sous le nom de rolier du Sénégal; l’ autre, le guêpier,'couleur de rose, appelé guêpier de Nubie. En ajoutant à leur dénomination celle du pays où elles se trouvent, les naturalistes n’ont pas voulu, sans doute, donner à croire qu’elles n’existoient que là. Mais c’est-lâ probablement qu’elles ont été découvertes pour la première fo is , e t , comme beaucoup d’autres , qui portent aussi des noms de contrées , elles peuvent se rencontrer ailleurs. Les buffles étoient si communs dans le canton, qu’ils venoient tranquillement paître à peu de distance de mon camp. Néanmoins , dès que nous cherchions à les approcher , ils fuyoient et rentroient dans le bois. Cet animal, méfiant et hagard , ne sait que s’éloigner du danger. Ce n’est que quand il est attaqué et obligé de se défendre , qu’il semble sentir et c connoître les forces immenses dont l’a gratifié la nature. - Quant aux giraffes, il n’en existe pas plus dans ce canton que dans ceux que je venois de quitter. Cependant il y avoit quelques vieillards qui disoient en avoir vu dans leur jeunesse ; et à la description qu’ils en faisoient, le fait me paroissoit certain. Mais j ignore pourquoi aujourd hui il en est autrement; et j ’en conclus que s’il est des animaux qui occupent une grande latitude de pays, il y en a d’autres qui ne peuvent vivre que dans une zone fort étroite. Ce qui occupoit principalement ma horde kabobiquoise , c’étoit la crainte des Houzouânas. Du matin au soir , je n’entendois prononcer que le nom de Houzouâna. Si l ’on chargeoit mes truchemens de me dire quelque chose, c’étoit sur les hostilités, les brigandages et les vols des Houzouânas. Cette nation active , plus redoutée encore que redoutable, avoit un établissement à une vingtaine de lieues environ, vers le nord* et elle occupoit la chaîne des montagnes qui du nord s’étendent à l’est. Le sol ingrat sur lequel elle étoit répandue l ’empêchant de former des peuplades nombreuses et régulières, elle se divisoit en pelotons, plus ou moins considérables selon les circonstances et les lieux. Mais la même cause la réduisant souvent à une grande disette de vivres , elle fait des incursions sur ses voisins et pille leurs troupeaux. Ces brigands , vivant de rapines , sont tellement craints à la ronde pour leur valeur, qu’une poignée d’entre eux va faire fuir toute une horde entière de deux cents hommes armés complettement; et si, quand ils se retirent avec leur butin , on cherche à suivre leurs traces, c’est plus pour s’assurer de leur retraite que pour les combattre. La horde kabobiquoise elle-même, quoique d’une nation plus brave que toutes les autres peuplades d’alentour, n’etoit pas plus aguerrie contre eux. Elevée dès l ’enfance a les redouter , elle croyoit. la résistance inutile, et ne prenoit aucune précaution pour prévenir et repousser les attaques. Cependant, elle venoit tout récemment de conclure, avec la division la plus voisine , un traité de paix ; et dans le dessein de s’assurer quelque tranquillité , elle s’étoit engagée à lui payer , annuellement , un tribut d’un certain nombre de pièces de bétail. Ceci ressemble à un commencement de civilisation ; mais ces lâches et honteuses conditions avoient été presque aussitôt violées que conclues. Les Houzouânas des divisions plus éloignées, prétendoient n’y être entrés pour rien , et en conséquence ils continuoient leurs hostilités et leurs brigandages. On accusoit même celle qui avoit accepté la pa ix , de se prêter à leurs incursions , de les avertir des momens favorables , et de partager avec eux le fruit de leur pillage. Ainsi, font démontre ce qu’est l ’homme dans l’état d’isolement, ce qu’il doit nécessairement devenir quand il commence à se grouper , ou qu’il sent près de lui d’autres hommes. Depuis que le chef avoit'vu l ’effet de mes fusils , et senti combien de pareilles armes me rèndoient supérieur à ses ennemis, il avoit cherché à m’animer contre eux et à m’intéresser dans sa querelle. Jaloux de connoître et de visiter cette nation , souvent je l ’inter- roeeois sur elle et lui demandois des éclaircissemens. Mais il ré- pbndoit à mes questions par des conseils ou par des plaintes, dont l’intention visible étoit de m’irriter contre elle. D’un autre côté , il craignoit que quand j e serois éloigné , les Houzouânas ne vinssent se venger sur sa horde , de m’avoir enseigné
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