ger à sortir , je fis faire plusieurs décharges de pistolets. Bientôt les boeufs, sentant leurs ennemis à l ’odorat,. reculèrent d effroi, et se rejettèrent vers nous ; mais repoussés par nos clameurs , par l ’aboiement des chiens et le bruit de nos armes, obligés de se reporter dans le fort, ils entrèrent en fureur, se heurtèrent les uns les autres, et se mirent à mugir d’une manière épouvantable. De leur côté, les lions s’animèrent à l’aspect du danger. Leur rage s’exhaloit en rugisseinens horribles. On les entendoit successivement à tous les endroits du fourré, sans qu’ils osassent se montrer nulle part à découvert ni percer vers nous. L e choc de deux, armées n’est pas plus bruyant que l’étoient leurs, voix menaçantes , confondues avec les cris animés des hommes et des chiens , èt le beuglement furieux des boeufs. Cet affreux concert dura une partie de la matinée et déjà je commençois à désespérer du succèa de notre entreprise quand tout à coup j ’entendis , du côté opposé au mien, des cris perçans , qui furent, aussitôt suivis d’un coup de fusil qui me fit tressaillir. Mais à ce coup succédèrent, au même instant, des cris de joie , qu i, répétés par le cercle et passant de bouche en bouche jusqu’à moi, m’annoncèrent une victoire. Je courus sur le lieu , et je trouvai la lionne expirante. Elle étoit enfin sortie du fort" et s’étoit élancée avec fureur sur ma troupe. Mais Klaas ,. qui oc- cupoit ce poste , l ’avoit tirée et percée de part en part. Ses mam- melles, quoique sans la it , étoient gonflées et traînantes : ce qui an- nonçoit qu’elle avoit des petits encore jeunes, et que je ne m’é- tois pas trompé dans ma conjecture. L ’idée me vint d’employer son corps à les attirer hors du fourré. Dans ce dessein je la fis traîner et placer à une certaine distances ne doutant pas qu’ils ne vinssent à la piste se rapprocher d’elle , et que le mâle peut-être ne les su iv it, ou pour la venger, ou pour les défendre. Dans ce dessein je rapprochai de mon nouveau poste quelques- uns des chasseurs qui étoient à ceux de la droite et de la gauche , et nous nous retirâmes à trente pas du cadavre ; prêts à tirer sur les animaux, s’ils avançoient. Mais ma ruse fut inutile, et nous passâmes vainement plusieurs heures à attendre. A la vérité , les lionceaux, inquiet? de ne plus voir leur mère , couraient de tout côté dans le fort, en grondant. Le maie lui- même, séparé d’elle, redoubloit de rugissemens et de rage. Nous le vîmes un instant paraître sur la lisière des broussailles, l’oeil en fe u , la crinière hérissée et se battant fortement les flancs avec sa queue. Mais il étoit malheureusement hors de la portée de ma carabine ; un de mes tireurs, posté plus avantageusement, le manqua. A ce coup de maladresse il disparut ; e t , soit qu’il craignit d attaquer une troupe aussi nombreuse que la notre, soit qu il ne voulut point abandonner ses petits , ou qu’il eût été légèrement blessé, il ne se montra plus. Quoique les animaux de cette espeçe, quand ils ont des petits, soient, comme je l ’ai dit, plus féroces et plus intrépides que dans tout autre tems de l ’année , cependant les maies , dans cette circonstance, ne le sont jamais autant que les femelles ; et cette vérité est connue des Sauvages. Après avoir attendu inutilement et désespérant du succès de mon. Stratagème, je pris le parti de revenir a mon premier plan d attaque. En conséquence je renvoyai tout le monde à son poste, et nous essayâmes de nouveau do faire foncer les boeufs dans le fourre, afin d’en déloger la famille. Mais ils étoient trop effarouchés. Tous se refusèrent à la manoeuvre, et je me vis obligé d’y renoncer ; quoique mes chiens, animés par le sang de la lionne qu ils avoienj flaire , donnassent avec beaucoup d’ardeur et montrassent un grand acharnement. Nous avions employé à notre chasse une partie de la journée. L e soleil baissoit, et elle alloit devenir plus périlleuse. J e crus donc prudent de songer à la retraite et de remettre au lendemain notre dernière victoire. Les Sauvages transportèrent au kraal la lionne, dont ils youloient se régaler. Moi, qui désirais sa robe, j’ordonnai auparavant de la déshabiller. Elle avoit quatre pieds quatre pouces six lignes de hauteur, à 'l ’avant-train; et dix pieds huit pouces de lo n g , depuis l ’extrémité dp museau jusqu’à celle de la queue. Lorsque l ’animal fut écorché, Klaas endossa naturellement sa peau.
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