eux. Ceux qui existoient encore, s’en trouvòient tous attaqués, aiiisi que leurs troupeaux. Couverts d’ulcères dé la tête aux pieds, ils étoient gissans dans leurs huttes , où ils eXhàloiènt une odeur cadavéreuse et insupportable. Cette peste , disoient-ils, avoit pris naissance dans les contrées de- l ’ouést. Èlle s’y étoit répandue avec des ravages affreux ; et c’est-là qu’eux-mêmes l’avoient gagnée. Il y avoit peu de jours que ceux de la horde qui se crôyûiènt en santé, s’étoient retirés vërsle sud, pour échapper à l’épidémie. Mais ils en portoient le germe avec eux 5 et probablement, ajoutoient les malades, elle se sera développée dans, leur route. Cette fuite , au reste, pour le dire en passant, donUe l ’explication aè ces assertions absurdes qu’on trouve dans certains voyageurs mal instruits. A les entendre, les nations sauvages, dans leurs émigrations et leurs marches , abandonnent ceux des vieillards, et des infirmes qui ne sont pas en état de les suivre. C’est-là une calomnie ; et cette calomnie est fondée sur une erreur que le fait, qu’on vient de lire peut servir à rectifier. Le spectacle horrible que nous avions sous les yeux jeta l ’épouvante dans ma. caravane , et sur-tout parmi mes,"Grands Nàma- quois, qui, plus susceptibles de terreur, parce qu’ils étoient les plufe: lâches et les plus pusillanimes de la troupe * avoient d’ailleurs quel- que expérience sur cette peste qu’ils avoient vue répandue Sur leur nation, et dont, par conséquent, ils connoissoientles effets. Ils me déclarèrent que si je ne changeois point de Voûte, ils se sépareraient de moi, le lendemain ; que la crainte d’être attaqués par les Boschjesman n’etoit rien pour eux en comparaison d’une mòri, affreuse , qu’ils regardpient comme inévitable, et qu’après tout il leur seroit possible d’échapper aux Boschjésman , en ne marchant que la nuit. Pour cette fois , leurs terreurs me parurent fondées. Moi - même je les partageois; ét assurément je n’avois pas plus d’pnvie qu’eilx de .m’exposer à une maladie q u i, en trois jours, pouvoit nous enlever tous- J'annonçai donc que le lendemain , au lever du soleff, nous décamperions, et en attendant, je pris quelques sûretés de précaution, qui me parurent nécessaires ; telles que celle de nous placer au- dessus du vent, de nous entourer de feux pendant la nu it, et sur-tout de faire garder nos bêtes , pour empêcher qu’elles ne s’approchassent de celles de la horde et ne contractassent la maladie.. Le lendemain effectivement, après avoir envoyé du tabac aux malades, avec ordre de le déposer à quelque distan.ce=des huttes et avec défense expresse de rien accepter d’eu x , je donnai le signal du départ ; et nous nous éloignâmes avec la résolution de traverser droit dans l’e s t, afin d’échapper à la contagion qui régnoit sur le côt& où nous nous trouvions» Nous regrettions beaucoup d’avoir quitté, deux j ours auparavant, la-chaîne des montagnes de l’e s t, qu’il s’agissoit maintenant de rejoindre , non sans faire un très-grand chemin et essuyer de nouvelles- fatigues en pure perte. Mais heureusement que notre bonne fortune nous envoya une pluie assez abondante , qui rafraichit et soulage» nos boeufs. Néanmoins , comme, indépendamment de leur charge , ils avoient mes gens à porter , et qu’ils firent treize lieues, sans s’être arrêtés plus d’une heure ou deux, ils arrivèrent très-fatigués. Je fus même- obligé d’en abandonner, en route, deux, qui heureusement, rafraîchis par la pluie et le repos, revinrent au camp dans la nuit. De toute ma troupe ,; il n’y avoit que les Houzouânas qui montrassent encore quelque courage et quelque force. Tous les autres, peu- accoutumés à de grandes fatigues et peu propres^ les supporter , étoient excédés.Ils ne se traînoient plus qu’avec peine,.et sefâisoient porter alternativement par les boeufs. Les Grands Namaquois, les yeux caves et l’air abattu , n’avoient plus la force de parler ; mais , quoiqu’ils ne parlassent point, leur silence même m’annonçoit, à chaque instant, qu’ils regrettaient bien de s’être engagés a me suivre. Enfin, qui eût vu ma caravane, l'aurait prise pour un hôpital.ambulant. • , , Les animaux eux-mêmes , exténués par de longjeunes et par des
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