percevoir; car aucun d’euxne revint. Leur absence ne nous empêcha point de partir le sixième jour. On laissa néanmoins les huttes dressées ; e t , afin d annoncer le départ, quatre hommes restèrent au k ra a l, avec ordre d’ail uiner d’autres feu x, et de revenir nous rejoindre , pendant la nuit, dès qu’ils seroient allumés. Tout cet arrangement déplaisoit fort à mes trembleurs. Ils crai- -gnoient que les guides ne nous fissent tomber dans quelque embuscade ou ils seroient tous massacrés. Ils craignoient que les quatre hommes de garde 11 avertissent, par leurs signaux, quelques-unes de leurs bandes,.et ne vinssent avec elles les égorger pendant le sommeil. Enfin , il n étoit point de danger que leur imagination effrayée ne redoutât; et leur poltronerie étoit si grande qu’ils n’osoient jamais s éloigner seul du camp, même pendant le jour; aussi ne pourvois je obtenir que mes chasseurs allassent à la chasse sans moi. Nous dirigeâmes notre marche, à travers les montagnes, droit au sud-ouest, et ne fîmes balte qu’à dix heures du soir, dans un lieu Où les cavités desbroches nous fournirent d’assez bonne eau. Vers minuit, nos quatre hommes de la borde arrivèrent; et si leur présence me fit plaisir par l ’exactitude scrupuleuse et le zèle actif qu’elle annonçoit dans cette nation, elle ne fut pas moins agréable à mes trembleurs , qu’elle tranquillisa un peu sur leurs soupçons. Cependant ceux-ci, quoique voyant devant eux leurs ennemis prétendus, étoient si flappes, qu’ils uppréhendoient encore quelque trahison nocturne. Aussi n’eus-je pas besoin de leur recommander la vigilance. Pas un seul d’entre eux ne dormit; et ils passèrent la nuit à promener les yeux autour d’eux , palpitant au moindre bruit, et observant avec effroi les moindres mouvemens des Houzouânas, qu i, pendant ce tems, reposoient tranquillement. Quand le jour parut et qu’il me permit de voir les objets autour de moi, je m’apperçus , avec chagrin, que la terre étoit absolument aride ; qu elle n avoit pas une seule touffe d’herbe ; et que par conséquent mes bêtes avôient toutes passé la nuit sans manger. Je fis part de mon inquiétude aux Houzouânas, et leur demandai combien de jours il nous falloit pour nous rendre droit à la mer, et si nous trouverions des pâturages et de l’eaii en abondance sur notre route. Leur réponse me consterna. Ils me dirent que si la sécheresse avoit été générale, ainsi qu’on l’assuroit, nous ne devions nous attendre , en avançant de ce côté-là, qu’à trouver par-tout, sur notre passage, un terrain aussi nu et probablement sans eau douce. D après une pareille annonce, il ne m’étoitpas possible d’aller plus loin. Outre que c eût ete m'exposer à perdre tous mes animaux et à laisser dans le desert la plupart de mes effets, je ne pouvois oublier que chaque jour j ’avois à nourrir, indépendamment de ma troupe, environ quarante bouches nouvelles, et qu’une pareille fourniture exigeoit beaucoup de gros gibier. Or, sur une terre sans pâturage et sans eau, quel espoir de trouver du gibier, quand l’époque de son passage, est finie f Ce n’étoit plus comme dans le fertile pays des Caffres, où cette caravane, si intéressante deHotten- tots que je promenois a ma suite, et qu i, abondamment pourvue de toutes choses, ajoutait au bonheur de ma situation les distractions les plus douces et les amusemens les plus variés. Ici la misère et la fatigue étoient mes compagnes assidues , e t , tout dépourvu que je fusse des inquiétudes et des terreurs qui s’étoient emparées de tout mon monde, il s’en falloit de beaucoup que je visse du même oeil qu autrefois ces nouveaux Sauvages , associés à mes courses et s’of- frant de partager mes fatigues. Ma seule ressource dans les circonstances où je me trouvois, étoit de passer par un canton moins sec ; et c’est sur quoi j ’interrogeai mes Houzouânas. Ils m’assurèrent qu’en suivant la chaîne des montagnes , nous ne manquerions ni d’eau ni de fourages. Il h y avoit plus à hésiter. Je donnai ordre pour qu’on fit un quart de conversion ; et nous nous dirigeâmes en côtoyant les montagnes qui nous bornoient à l’est. Mais le Chemin què nous avions à traverser étoit si rocailleux et si entrecoupé de ravins, qu’un trajet de six lieues employa notre journée entière, et que, malgré les ardeurs insupportables d’un soleil brûlant, il fallut le iaire tout d’une traite, parce qu’il ne nous offrit ni eau ni abri. La route ne me présenta d’autre événement qu’un nid d’autruche
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