la distance qui étoit entredès deux chaînes , je la jugeai d’environ vingt-quatre lieues. Mais ce qui m’inqüiéta davantage y c’est que- la plaine-^ dans toute cette étendue , ne présentait que dès sables arides, et que je n'y vis pas un seul arbrtejet peu de verdure. Avec nos provisions et nos outres, nous pouvions, nous autres, fournir-à cette pénible traversée ; mais il laüoit que nos bêtes la fissent sans boiré. Eii Europe, des bestiaux , condamnés au- jeûne pendant deux jours, ; sùus un1 soleil dévorant, et avec une marche cle vingt-quatre lieues à travers un désert horrible, périroient tous infailliblement. I.c-s nôtres, habitués à de longues et fréquentes fatigues-, étoient en état de supporter celle-ci. Néanmoins, pour lé» y-‘ préparer par quelqûe repos ,v je restai deux jours au lieu de nfoii.câmpement ; et j ’employai-ce tems à des chasses , dans lesquel- lesnous tuâmes plusieurs gazelles-coudoux et un éléphant femelle , qui nous fournirent d’abondantes provisions. Au jour fixé , nous partîmes de grand matin , et ne fîmes halte- qu’à neuf heures.du soir. Nos boeufs, comme je m’y étois attendu, n’avoîeiit trouvé dans la route point d’eau et peu d’herbe ; et après.- une journée aussi .pénible, il- leur fallut encore passer la nuit à jeun. Quant à nous , les Houzouânas avoient- eu la-sage précaution de remplir toutes mes outres de l’eau des roches. Mais on peut s’imaginer ce qu’était une boisson , battue pendant tout un jou r, chaude comme de la lessive , et qu i, ayant contracté l’odeur et le goût des peaux dans lesquelles elle.étoit renfermée, sembloit plus propre à faire vomir qu’à rafrachir et à désaltérer. Heureusément j’avois conservé quelques cruchons de vin et de- bierrequi, s’étant aigris par la chaleur et le balottement, étoient devenus un vinaigre assez bon au milieu d’un désert., J ’en versoie quelques cuèillerées dans les mauvaises eaux que ; souvent nous avions à boife ÿ-et-cette acidité , en corrigeant leur saveur désagréable, les rendoit plus saines. Pendant la n u it,1 nous apperçûmes dès feux dans le-sud-ouest. Ils annonçoient quelqu’une de ces hordes dont m’avoient parlé les Houzouânas; et le lendemain, au- moment du départ, je donnai ordre qu’on-marchât vers eux. Cette journée ne pouvoit manquer d’être trèsrfatigante pour des animaux q u i, depuis vingt-quatre heures , -n’avoient pas bu ; mais elle le fut pour moi plus qu’elle ne de,voit l’être encore, parce que m’étant séparé de la caravane pour chassefr, avec Klaas , quelques zèbres isabélles que nous avions apperçus dans la plaine , nous nous égarâmes pendant ce tems , et nous-fîmes bien du chemin inutile jusqu’à ce que nous Pussions retrouvée. o . D’après la règle que .je m’étois faite , toutes les fois que je nie rendois à une horde , d’envoyer quelques personnes èn avant, afin de la prévenir de mon arrivée et do me concilier son amitié, je devois suivre, pour celle-ci, le même usage. Il étoit de même dans les,convenances que je choisisse pour députés quelques-uns de ees Houzouânas, qui s’étoient vantés d’être les alliés et les amis des hordes de ce canton. Je jugeois, puisqu’ils se disoient en paix, que cet état ne leur étoit pas habituel, et que par conséquent il devoit tout au moins régner beaucoup de réserve entre eux et leurs voisins. Ce fut pour cette raison-là même que je ne voulus point d’eux- Tant d’intimite m’e- toit suspecte ; non que je crusse les Houzouânas capables d’une noirceur et d’une trahison ; mais je craignois que la horde ne se prévint contre moi, en me voy ant dans une pareille compagnie, et annoncé à elle par des gens qui certes étoient plus craints qu’aimes. Envoyer quelques-uns des miens n’étoit point pratiquable. Seuls , ils n’eussent pu remplir leur mission, faute d’interprètes. Accompagnés d’Houzouânas, l ’inconvénient d’une prévention défavorable subsistoit toujours. Daiis cette incertitude, il ne me restoit qu’un parti à prendre ; celui de renoncer à. me faire précéder, .et c est ce que je fis aussi. Nous arrivâmes , vers les neuf heures du soir , à la vue de la horde; et aussitôt, sans autre préliminaire, j ’établis mon camp à deux cents pas d’elle. Une arrivée aussi brusque ne pouvoit manquer d’y jeter l ’alarme, et peut-être de la disperser à l’instant. Mais quel que pût etre leur effroi, un grand malheur les mettait hors.d’état de fuir : c etèit une maladie pestilentielle, qui déjà avoit fait périr beaucoup d’entre- E e a
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