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S i le retour du Hottentot rassura les Houzouânas, tout ce qu’il leur dît de moi, leur inspira la plus grande confiance. A peine fus-je établi qu’ils vinrent tous avec amitié me visiter. On eût dit qu’un sentiment de fraternité nous unissoit déjà depuis long-tems ; mais il n’en fut point ainsi de ma troupe. Ce nom d’Houzouana avoit frappé les esprits d’une telle terreur , les préventions contre ce peuple étoiènt si profondément enracinées, qu’on ne le yoyoit qu’avec horreur et avec effroi ; et jusqu’au moment où nous le quittâmes, il fut toujours vu des mêmes yeux. Telle avoit été , à mon premier voyage, l’épouvante qu’on avoit conçue des Caffres ; telle fut celle qu’au second, inspirèrent les Houzouânas ; et je n’espérois pas réussir à la guérir, plus que l ’autre. Le Sauvage, entouré d’ennemis et de dangers, doit être soupçonneux et défiant. Si, dans le nombre des ennemis qu’il peut craindre, il en est quelques-uns de vraiment redoutables, alors ce n’est plus de la défiance, c’est de la terreur qu’il éprouve. Leur nom seul le fera trembler ; et il croira sur eux les contes les plus invraisemblables, les fables les plus ridicules, et d’avance le voilà vaincu. Il suffit d’une première expédition brillante pour établir l ’empire d’une horde sur toutes les autres. Telle est la fortune des Houzouânas. Leur nom passe avec effroi par toutes les bouches. Leur renommée arrive, de contrée en contrée , jusqu’au Cap même , où l ’on débite sur leur compte les récits les plus absurdes. Leur vie nomade les accrédite encore ; l ’impossibilité de connoître leurs véritables forces les double aux yeux des autres Sauvages et on les croit nombreux parce qu’on les voit toujours agissans et qu’ils vous saisissent à l ’improviste. Leur horde , peu considérable en elle-même , l’étoit encore moins dans le moment, par l’absence d’une partie de ceux qui la com- posoient. Ils étoient allés à ce qu’ils appellent la provision ; et il ne restoit au kraal que vingt-sept hommes, sept femmes et quelques enfans. Ceux-ci attendoient le retour de leurs camarades pour quitter leur établissement, et se rendre , tous ensemble, par le sud- ouest, vers l'embouchure de l’Orange. Des hommes q u i, parleur genre de v ie , craignent sans cesse d’être attaqués, ou qui sont con


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