des ustenciles , et ce qu’il y a de plus curieux, les limons qu’on m’avoit donnés avoient tous sauté jusqu’au dernier. Il fallut attendre le jour pour les recueillir èt, réparer tous les dommages que m’avoit causé cette descente, précipitée. ■ Il y avait de l’autre côté de la rivière, qu’il nous falloit traverser pour continuer notre route, une espèce d’habitation dont, le propriétaire se nommoit Dirck Coché. J’avois besoin de rensei- gnemeria et d’instructions précises ; Coché pouvoient m’en donner ; de plus j’avois besoin d’acheter un certain nombre de moutons, et je m’étois flatté d’en trouver chez lui : tandis que mes ouvriers travailloient à remettre mes attellages en ordre et qu’ils sedisposoient à repartir, je pria les devants , et ayant passé le Kruys à gué avec mon cheval, je me rendis à l’habitation. A peine avois-je entamé la conversation avec le maître, que sa femme se levant avec effroi du siège sur lequel elle étoit assise , fit un cri si perçant, que tout ce qui étoit dans la ferme accourut à son secours. En effet, elle venoit d’être touchée aux jambes par deux serpens, et je les apperçus tous deux sous le siège. Nous nous armâmes de chaises et de bâtons pour les assommer. A cet aspect leur colère s’alluma, leurs yeux s’enflamèrent, et soulevés sur leur poitrine, sifflant avec fureur, ils cherchèrent à s’élancer sur nous ; attaqués avec plus de rage encore, ils périrent sous nos coups redoublés. Heureusement que la femme n’avoit pas été mordue par eux ; car ils étoient de l’espèce très-venimeuse qu’au Cap ©n nomme Kooper-Kapel ; et elle eût péri infailliblement en peu de minutes. Tel est l’inconvénient dangereux des pays nouvellement habités i l’homme y voit sans cesse sa tranquillité et ses jours, attaques par des insectes incommodes , des bêtes féroces ; des animaux venimeux. Goçhé me prévint que le kooper-kapel étoit fort commun dans le canton que j’afiois traverser. D’après cet avis, je pris une résolution qui me parut nécessaire, ce fut de ne point passer les nuits dans ma tente, mais de coucher dans mon chariot, où j’aurois bien moin a à craindre les visites redoutables de ces terribles hôtes. Fendant qnéje con.ciu.oLs avec le: fermier n® nfagéhe pbùr quelques moutons, mes voituriers- passèrent le Kruys,; et je me rejnis en route, en côtoyant la rivière. Mais je ne pua faire Ce jour la, que très— peu .de chemin, parce que: noùi eûmes toujours à maïCh-er dans les sables, et que nous passâmes et repassantes six fois le Kruys. Le lendemain ce. fut pas. encore ; lé sable étoit si haut et. sfcnjoblle, que les roues enfonçoient jusqu’au moyeux, et-qu’il nie fallait jj pour chaque- chariot, ajouter quatre boeufs aux douze qui çonitpo- soiemt l’attellage. Cet ainsi que nous passâmes ^habitation de Josias Ingel-bregt, et’ qu’enfin, nous qmttanies.le cours tortueux du Kxuys-, qui arrose ce pays maudit , et gagnâmes Swart-bas-Kraal. L est pourtant des hommes qui sont venu habiter cette contrée sablonneuse et cultiver quelques coins dé terre moins stériles; qu’ils y ont trouvés ; un nommé Hans Van Aart y avoit une habitation à Lange Valley (Lac long), où je fus obligé de passer la nuit ;-plus loin est celle d’Hermanes Lauw. Je ne m’arrêtai point chez celui-ci, mais il nous- fallut camper sur un terrain aride, où je ne trouvai pas un filet d’eau pour abreuver mesbestiaux. Chemin faisant, f avois rencontré une quantité prodigieuse de perdrix; j’en avois tué une trentaine que je destinais à mon souper et à cèlui de mes gens. Ma coutume en pareille eircoinstanee étoit de faire bouillir mon gibier ; j’avois souvent remarqué que quand il étoit grillé ou rôti , la fumée des viandes , étant portée air loin par les yents, elle attiroit autour de n o u s , pendant la nuit, beaucoup d’hiennes et de jackals, qui, éventés et repoussés par mas chiens, ©CGasionnoient de la part de ces animaux , des aboiemens si violens et si continus, qu’il ne nous étoit pas possible de goûter un instant de sommeil. Eaute d’eau , je ne pus cette nuit là faire bouillir mes perdrix, j’en mis une sur le gril pour moi, et j’abandonnai le reste à mes gens, qui les firent rôtir enfilées à de petites broches qu’ils placèrent autour du feu ; mais ce que j’avois craint arriva«. Beaucoup d© carnivores, alléchés par le fumet de notre gibier / vinrent roder autour de mon camp; et mes- chiens, aboyant après eux, ne nous permirent pas de fermer l'oeil un instant.
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