à ma provision, Ce tabac étqit de soji cru; je le payai sur le pied de deux sous de Hollande la livre , ce qui fait, à peu de chose près, quatre-vingt livres de nôtre .monoie pour les quatre cents livres. J’achetai encore de l’eau-de-vie,, avec laquelle, je remplaçai la quantité qui avpit été hue jusques là. La veuve , dans, l’entretien, que j ’eus avec elle, me confirma ,ce que m’avoit ,dit le pâtre hptten- tpt , sur la. sécheresse desastrueuse. qui de sol oit le pays ; -sécheresse , telle que toutes les hordes de petits Nainaquois avoient quitté l’intérieur des terres , pour se raprocher des bords de la mer. îPar le spectacle que j avois sous les yeux,je pouvais juger de ce que devoit'être la contrée dans laquelle j’allois entrer ; et cependant je me flattois encore, et cherchais, pour ainsi dire , ,û m’abuser ; tant ce qu’on souhaite avec ardeur paraît fapile;,et probable l$i la contrée des petits Namaquois a été privée de pluie, me disois-je à moi- même, peut-être la disette d’eau n’a-t-elle été que locale ; peut-être les cantons sifues au-delà, n’ont-jls: pas-éprpuvé cette même sécheresse ; peut-etre ont dis de-trop ce qui manque au leur. Ainsi, raisonnant d après des données vraisemblables, quoique très—incertaines , je m’oecupois des moyens de traverser ce pays , dont l’aridité, toute effrayante qu’elle étoit, pouvoit néanmoins n’être pas une difficulté invincible.; et j esperai qu’à celui-là , en suçcéderoit Un antre plus humide, peut-être, et dont la température et la fécondité me dédommagerait de toutes mes fatigues. Quand la veuve Van-Zeil me vit déterminé à partir, malgré SOS; avis et ses représentations, elle me forma une petite provision de biscuit ; puis chargea ses deux fils de me mentrer le seul gué où je pourrais traverser la rivière sans aucun risque d’avarie pour mes .Mfets ; il fallut la descendre assez bas. Arrivés-au passage où mes. guides m’avoient conduit avec leurs boeufs, ils voulurent,, par amitié , me suivre sur l’autre bord,, et passer même la nuit avec moi j je m’y refusai, parce que le -temstournoit lisiblement à.la pluie; je craignois que les eaux n’augmentant terat-à-eoup, ils me pussent; s’en retourner. Bien me prit, d’avoir traversé la rivière ce même ■soir ; car pendant la nuit il survint un déluge d’eau, qui dura, sans interruption, trois jours entiers; et qui me flatta de quel- qu’espoir • pour l’heureux succès de mon voyage ; sa violence fut máme telle, dès le premier moment , que je fus obligé d’arrêter et de camper sur la rive même. Ma bonne fortune me servit bien dans cette occasion ; un jour pins tard, il n’y avoit plus de gué à espérer pour moi ; et je me fusse vu réduit à passer la rivière sur .des radeaux ; moyen pénible , et qui eût coûte à mon monde beaucoup de fatigues et à moi bien du tems; sans compter qu’étant encaissée et très-rapide, l’usage du radeau, dans un moment d’inondation, avoit du danger . Dès le second jour les eaux grossirent au point de gagner mes chariots; je fus forcé de porter mon camp plus au large vers la plaine ; mais peut -être si la crue fut survenue pendant la nuit, eût-il été emporté tout entier ; et certes, notre vie auroit couru les plus grands dangers. Souvent j ’avois entendu parler au Cap, des risques que court un voyageur dans cette partie de l’Afrique, quand il. campe trop près des rivières. Les colons m’avoient même conté, sur ces dangers;, des histoires merveilleuses, auxquelles j ’avois cru faire grâce, en ne les regardant que comme exagérées ; niais l’expérience m’a convaincu , à mon tour, qu’elles ne l ’étoient pas ; et mainte fois, campé par le plus beau tems possible, et même après de très-grandes sécheresses, près de petites rivières, à une grande distance de leur cours; il m’est arrivé de les V o ir tout-à-coup, et en moins de trois heures, par un.orage qui avoit crevé plus haut, s’élancer au-dessus des arbres de leur rivage , inonder au loin les campagnés et former autour de moi un vaste lac. Il est donc prudent et sage pour un voyageur, de ne jamais camper près des rivières, qu’à une hauteur où leur plus grandes crues ne le puissent atteindre. Or , il est aisé de s’assurer de ce terme, par l ’inspection des arbres qui sont sur leurs rivages. Dans leurs dé- bordemens, elles entraînent des roseaux et dés herbes que les branches arrêtent ; ces dépôts y restent suspendus, -et leur, chevelure pendante,jest un témoin qui atteste jusqu’où les- eaux se sont éle
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