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cents pas de la voiture, je le vis au milieu de ma mente , dans une large cavité extrêmement humide, que les chiens fouilloient et creusoient avec leurs pattes pour y chercher de l’eau. J’appellai mes gens. Ils vinrent a v e c des pelles et des pioches, et se mirent à creuser le bassin. Effectivement nous eûmes bientôt deux à trois pintes d’eau trouble et un peu saumâtre : pour la rendre potable, j’y jettai, comme dans celle du Krakkeel-Klip, que - nues onces de caffé en poudre. Mon dessein était de la faire bouillir comme au Krakeel fmais la soif qui brùloit mes gens était si cruelle qu’aucun d’eux ne pût se résoudre à attendre. Il fallut donc leur livrer cette espèce de boue liquide. En père juste, je la partageai également entre tous, selon mon ordinaire ; et nous en eûmes très-peu chacun. Nous nous trouvions au pied du petit chaînon de montagnes. Il «ouroit du nord au sud ; et se détachant de la grande chaîne que nous avions à l’est, formoit ainsi une gorge dont il étoit impossible A l’oeil de suivre toute l’étendue. Des troupeaux avoient séjourné là pendant quelque tems. Partout/ la terre foulée y offrait l’empreinte de leurs pieds. Ainsi, ne .doutant pas que je ne trouvasse bientôt une horde hottentote qui me donnerait des renseignemens sur le nomade Baster dont m avoit parlé Gordon, je pris le parti, en suivant la gorge, d’aller à la découverte. j Pour cet effet, îl falloit laisser mon chariot, mes équipages et tous mes bestiaux à l’entrée de la gorge. C’est aussi ce que je fis. Cependant j’y laissai, en même tems, pour gardiens, quatre personnes; et leur enjoignis de creuser et d’élargir le trou, afin, quen leur fournissant à elles-mêmes une provision suffisante d’eau, il put, s’il étoit possible, former un abreuvoir pour les.bêtes qui me restoient. Le nombre en étoit bien diminué. Dès le moment qu’en entrant dans le désert, j'avois cessé de trouver du gibier pour la nourriture de mes gens, je m'étais vu contraint de faire égorger successivement tous mes moutons. Depuis la mort d’ingland, je venois, 4 ans la route, de perdre encore deux boeufs. Toutes mes vaches E N A F R I Q U E , avoient péri. Des quatre chevaux, il ne m’en restait plus que deux Vrais squelettes, dans l’état le plus déplorable, et incapables absolument de faire le moindre service. Il n’y avoit que mes chèvres qui ne ■se sentaient point de notre affreuse détresse. Elles avoient même donné constamment du lait ; et cette ressource journalière avoit été notre unique salut, puisqu’elle m’avoit permis jusque-là, de fournir journellement à mes gens un peu de lait, et même à m§s chiens, qui, par le défaut d’eau, eussent pu bientôt gagner la rage.. J’emmenai avec moi huit hommes, parmi lesquels était mon Klaas ; pour donner à notre recherche une marche plus sûre et plus prompte, je le chargeai d’aller, avec trois de ses camarades, à l’ouest de la petite chaîne de montagnes , et de la suivre en remontant au nord ; êt moi, pendant ce tems,je m’enfonçai, avec quatre chasseurs , dans la gorge entièrement couverte de gros buissons. | r . Après quelque tems de marche, j’arrivai à un sentier qui parois- soit extrêmement battu. Cette découverte , dont nous ne pouvions que nous féliciter, glaça d’épouYante mes quatre hpmmes. Ils s’imaginèrent que ce défilé conduisoit à quelque retraite de Boschjesman , et me prièrent de ne pas nous enfoncer plus avant, de peur âetre égorgés tons cinq par ces voleurs. Vainement, je leur représentai que le plus grand malheur qui pût nous arriver, dans la circonstance où je metrouvois, étoit de ne rencontrer personne, et que nous ne pouvions sortir d’embarras qu’en parlant à quelqu’ame vivante ; ils ne voyoient au bout du sentier qu’une horde d’assassins; et sans, oser aller pins loin, ils s’arrêtèrent, partagés entre la honte de m’abandonner et la crainte d’être égorgés ! Quand g diable serait là avec tout l’enfer, m’écriai-je, il faudrait que j ’aille lui parler, j y suis décidé. Au reste, mes amis, si vous avez quelque répugnance à me suivre, je vous laisse la liberté de retourner, et je me' passerai de vous. 1 . T . En parlant ainsi, je m’enfonçai dans le sentie; , et je vis avec p ai sir qu’ils me snivoient tons quatre. Cependant leur marche n’était rien moins qu’assurée. Tout en avançant, ils rabonnoient enir’eux sur ce qu’il y aurait à faire, si nous tombions dans une horde de


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