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me fournir, puîsqu ils ne pbssédoient que quelques mauvaises vaches voMes. J e leur demandons s i , dans lé voisinage du k ra a l, Ss ne connoissoient point quelque bonne source à laquelle je pou vois envoyer ma troupe faire provision ; et à l'instant, sans me faire d’autre réponse , ils partirent, grimpèrent sur leurs montagnes , e t , en moins de deux heures, me rapportèrent tous mes outres et mes vases pleins d’une eau excellente. Pendant tout le tems de mon séjour sur le ruisseau, ils me rendirent le même service , et y mirent le même zèle et la même prestesse. Un de ces voyages eût coûté à mes Hottentots une journée entière. Lorsqu’ils sont en course, la disette d’eau ne les inquiète point, même au milieu des déserts. Par un art particulier, ils savent découvrir celle qui est cachée dans les entrailles de la terre ; et leur instinct sur cet objet, est supérieur encore à celui des autres Africains. Les animaux, en pareil cas, sentent l’eau ; mais ils ne la devinent que par l ’odorat ; il faut qu’un courant d’air leur en porte les émanations j et par conséquent il faut qu’ils soient au vent. Pendant mon séjour dans le désert à mon premier voyage, mes Sauvages m avoienf montré, plus d’une fois, la même faculté ; et moi-même , instruit par eu x , je Pavois acquise aussi, comme je l ’ai rapporté dans ma relation. L ’Houzouâna , plus habile , n’a besoin que de sa vue. Il se couche le ventre contre terre, regarde au loin , et si l’espace qu’il a parcouru de l’oeil recèle quelque source souterraine, il se relève et in-. dique du doigt le lieu où elle est. Il lui suffit§ pour la découvrir, de cette exhalaison éthérée et subtile que laisse évaporer au-dehors tout courant d’eau , quand il n’est pas enfoui à une trop grande profondeur. Quant aux lagunes et autres dépôts extérieurs, formés p'ar les pluies, ils ont une évaporation sensible, qui les lui décèle, même lorsqu’ils sont masqués par quelque butte ou colline. Si- ce sont des eaux courantes, telles que des ruisseaux ou des rivières , leurs vapeurs , plus abondantes encore, les lui dénotent si sensiblement qu’il- peut en indiquer le courant et tracer même jusqu’à leurs sinuosités. J ’ai tenté'd’étudier Part des Houzouânas pendant le tems que nous avons vécu ensemble. Je m’y suis exercé d’après leur exemple et leurs leçons, e t j’étois parvenu, comme e u x , à des indications sûres. Cependant mon talent n’avoit pas, à beaucoup près , la même latitude que le leur ; et soit foiblesse naturelle de mon organe , soit manque d’habitude, je ne discernois plus Peau, par-delà une distance de trois cents pas ; tandis qu’eux l’appereevoient et distinguoient très-sensiblement à des distances plus considérables. L ’Houzouâna n’a pour armes qu’un arc et des flèches. Ces flèches sont très-courtes, et se portent sur l’épaule dans un carquois d’environ dix-huit pouces de longueur sur quatre de diamètre, et qui, fait d’écorce d’aloès , est recouvert de la peau d’une sorte de gros lésard, que ces nomades trouvent dans toutes leurs rivières , et notamment sur les bords de l'Orange et de la Rivière des Poissons. Obligé de nourrir une troupe nombreuse et jaloux de faire participer la horde à l ’abondance de mon gibier , jallois journellement à la chasse; et toujours il y avoit un grand nombre d’Houzouânas qui m’accompagnoient. Si je chassois dans la montagne, je gravis- sois les rochers avec eux. Dans la plaine , je me servois â’-un de mes chevaux. Mais, soit qu’il leur fallût me suivre, soit qu’il fallût rabattre vers moi les zèbres et les gazelles, ils se montroient infatigables ; et toujours , à quelque pas forcé que je misse ma monture , je les voyois à mes côtés. Mes geus, prévenus contre cette nation, trembloient de me voir an milieu d’elle. Chaque coup de fusil qu’ils entendoient les faisoit frissonner. Ils s’imaginoient sans cesse qu’elle alloit m’assassiner pour venir les poignarder à leur tour et ils ne me voyoient jamais revenir au camp, sans témoigner leur joie et sans me regarder comme un homme échappé à la mort. Pour moi, qui journellement occupé à rendre des services, voyois, de leur côté, ces Sauvages empressés à me montrer du zèle., je riois de ces vaines -terreurs. Dans ma façon de voir , je ne devois Tien craindre de gens qui gagnoient tant à ma présence , et qui pur conséquent perdroient beaucoup par ma mort.


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