Page 102

27f 82-2

tenir comme celle des pics ; anssi ne grimpe-t-il pas, mais se soutient seulement en s’accrochant sur les troncs ' des arbres , où il cherche sa nourriture. Il a le bec courbe et gros ; c’est enfin, une de ces espèces qui nous démontrent sans cêsse l ’insuffisance de nos méthodes. Je n’oublierai pas cette belle espèce dans mes descriptions. La crue du torrent n’avoit duré que Vingt-quatre heures, et dès le second jour j ’eusse pu le traverser à sec. Déjà nous n’étions plus qu’à trois lieues de la horde. Mais ce jour même , quelques-uns des Sauvages qui la composoient, apperçurent de loin mon camp , et s’en approchèrent pour le reconnoître. Bientôt ils distinguèrent mes guides kabobiquois, leurs voisins et leurs amis; et alors ils vinrent me faire visite. Je me conciliai leur amitié par quelques presens , et leur donnai, pour leur chef, une ration de tabac ; en les chargeant de lui dire que mou dessein étoit de le visiter, et que le lendemain je serois dans son kraal avec toute ma troupe. Cependant, nous ne pûmes partir que l ’après- diner, parce que les boeufs que j ’avois achetés dans la dernière horde y etoient retournes pendant la nu it, et qu’il fallut courir après eux pour les ramener. Le chef, accompagne de toute sa troupe, m’attendoit, aux deux tiers de la route , sur les bords d’un ruisseau. Quand je parus , j excitai chez elle le meme empressement , 1 a même surprise, la meme curiosité que dans la horde précédente. Je ne dirai rien sur celle-ci. Elle étoit composée également de Kabobiquois*; et par conséquent, moeurs, usages , armes , caractère, tout y étoit semblable. La seule différence que j ’y vis ,.c’est que, dans la première, il n’y avoit que quelques hommes qui eussent une chaussure de sandales; au lieu que dans celle-ci tout le monde, hommes, femmes et en- fans, en portoient. Au reste, cet usage n’est chez eux, ni luxe ni mollesse, mais une précaution indispensable et nécessaire, ordonnée non-seulement par la nature rocailleuse de leur pays, niait; encore par les mimosas dont il est couvert. Cet arbre porte des épines en très-grand nombre, de sorte que la terre en est toujours jonchée; ainsi, c est pour se préserver des piqurës que ceux-ci avoient contracté l ’habitudè de se chausser de sandales. Néanmoins, comme tonte nouveauté chez des étrangers paroît presque toujours ridicule, mes gens, accoutumés à marcher pieds nuds, trouvoient celle-ci tout-à-fait étrange; et pour distinguer cette horde d’avec celles que nous avions vues jusqu’alors, ils l ’appeloient horde des porte-sandales. Moins nombreuse que la précédente , elle n’étoit composée que de deux cens têtes. Elle avoit aussi bien moins de bestiaux ; tant parce que le terrein , par sa maigreur, offroit peu de pâturage, qu’à raison des incursions fréquentes des Houzouânas, qui souvent venoient les piller. Il n’y avoit pas long-tems encore qu’elle s’etoit vue enlever trente boeufs. En vain le chef avoit armé tout son mondé pour les recouvrer ; il n’avoit pu en reprendre que six : encore étoient-ils si blessés , à coups de flèches et de sagaies, qu’il avoit fallu les tuer sur la plaee et les rapporter au k ra a l, en morceaux , comme objet de nourriture. Malgré leur pauvreté, ces Sauvages avoient le désintéressement et la générosité de leur nation. Quoique je ne leur eusse distribué , en présens, que des misères, tout les soirs ils m’apportoient dans mon camp une quantité considérable de lait. Pendant le tems que je passai parmi eux ( et j’y restai huit jours , parce que les mimosas étant en pleine fleur, j ’y trouvois beaucoup d’insecteset d’oiseaux), les uns me suivoient à la chasse , dans le dessein de m’y rendre les petits services qui dépendoient d’eux ; et d’autres couroient de toutes parts pour me chercher des insectes. De mon côté, je me fai- sois un devoir et un plaisir de les obliger. Mes fusiliers alloient chasser pour eu x , les rhinocéros et les éléphans; et quoique, pendant les huit jours, ils n’aient pu parvenir à joindre un seul de ces farouches animaux, ils tuèrent aù moins beaucoup de gazelles et plusieurs buffles, q u i, en très-grande partie, furent abandonnés à la horde. Ces buffles étoient absolument de la même espèce que ceux que nous avions tués à la côte de l’est. Ils étoient seulement beaucoup plus forts de taille , mais moins délicats étant moins gras. Plus heureux dans mes excursions, je trouvai, pour ma collection , deux espèces d’oiseaux rares. L ’une étoit le rolier , connu


27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above