Page 79

27f 82-1

les environs avec mes chiens, et, en effet, je tombai sur son re-i paire, qui m’offrit plusieurs monceaux d’os de damans, et des débris de plusieurs espèces de petites gazelles. Cette découverte me promettoit une double satisfaction i celle de tuer l’animal quand il reviendroit au gîte , et celle de trouver dans les environs du gibier pour, ma Guisine, comme il en auroit trouvé pour la sienne. Des deux plaisirs que je me promettais, je ne pus en goûter aucun; ni moi ni mes gens nous ne rencontrâmes de gazelles; peut-être, la panthère les avoit-elles toutes détruites, quant à celle-ci, j’eus beau passer très-ennuyeusement, deux heures de-nuit en embuscade pour l’attendre, elle ne parut point; ce qui me lit croire que je l’avois reellemeut blessée, et qu elle etoit probablement allé mourir ailleurs. En chassant, j ’avois rencontré un Hottentot, serviteur d’un colon du voisinage, pour lequel il gardoit un troupeau de moutons. Quoique, parmi mes bestiaux, j ’eusse un certain nombre de moutons aussi, cependant, la stérilité des contrées que je eominençois à, parcourir me faisoit craindre qu’ils ne pussent suffire à notre .consommation. En conséquence, résolu de les réserver pour des besoins plus pressans ; je voulus en augmenter lé nombre, et en acheter du Hottentot. Il est vrai qu’en sa qualité de gardien, cet homme n’avoit pas la liberté d’en disposer; mais je lui en offrois nn prix si avantageux, qu’assurément son maître lui auroit su gré du marché. Il s’y refusa constamment, et le seul parti que je pus tirer de sa rencontre, fût de lui demander des instructions sur la route la plus, favorable et la plus courte qu’il me falloit tenir pour gagner la Ri- vière-des-Eléphans où je voulois arriver. D’après l’estime de ce pâtre, j’ayois encore une forte journée de marche ; mais cette journée, je devois la faire tout d une traite, - et sans m'arrêter, parce que je ne trouverais dans toute la route, ni eau ni pâturage. Après la Rivière-des-Eléphans, mêmes inconvéniens m’attendoient, disoit-il, j u s q u ’ a u p a y s des Namaquois. Quoiqu pu fut dans la saison pluvieuse, par-tout les pluies avoient manqué ; par-tout on éprotivoit une sécheresse effroyable ; et jamais, de mémoire d’homme j cette partie Ée l’Afrique n’ayoït autant souffert. Une pareille annonce m’allàrmoit beaucoup, je n’entrevoyois pour mon entreprise que dès malheurs; déjà même, nous commencions à. en éprouver. Il n’y avoit pas encore six semaines que j ’avois quitté le Cap ; et néanmoins mes boeufs se trouvoient aussi fatigués, qu’ils l’avoient'été après seize mois de marche , dans mon premier voyage. Pour lèùr donner le tems de se reposer et de prendre des forces, je restai au Heere - logement sept jours entiers, pendant lesquels notre cuisine fit une telle consommation de dassen ou damans, que mes Hottentots mêmes eu etojènt dégoûtés. Enfin , la guerre que nous avions déclarée .a ces pauvres animaux, cessa le 4 juillet. Je quittai le lieu, après avoir laissé mon nom et la date, de mon arrivée dans la gratte, selon l’usage dés voyageurs. D’après l’avis que m’avoit donné le pâtre , je partis au point du jour; et après une marche très - fatigante, nous apperçûmes à la -nuit tombante, de dessus un point élevé ou notis nous trouvions alors, le FleuVe-des-Eléphans serpenter au-dessous de nous , à une demie lieue de distance ; mais, comme je savois par expérience ce qu’on risque pour descendre des montagnes dans lès ténèbres, je pj-is le parti de camper sur la hauteur ; et malgré l’extrême fatigue de mes attellages, d’attendre le jour, pour gagner la rivière. Elle étoit bordée, de chaque cô'té, par de très-grands mimosas, et par diverses sortes de bois blancs ", de l’espèce du saule ; mais partout le terrain étoit sec et brûlé , et il n’existoit pas même de verdure sous les arbrès. En vain, je parcourus, le long des bords, dans l’espoir de trouver, enfin, quelqu’endroit moins aride, qui offrit un herbage à mas" bêtes ; je nervis pas une seule touffe de gazon ; et il fallut qu’elles sé contentassent de quelques plantes grasses et des feuilles: des arbustes, Il existoit cependant, à peu de .distance de là rivière , une maison, habitée par la veuve Van-Zeil et sa famille. Quelques champs labourés me l’indiquèrent'; je m’y rendis, donc et j’y reçus l’ac- eenil le plus amical ; la veuve'Van-Zeil me vendit quelques moutons, et même quatre cents livrés de .tabac, que je crus devoir ajouter P 2


27f 82-1
To see the actual publication please follow the link above