: Plus ce désert étoit désolant, plus il falloit s’empresser d’en sortir. Nous dirigeâmes notre marche vers un petit groupe de collines qu i, vu de loin, me parut ressembler à celui de la Baie-Falso, qu’on nomme Lèvre pendante , et qu’à raison de cette ressemblance j appellai de même. Je me flattois d’y trouver quelque cavité ou bassin qui contiendroit de l ’eau pour mes bestiaux ; et mon espérance me sembloit d’autant mieux fondée que je vis quatre hommes qui en descèndoient. Pour me faire entendre et remarquer d’eux, je tirai un coup de fusil. Mon dessein, si la roche n’avoit point d ë a u , étoit. de leur demander où je pourrois en trouver. Je ne doute pas qu’ils ne m’eussent apperçu, mais ils disparurent tout à coup, et vainement j ’allai, avec quelques-uns de mes gens, à leur recherche, inutilement nous les appellâmes par nos cris; nous ne pûmes ni les déterminer à se montrer, ni découvrir où ils s’étoient cachés. Ma situation, au milieu de ce désert aride, devenoit très-inquiétante. J e consultai Schoenmaker, qui, par, la connoissance particulière qu il avoit du pays , pouvoit seul me tirer d’embarras. Il m annonça qu il y avoit une fontaine à quatre lieues plus loin; mais qu il lui seroit difficile de la trouver, la plaine n’ayant ni bois ni autres objets pareils qui pussent lui servir de renseigne- mens ; je n’avois donc guère à compter que sur un hasard heureux. Cependant, en feuretant les. diyers monticules que nous allions rencontrer, il étoit possible que nous découvrissions le lieu où etoit la source, et c’est le parti que je proposai. En effet, après six heures d’une marche très-fatigante, j ’ap- perçus sur un tertre huit hommes qui paroissoient nous épier et observer notre arrivée. Nous marchâmes vers eux : à notre approche, ils ,senfnirent5 mais il y avoit là , dans un enfoncement, plusieurs huttes , et sans- doute c’etoient les' leurs. -Une habitation dans un pareil desert, dans un lieu qui n’offrüit aucun genre de pâturage , m’annonçokque ces :gens étoient des Boschjesman. Malgré leur nombre, nos armes nous mettant en état de ne rien craindre d eux, nous nous rendîmes aux huttes ; notre présence venait de E NT A F & I Q U Lmettre tout le monde en fuite. Nous n’y trouvâmes que quelques pièces de viandes sèches et un sac de sauterelles ; mais nous vîmes la source que nous cherchions avec tant d’empressement ; et quoiqu’elle ne fût pas abondante, elle suffit , quand nous l'eûmes élargie et creusée, à abreuver toute ma caravane. La grande fatigue qu’avoient souffert mes attelages, depuis deux jours et le besoin qu’ils avoient de repos m’obligeoiént de camper là. D’un autre côté, j ’avois à craindre qu’en y passant la nuit, les propriétaires des huttes ne profitassent de l ’obscurité pour venir m’attaquer et me surprendre. Je me mis en garde contre leurs insultes par un grand nombre de feux allumés et' par une .garde exacte, qui effectiment les empêchèrent d’approcher $ et le lendemain, au moment de mon départ, je f s faire une décharge générale de toute mon artillerie , afin de les avertir que si l’espoir du pillage les engageoit à me suivre dans ma route, j ’étois en état de me défendre et de ne rien craindre. Cependant, en leur annonçant que je ne redontois pas de les avoir pour enner mis , je me conduisis en ami avec eux. Je respectai les droits sacrés de l’hospitalité, dont je venois de jouir à la vérité par ma pleine- puissance ; mais en conquérant généreux, non seulement je défendis qu’on touchât à leurs petites provisions , je laissai encore dans l'a qjlus apparente des huttes, du tabac, plusieurs objets d-e quincaillerie et quelques morceaux du boeuf qui in’était mort dans les montagnes. $9 Vers les dix heures du matin , . nous fîmes halte au pied d’un groupe de roches granitiques, couvert d’aloès kooker-boom. Le lieu n’ayaut point d’eau , je m’attendois à m’y repaître d’idées tristes, et ne comptais guère y trouver un phénomène, dont l’aspect, nouveau pour moi, me causa unp joie très - vive t. c’était un nid monstrueux qui occupoit une grande partie d’un grand et fort aloès ; et q u i, composé d’une multitude de cellules, servoitde retraite à une quantité immense d’oiseaux de la même espèce. Déjà plusieurs fois Klaas Baster et Schoenmaker m’avoient parlé de ces constructions singulières ; et jusqu’à oe moment encore le hasard ne
27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above