v o i t besoin; et pourquoi se trouvoit-il là un Surinamois, elevé à Paris, qui ne sût point nager ? La maladresse etoit ici mon lot à moi seul ; il failoit donc bien que je fisse les frais de l’invention. Voici l’expédient auquel je m’arrêtai : je proposai de lancer à l’eau un tronc d’arbre que j’enfourclierois ; et mes quatre compagnons, de crier à la fois que si j’avois le courage de m’y fier, ils repondoient, sur leur tête, de me faire arriver à l’autre bord. Cette assurance augmentoit mon courage ; je n’hésitai donc plus ; il ne s’agissoit que de trouver le tronc d’arbre le moins incommode pour exécuter le tour de force. Ce n’est pas que le rivage n’en offrit une grande quantité : l’inondation ( comme cela arrive dans ces pays où les plantes et les arbres parcourent leur cercle de vie, périssént de bout et se dessèchent sur leur racines) ; l’inondation en avoit déraciné , charié et jetté un grand nombre le long du rivage ; il en étoit couvert; mais la plupart avoient encore leurs branches, et parmi- ceux qui s’en trouvoient dépouillés, les uns etoient trop .courts , les autres trop longs, d’autres trop gros ou trop minces. Il fallut s’arrêter à celui qui nous parut le plus favorable, et ce n’est qu’après avoir remonté la rivière pendant un assez long espace, qu’enfin nous le trouvâmes. Cette contrariété, qui excitoit fortement nos murmures , tandis que nous en faisions la recherche; fut cependant ce qui nous sauva la vie. - ;!r £| :f , „ . .. t r(; Notre première opération fut de mettre le, tronc à flot, d’attacher en avant deux courroies, par lesquelles les nageurs pussent le tirer. Leurs kros et ma canonnière, après avoir été roulés, furent attachés et fixés vers le milieu de sa longueur ; après quoi, de chaque côté de ce paquet, je fis amarrer et solidement attacher les deux outres qu’on avoit remplies d’huile : elles servoient non-seulement à alléger le poids de la machine, mais encore. à l’empêcher de tourner sur elle-même, et de me fane chavirer. Il restoit de plus à trouver un moyen de transporter nos poires à poudre , et nos vivres, mais sur-tout.à les préserver de 1 eau. Je me chargeai de ce soin. J’imaginai qu’il me seroit possible dé tenir les fusils appuies sur mes épaules ;. quant aux poires, j, en eus
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