je rencontrerais ¡.’établissement des Houzouânas , dont ils m’a voient parlé. Je m’orientai d’après ces instructions, et vers midi nous finies notre première halte sur les bords d’un lac de sel. Ce sel , cristallisé , offrait une lame qui le couvrait dans toute son étendue. Probablement elle avoit été formée à sa surface et le surnageoit ; mais l’orage des jours précédons y avoit porté tant de pluie, qu’elle se trouvoit , entre deux eaux. Mes gens étoient assis sur les bords du lac de s e l, et ils s'apprêtaient à dîner, lorsqu’ils apperçurent au lo in , dans la plaine, quatre hommes qui la traversoient. Cette vue les glaça d’effroi. Ils s’écrièrent que c’étoient des Houzouânas ; et quoiqu’ils fussent dix ou douze contre Un , ils craignoient déjà d’en être attaqués. En un instant , tout ce courage du matin s’évaiiouit; l ’appétit manqua subitement à tout le monde, et je, ne sais ce qu’auroit produit -l’al- larme générale , si Klaas n’étoit venu m’avertir au plus vîte de ce qui se passoit. Je pris ma lunette, pour examiner les quatre étrangers; et je vis des hommes qu i, par la taille , me paroissoient très-grands; tandis fine les Houzouânas , d’après le portrait qu’on m’en avoit fait, n’étoient guère que des pygmées, hauts, tout au p lus, de quatre pieds et demi. Je tirai quelques coups de carabine , afin de nous faire remarquer d’eux. En effet, ils nous apperçurent ; mais ce fut pour eux une raison de s’éloigner, et ils disparurent à l’instant. Parmi les inconvéniens de route sur lesquels m’avoient prévenu les Portë-sandales, il y en avoit un dont ils ne m’avoicnt point parlé ; c’étoit d’un terrain creux et boursoufflé, sur lequel nous étions obligés de marcher. Semblable à une pâte qui aurait été surprise par un feu trop âpre, il formoit une croûte séparée du sol, et qui eût p u , non seulement recéler' d’innombrables familles de petits animaux, mais leur permettre encore de faire, entre deux terres, plusieurs lieues en tout sens. La plupart de nos boeufs, et sur-tout ceux qui étoient pesamment chargés , y enfonçoient, à chaque pas, d’un demi pied, et ces chû- •tes continuelles les tourmentaient et les rendoient furieux. Nous- mêmes nous n’en étions pas exempts. Au moment où nous nous y attendionsle moins , le terrain tout-jâ-coup s’enfonçoit sous nos pipds ; et l’on conçoit tout ce qu’une pareille marche devoit nous donner de fatigues et d’impatience. A cet inconvénient s’en joignoit un autre , plus insupportable et plus désespérant encore ; celui de c^tte crisfqïlisation saline qui, répandue par tout et frappée par un soleil ardent, nous brùloit d une réverbération enflammée, en même tems qu’elle : nous éblpuissoit par le reflet des rayons. L a poussière légère qui la couvrait, et qui en faisoit partie , s’éievoit autour de nous.au moindre coup de vent. Nous-mêmes d’ailleurs, pa rles mouvement, indispensablesde notre marche, nous en excitions des nuages épais > qui , p ous montant au visage,, venoient remplir et picqtjer nps yeux. Obligés de la respirer , nous en avions les narines ulcérées. C’étoient des cuissons intolérables. ¡Nos lèvres en étoient même tellement attaquées, qu au moindre mouvement pour parler elles snignoient; et qu. une phrase a prononcer devenoitpour nous une souffrance. Je m’apprêtais à reprendre ma route après le dmer, çfifl. d échappçr à. ce fléau. Un orage qui suryint suspendit ma marche et nous obligea de passer la nuit près du lac. Ce con tre ra s néanmoins ne fut pas perdu Pour mes gens- Nécessite d ’industrie est la mère , a dit un poëte françois-, Dans la marche du matin, ils avoient extrêmement souffert de la chaleur du soleil. Pour s’en garantir pendant le reste du voyage, ils prirent tout ce qu ils avoient de peaux sèches de moutons et de gazelles, et s en firent des chapeaux plats , qu i, étani'rabattus.su.r les, oreilles et noues avec des courroies sous leur menton, les faisoient ressembler, d une manière ridicule, aux Alsaciennes des environs de Strasbourg, lorsqu’elles vont dans les champs sarcler leur tabac et leurs légumes. Les douleurs vives que j ’éprouvois aux yeux et au gosier, la crainte d’en éprouver de plus dangereuses encore, me firent prendre, de mon côté, quelques précautions. Ce n’était pas pour m’abriter la tête du soleil, comme e u x ; m o n chapeau rabattu et. fort A a a
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