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d’excrémens que sans cesse les pluies délayoient et faisoient descendre dans le fond du bassin. La fermentation de ces matières infectes et putrides, lui avoient communiqué une couleur verdâtre, une odeur nauséabonde, un goût abominable qui révoltoit les sens. Telle étoit pourtant notre détresse, que ,1a découverte de cette marre dégoûtante c^vînt pour nous une bonne fortune. Avant délaisser. abreuver les animaux, j’ordonnai qu’on en remplit les jarres que nous avions vidés la veille ; et pour la rendre potable, s il etoit possible, j’eus soin qu’on la filtrât à travers plusieurs linges ; on la mit ensuite sur le feu5 enfin, j’y ajoutai quelques onces de cafs en poudre. A la vérité, elle s’éclaircit un peu par ces opérations, et perdît même, en partie , le mauvais goût que lui avoient fait contracter les particules salines et sulfureuses clés excrémens qu’elle te- noit dissouts; mais elle n’en avoit pas moins gardé la qualité malfaisante que lui avoient donné'ces dissolutions. Tous ceux qui en. burent, furent purgés; ils éprouvèrent des colliques plus ou moins douloureuses; il y en eût même à qui elle causa de longs vomis- seinens, des lioquets et des douleurs d’entrailles qui nous firent craindre que cette eau n’eût été empoisonnée. Moi seul, je fus épargné , ou plutôt je souffris beaucoup moins, parce qu’ayant coupé mon eau avec du lait de chèvre, j ’en avalai très-peu. De mon camp de Krekenap au Krakéel-Klip, il n’y a que huit lieues , et pour ces huit lieues, il m’avoit fallu employer deux longs jours ; le second je n’avois pu en faire que trois , qui me coûtèrent huit heures de marche. Mats, indépendamment de l’excessive foi- blesse de mes boeufs, qui se traînoîent avec effort, et faisoient un quart de lieue par heure, nous étions forcés, presqu’à chaque instant de detteler pour abandonner ceux qui, tombant cl inanition , restoient sur la -place : en un mot, on aura une idée précisé de 1 état malheureux où étoient réduits ces animaux, quand j ’aurai dit que, depuis le moment de mon dernier départ, Cest-à-dire, pendant ces: deux jours désastrueux, j ’en laissai dix-sept étendus sur la route. Vers le soir, je vis arriver successivement au rocher différentes hordes de gazelles ( spring-bock) habituées , sans doute , à venir s y désaltérer. E11 vain, j ’essayai de les joindre et d’en abattre quelques- unes pour notre provision du jour et du lendemain, afin d’épargner^ le peu de moutons qui nous restoient ; mais elles eurent l’adresse de se dérober à notre appétit ; et mes chevaux aussi exténués que mes boeufs, ne me permirent pas de les employer à leur poursuite. Jamais situation ne fut aussi désespérante ; je crus être ènfin arrivé au terme de mes voyages, et me couchai avec les idées les plus tristes et les plus lugubres. Le lendemain nous trouvâmes nos pauvres bêtes dans un tel état d’abattement et de foiblesse, que nous arrêtâmes, d’un commun accord , de passer la j ournée à Krakkeel-Klip, afin de leur donner le teins de se reposer. Je profitai de la matinée pour faire, avec quelques uns de mes meilleurs tireurs, encore une chasse aux spring-bock; mais nous ne pûmes jamais les approcher, la plaine étant trop découverte. Il vint heureusement au bassin plusieurs voilées de gélinottes : car, il n’y avoit au loin à la ronde que ce seul réservoir qui contint de l ’eau. Mes gens, plus heureux que moi, tuèrent une soixantaine de ces oiseaux, dont nous fîmes un bon repas. Un de mes boeufs étoit dans un état d’agonie qui sembloit annoncer que je le perdrois avant la nuit ; je le leur abandonnai ; apprêté et salé à leur manière, il forma une provision qui leur dura quelque tems. J’étois retiré dans ma tente, livré aux réflexions les plus ame- res, quand tout-à-côup, au milieu de la nuit, Kees jetta un cri d’alarme , auquel tous mes chiens répondirent à l ’instant même, par leurs aboiemens. Cet animal, par la finesse de son odorat, par celle de son ouïe et de sa vue, étoit toujours le premier â nous avertir des dangers ; et entre tous les services qu’il me rendoit, celui - ci étoit un de ceux qui me le faisoient chérir. L’alerte qu’il donna mit tout le inonde sur pied. Nous avions à craindre également, et l’attaque des Bosclijesman, et celle des bêtes féroces. Le voisinage de la citerne pouvoit nous exposer à l’un et à l’autre, et peut-être meme à tous les deux ensemble. Dans l’incertitude de l’ennemi que j ’avois à combattre, je fis tirer quelques coups de fusil du côté qu’ifidiquoit S %


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