Au milieu de ces perplexités et de ces déterminations vagues que venoit de me causer l ’incertitude des moyens d’exécution, je pris le parti de consulter mon fidèle Klaas. Dans les circonstances embarrassantes , ce brave homme étoit mon conseil ; et toujours j a- vois trouvé en lui autant de bon sens que de zèle et de courage. Je lui communiquai mes réflexions, mes projets nouveaux et les difficultés ainsi que les espérances que j ’y entrevoyois. I l m’écouta très-attentivement ; puis me frappant dans la main, me dit qu’il étoit de mon avis sur mes dispositions nouvelles, et principalement sur mon dessein de ne plus voyager qu’avec des boeufs de charge. « Pour oe qui regarde, ajouta-t-il, l ’envie que « vous avez d’aller chez les Houzouânas , je n’ai pas besoin de vous « dire que je suis prêt à partir dès l ’instant ; vous savez que parte tout où il vous plaira d’aller, Klaas vous suivra toujours fidelle- « ment et avec plaisir ; mais s’il vous fau t, avec moi, quelques perte sonnes de bonne volonté, je réponds de cinq de mes camarades, te sur lesquels vous pouvez compter, comme sur moi, jusqu a la «c mort. » ' Cette protestation de dévouement dans un homme d’un zèle éprouvé^ l’assurance qu’il me donnoit de quelques compagnons braves et déterminés ; tout cela me causa tant de joie et m’exalta tellement la tête, que, dans un premier mouvement, je fus tente de congédier tout ce qui m’étoit inutile jj et de partir sans délai à l ’instant même. Mais un retour de réflexion m’arrêta. Je vis qu’un demi jour me seroit avantageux pour disposer mes préparatifs ; en conséquence, je différai mon départ jusqu’au lendemain matin, et donnant ordre aux cinq hommes que m’avoit désignés Klaas, de se tenir prêts à partir de bonne heure, je déclarai aux autres que je les laissois maîtres de leur conduite, mais que cependant j admet- trois avec moi ceux qui auroient le courage de me suivre. Mon plan nouveau étoit d’aller chez les Houzouânas et de revenir au camp de l ’Orange, non par la route que j ’avois suivie, mais par une autre quelconque, qui me donnerait lieu de connoître dè nouvelles peuplades. Arrivé au camp, je me proposois de reprendre dre ines équipages , et d’aller , toujours par un chemin différent, les déposer au Cap, afin de recommencer, à des époques mieux choisies, et uniquement avec des boeufs de charge, un troisième voyage, dont je me promettais plus de succès que du second, et que je devois diriger par les contrées à l ’est des montagnes du Carnis. Pour celui-ci, je prévoyois avoir besoin des Houzouânas ; et c’est dans ce, dessein que je voulojs les éprouver et m’assurer d’eux. Au reste , ma nouvelle mânière de voyager, plus lestent plus commode, ainsi que moins dispendieuse, me garantissait encore des ressources plus abondantes et des facilités de découvertes , dont l’espoir enchantoit déjà mon imagination. Au point du jour , ma caravane entière se trouva prête à partir. Pendant la nuit, les Grands Namaquois avoit tenu conseil entre 'eux; -et ils s’étoienî, comme je l’avois prévu, décidés à me suivre , non par courage ou par zèle , mais par pure poltronerie, et dans la crainte d’être attaqués des Boschjesman, s’ils rctournoient chez eux sans escorte. Mes Hottentots, qui se croyoient bien supérieurs aux Grands Namaquois, et qui eussent rougi de se montrer moins -braves, se piquèrent d’affecter plus d’ardeur encore ; et leur, exemple entraîna le reste de la troupe. Koraquois , Kaminouquois, Petits Namaquois, gens de la horde du Baster, tous disputèrent d’empressement, C’étoit à qui témoigneroit une plus grande impatience du départ. Ces Porte- sandales , dont les récits avoient d’abord inspiré tant de frayeur, n’étoient plus à présent qu’un objet de risée. On plaisantait sur eux , et l ’on disoit hautement que s’ils avoient refusé de m’accompagner, c’est parce qu’ils craignoient de mouiller ou de gâter leur chaus ■ sure. —s. Avant de songer au départ, j ’avois eu soin de leur demander le peu de -renseignemens qu’ils étoient en état de me donner sur la -route qu-il me -falloit tenir. 31s m’avoient dit qu’après un ou deux jours de marche vers le nord, je trouverais une vaste plaine , terminée à l ’ouest par jute chaîne de montagnes ; que. je devois traverser laqflaine ; et que c’était dans les roches de.s montagnes que Tome I I . A a
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