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ser la nuit sur ce terrain brûlé, où me* attelages alloient pérxr par la dure privation de boisson et de nourriture; nous mêmes, nous étions dévorés par la soif, et, pour comble de malheur, je nen- trevoyois ni remède ni espérance aucune. Cependant pour ten er encore une dernière ressource, j’ordonnai à tout mon monde d employer ce qui nous restait de jour à chercher à la ronde, chacun, de son côté, quelques trous ou quelques rochers qui continssent un peu d’eau. Moi - même, j’allai à la recherche avec mon smge et mes chiens ; mais, hélas ! mes Hottentots, et mor-même, nous revin tous au camp les uns après les autres, en ne rapportan , po consolation, que ces mêmes paroles : «Je n’ai rien ^ouve freuse perspective, qui nous condamnoit tous a. 8 * - nr<l ¿ans Ho ’ quelle foule de réflexions sinistres se succederent alors da mon esprit ! Quel effroi mortel y répandoît la vue des tristes compagnons de mon voyage ! Combien de fois je maudis I imprudente con- fiancé qui m’avoit engagé à poursuivre ma route. ' La situation de mes gens, à qui j’avois tente jusqualors de cacher une partie de nos maux, augmentoit, de plus en plus, mon supplice ; mais, comme un grand péril nous porte à des mesures extrêmes, j ’embrassai sans plus tarder le dernier parti que j avois a prendre ; ce fht d’abandonner ma dernière voiture et les animaux qui me restoient encore, de distribuer à mes Hottentots des armes et des munitions et de regagner à pied la Rivière-des-Eléphans avec ceux d’entre eux qui consentiroient à me suivre. De tous les projets que me permettait la circonstance, celui-ci, quelque difficulté qu’il offrait, paroissoit encore le plus raisonnable. Cependant, quand je le proposai à mes Hottentots pas un seul d’entr’eux ne l’accepta. Convaincus du chagrin profond que me causerait l’interruption d’un voyage, pour lequel ils m’avoient vu tant d’empressement , tous protestèrent qu’ils ne me quitteraient jamais, ‘ et jurèrent de me suivre par-tüut où il me plairoit de les conduire. Chacun m’exhortoit, au contraire, à prendre courage et à tenter, de nouveau, la fortune en poursuivant encore quelques liepes plus loin. Ceux qui étoient allés à la découverte de l’eau, du côté de l’est, m'assuraient qu’aux pieds des montagnes que nous appercevions, il y en avoit d’autres plus petites, et que les gorges qui séparaient les unes et les autres, nous offriroient peut-être d’excellens pâturages et des eaux abondantes. Ceux qui étoient allés du cote oppose avoient vus des nuages s’élever et en tiroient l’augure d’un orage très-voisin, soit pour le lendemain, soit pour Ja nuit prochaine. f D’aussi vagues conjectures ne me rassuroient guère contre des- dangers présens et certains. Cependant, ces touclians témoignages d’affection, je devrois dire, de dévouement, me rendoient moins pénible la pensée d’une fin que je regardois comme très-peu éloigné#. J’exhortai tout mon monde au repos ; pour moi, je me retirai dans mon chariot, ou je passai la nuit entiere dans les reflexions les plus tristes. Au point du jour, je fus tout d un coup arrache à, ma rêverie par un coup de tonnerre, qui confirma d une manière authentique ce que m’avoit annoncé lun de mes Hottentots. Je me précipitai de mon chariot, et, par un mouvement naturel, j ©levai les mains en signe d’adoration vers les nuages que la foudre sem- bloit chasser devant elle. Mes amis, transportes d allegresse, vinrent aussitôt se ranger autour de moir Le ciel en un moment se couvrit, et les nuages s’amoncelèrent sur nos tetes. IVLon coeur palpitoit d’aise et de crainte. J’attendois, dans une mortelle impatience* l’heureux effet de-cet orage, et j’espérois, à tout moment, de le voir se résoudre en pluie ; cette joie fût passagère, horrible. Emportés par les vents, les nuages allèrent se perdre a 1 horison : ce spectacle nous frappa tous d’une consternation si grande, qu’il nous plongea dans une immobilité totale. Cette fois, le désespoir vint s’emparer des plus résolus, et leur silence m’annonça que je n’avois pour l’instant aucun service à en attendre. Pendant la nuit il étoit mort deux boeufs, et trois chiens m avoient abandonné. Je vis expirer près de moi un de niés chevaux. C’est ainsi que je perdois successivement toutes mes bêtes; et je les voyois périr avec d’autant plus de regret, qu’ils avouent partagé mes fatigues, et que je m’y étois attaché comme à des animaux domestiques. Ils n’arriyoient cependant qu’avec lenteur à leur dernier moment 5 mais T a


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