tête une crinière flottante ) ; ils partent comme des forcenés, et ne reviennent que quand ils ont enlevé quelques troupeaux. A leur retour, les femmes viennent au-devant d’eux; elles leur font des caresses et exaltent leur courage. Enfin, on ne songe plus qu’à se divertir et à faire bombance ; et l ’on oublie les maux passés , jusqu’à ce que de nouveaux besoins ramènent les mêmes scènes. , Tels étoient, en substance, les détails par lesquels mon guide cherchoit à justifier la conduite de ses camarades, conduite nécessi-' tée par le besoin, et que la qualité de Sauvage rend suffisamment légitimé. Avec des lo ix , une police, des moeurs , et les préjugés qu’elles nous donnent, c’est une chose monstrueuse que des hordes de brigands, même parmi des Sauvages , livrés sans cesse aux rapines, à la guerre, aux dangers qu’elle entraîne , pour échapper à la faim et trouver les moyens de l ’assouvir. Mais lequel est le plus véritablement sauvage de celui qui déjà cultive, élève des troupeaux, s’attache de préférence à une terre, connoît les échanges, un commencement de commerce , ou de celui qui compte simplement sur sa force, et attend le moment du besoin pour se procurer ce qui lui manque F Des lo ix , une police et des moeurs , sans doute valent beaucoup mieux; mais les maux que souvent elles entraînent , diminuent infiniment à mes yeux le malheur d’habiter un désert et de n’en connaître pas. Mon Hottentot, en arrivant au camp , causa, par sa présence , une sorte de stupeur. S’il fût tombé tout-à-coup des nues, il n’auroit point, je pense, produit plus d’étonnement. Bientôt on l’entourra, et chacun voulut savoir par quelles singulières aventures il se trou- voït si loin de son pays natal. On né lui laissa pas même de rélâche pendant la nuit. Les curieux ne le quittèrent point; et, après l ’avoir régalé, ils employèrent tout leur tems jusqu’au moment du départ, à le questionner et à l’entendre. Le lendemain, j ’a lla i, comme je Pavois annoncé, dresser ma tente sur le bord du ruisseau. Pendant la route, je retrouvai encore cette substance saline dont j’ai parlé ci-dessus; mais dans la montagne elle n’exîstoit plus, et je n’en vis aucun vestige.
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