes armes , loin de m’être jamais , au premier instant, trouvé entièrement dépouillé de crainte, je me suis, .au contraire, toujours senti une palpitar tion violente et quelque trouble voisin de la peur. Mais cet instant est court, et ne m’empêcha jamais d’attaquer, bien certain de la supériorité que me donnoient et ma prudence et mes armes. Alors , écartant toute idée de danger, je marchois droit à l’ennemi quelque terrible qu’il fu t , et ne cherchois plus qu’à le tuer, à le blesser ou tout au moins à le faire fuir, si c’étoit une bête féroce. Attendre en embuscade un lion, le tirer lorsqu’il passe, c’est déjà une chose qui n’est point sans danger; mais attaquer de front une lionne entourrée de son mâle et de ses petits, l ’attaquer dans son fort impénétrable , c’est-là une audace qui dégénère en extravagance, quand d’avance on ne s’est pas procuré les secours en tout genre qui peuvent en assurer le succès. Encore ne sera-t-elle point pardonnable, si elle n’est pas commandée par une nécessité puissante. Les Sauvages savent, par expérience, combien sont périlleuses ces sortes d’entreprises; aussi ne les voit-on jamais aller s’établir dans un canton où ils soupçonnent des nouveaux-nés. Malheur à la horde qui en est voisine. Chaque huit presque elle verra ses troupeaux attaqués. C’est un tribut qu’il lui faudra payer ; elle tentera rarement même de s’en garantir, et attendra plutôt patiemment que la jeune famille, cessant d’être à la charge de ceux qui lui ont donné naissance , les quitte pour aller s’établir ailleurs. Sans la confiance extrême qu’avoit dans mes armes à feu la horde voisine du fourré , jamais elle n’eût osé me proposer nne pareille attaque. Moi-même , quoique .soutenu par tous mes chasseurs et par mon nombreux cortège, je n’aurois point hésité de m’y refuser, s i , en me demandant cette grâce comme un grand service, elle n’eût n’eût consenti à en partager toute entière les périls avec nous. Voilà le motif qui me détermina; et au reste je n’eus qu’à m’applaudir de mon expédition, puisque de quatre bêtës que nous avions à détruire , la plus redoutable fut tuée , que les trois autres prirent là fuite, et que , pour comble de bonheur, il n’y eut personne de blessé; è t ,c e qui me parut fort extraordinaire, pas même un seul des boeufs qui furent poussés dans le fort. Il est présumable que si nous avions tué le lion en premier, nous serions parvenus à détruire la famille entière ; mais si l ’un des lionceaux l’eut été avant la mère , il n’est pas douteux qu’il en eût coûté la vie à quelqu’un d’entre nous ; car la mort d’un des petits aurait infailliblement mis la mère en fureur; e t , bravant tous les dangers , elle se serait jetee sur la troupe. J ’avôis aussi expressément recommandé de ne pas tirer sur l e s petits avant d’avoir tué les vieux. Satisfait d’avoir délivré la horde d’un fléau, et n’ayant plus de motif de rester plus long-téms auprès d’e lle , je fixai mon départ pour le surlendemain. Cette déclaration jeta l ’alarme parmimës gens, ils venôient de retrouver Chez les Namaquoises ces moeurs faciles et complaisantes que précédemment ils avoient rencontrées quelquefois dans d’autres peuplades ; et ce motif leur faisoit désirer de séjourner dans celle-ci. En quittant les Houzouânas, ils avoient.de- mandé de retourner au camp de l’Orange par le plus court chemin, et maintenant 'ils demandoîènt à rëstef sans aucun prétexte. Mais de pareilles requêtes étoient peu propres à me toucher. Je n’etois pas homme à changer mon p lan , pour satisfaire aux plaisirs de gens dont j’kvois tant à me plaindre ; et en conséquence, je déclarai que je ne changerais pas de résolution. Pour me rendre sur l ’Orange , j ’avois à choisir entre deux routes différentes. L ’une consistait à traverser à l’ouest, de gagner la m er, et de la suivre jusqu’à l’embouchure de l ’Orange; d e là , en côtoyant ses bords, de remonter jusqu’à be que je retrouvasse mon camp de la giraffe. Par l ’autre , je n’avois qu’à suivre la direction ¿Les montagnes; et comme elles couraient sud, et qu’elles me tra- Tome IL 1 1


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