nèrent leur proie, et retournèrent sur. leurs pas avec beaucoup de précipitation ; mais voyant leurs camarades dans un état de sécurité qui annonçoit une bonne intelligence avec ma troupe , ils se rapprochèrent:, e t, en moins d’une heure, se montrèrent aussi familiers qu’eux. J ’avois dessein de faire , de mon côté, une course au nord-nord- ouest, pour découvrir, soit des oiseaux rares , soit quelques bordes nouvelles. Je fis part de mon projet aux Houzouânas, qui s’offrirent de grand coeur à m'accompagner ; mais ils m’avouèrent que , n’ayant jamais pénétré, fort avant de ce côté-là, ils ne pouvoient me donner aucun renseignement. Comme j ’ignorois le tems qu’exigeroit mon excursion et les difficultés qu’elle me présenteroit, je crus devoir m’associer aussi une partie de mes gens. Le voyage fut très-fatigant, et ne nous procura pas la moindre découverte. Au retour , lès Houzouânas m’en proposèrent un autre , du côté opposé. Pour celui-ci, j ’aurois à traverser les montagnes pendant trois jours entiers j après quoi je trouverois des nations avec lesquelles ils étoient en p a ix , et qu’ils me dirent être de race ka- bobiquoise. Mais il falloît me résoudre à faire cette traversée en laissant au camp mes boeufs et mes chevaux, parce qu’elle étoit impraticable pour eux. Une pareille proposition, toute agréable qu’elle me paroissoit sous certains points de vu e , me rebutoit fort sous d’autres. Heureusement ils me mirent à portée de leur en faire une autre qui me décida. J ’ai déjà remarqué que ce fut par un hasard heureux que je les rencontrai. Ils étoient en route alors pour se rendre sur les côtes de l ’ouest, et ne s'étalent arrêtés au bord du ruisseau qu’afin d’at- téndre quelques-unes de leurs bandes qui, s’étant détachées d’eu x , étoient allées chercher aventure dans le plat pays. Cette route de l’ouestne différoitpas beaucoup de celle que je me proposais de tenir. Mais en marchant de conserve avec eux , ou en les engageant à marcher avec moi, j ’acquérojs à la fois et des guides sûrs, et des défenseurs éprouvés. Sans.eux, il étoit possible que je rencontrasse queique détachement d’Houzouânas qu’il me faudroit combattre. Avec eux, dusse-je rencontrer la nation toute entiere, je n avois plus rien à craindre. Je n’hésitai donc pas, èc leur proposai quatre vaches à l a i t , s’ils vouloient me guider et m’escorter jusqu a la Riviere des Poissons. Des gens qui souvent exposoient leur vie pour un mouton , pouvoient-ils balancer, q u a n d il s’agissoit de quatre vaches ? Seulement ils me demandèrent quatre ou cinq jours pour rassembler tous leurs amis ; et j ’y consentis volontiers. Dès le soir , tous se répandirent dans la montagne, et ils grimpèrent sur les cîmes les plus hautes , afin d’y allumer des feux qui servissent de signaux aux bandes dispersées de leurs camarades, ou pour voir ceux que celles-ci allumeroient dans la plaine. Ils ne doutaient nullement que s’ ils réussissoient à faire appercevoir les leurs , toutes les différentes troupes ne revinssent au plutôt. Les feux de nuit sont une langue particulière, connue et pratiquée par la plupart des nations sauvages, niais aucune n’a porté cet art si loin què les Houzouânas, parce qu’ aucune n’a autant besoin de l’étendre et de le perfectionner. Faut-il annoncer une défaite ou une victoire, une arrivée ou un départ, une maraude heureuse ou un besoin de secours , en un mot une nouvelle quelconque ; ils savent en un instant notifier tout cela , soit par le nombre tle leurs feux, soit par la manière dont ils les disposent. Ils ont même l ’industrie de varier leurs signes de tems en tems , de peur que les nations ennemies, n’apprenant à les connoître , elles ne les emploient, à leur tour, par surprise et par trahison. ! J ’ignore en quoi consiste cette langue si habilement inventée. Je n’en ai point demandé l’alphabet, parce qu’à-coup-sûr onm e l’au- roit refusé. Tout ce que je puis dire, ce que trois feu x , allumés à vingt pas l’un de l’autre, de manière à former un triangle équilatéral , annoncent un ralliement. Au moins, pendant les cinq jours qui furent employés à-attendre et à rappeller les detachemens epars, on ne fit point d’autre signal. Apparemment que les maraudeurs étoient trpp éloignés pour l ’ap- D d a
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