• "■ V O Y A G E nière neuve, et les services de l'armurier de son régiment pour remonter et remettre en état tons mes fusils. VanGenep, le capitaine du port , qui avoit succédé à Staaring, commanda pour moi dans ses ateliers une très-belle tente avec laquelle il remplaça la mienne., qui, depuis les pluies continuelles que j ’avois éprouvées dans le pays d’Auteniquoi j étoit hors d'état de me servir. Le commandant d’artillerie Gilkin ÿ et les Officiers de la garnison m’envoyèrent une quantité considérable de poudre. Enfin, tout le monde voulut donner ; et au zélé que chacun y mit, on eût dit que mon voyage étoit une entreprise publique à laquelle chaque habitant vouloit contribuer poui*quelque chose, selon ses facultés. Je me crus honoré des moindres cadeaux , et me fis un devoir de les ¡accepter, tous. Mais , parmi ceux de ce genre , je ne dois pas oublier d’en.citer un quet Gordon ajouta, en plaisantant, aux siens : c etoit trois-bonnets de grenadier, dont les plaques en cuivre doré, mais moins hautes que celles des grenadiers françois, représentaient le lion couronné qui .forme l’écusson de la Hollande., Gordon savoit que ces objets flatteraient infiniment quelque chef de Sauvages, et m attireraient la bienveillance des bordes si j;e parois leurs chefs.* avec un de ces bonnets. J’en ai fait usage, comme on le verra dans la suite, en divers lieux de l’Afrique intérieure, et j ’ai eu lieu de regretter plus d’une fois; des objets de curiosité tout aussi rares pour des Sauvages, et qui m’auraient facilité des communications dont on tenterait envahi de s’ouvrir la voie par d'autres moyens que ceux que je propose. Eh général, et je ne dois pas me lasser de le répéter, ce n’est, pour ainsi dire , qu’avec des amusettes qu’on se concilie l’amitié des hom- ,mes dé la nature ; je ne sais quel sentiment de mépris et d’indignation s’empare de moi toutes les fois qu’il m’arrive de rencontrer dans des: relations de voyage chez. les Sauvages , des histoires, de massacre et de guerres, dont bien souvent on ne rougit pas de s avouer les. fauteurs, et qu’on présente aux Européens comme des prouesses di- , gnes d’un grand renom , et qui méritent de trouver des imitateurs. Fouir moi, je l’ai déjà dit , ma logique, à cet égard, est bien differente : on s’en convaincra de plus en plus , lorsqu on aura le complément de mes voyages ; il me serait aisé aujourd’hui , mieux éclairé moi-même ,. d’éviter jusqu’à la pensée d’une aventure qui dut coûter la vie à des hommes. C’est au nom de* .l’humanité que je m’élève en ce moment contre l’imprudente jactance de ces voya- gèurs qui se promettent d’aller à quatre mille lieues du sol qui les a vu naître, soumettre à coups de sabre leurs semblables, et leur faire adopter jusqu’à leurs caprices les plus ridicules. L’homme naturel n’est' ni bon ni méchant; la société seule peut le rendre pervers. Il ne faut pas peu d’adresse et de sincérité pour savoir se' dépouiller tout d’un coup de ses préjugés, et pour s’élever au niveau de ceux dont on a besoin de conquérir et la confiance et l’amour. Je n'avois pas attendu le moment de mon départ, pour me pourvoir des marchandises d’échange qui, dans ma route, pouvoientme devenir ou avantageuses ou nécessaires. Chaque fois qu un vaisseau avoit apporté au Cap quelques quincailleries, je m’en étais procuré un assortiment, et mes précautions avoient même ete prises d assez lpin, pour n’avoir à ce sujet aucune inquiétude. Mes provisions de plomb, de tabac, de verroteries, de clous, et sur-tout de couteaux et de boîtes à amadoux, étaient faites; et comme mon voyage de- voit durer plus que le premier, je les avois plus que doublées; me réservant de les augmenter encore, si mes chariots, au moment du départ, me laissoient de la place. Ma batterie de cuisine m’ayant déjà suffi, je ne crus pas devoir y ajouter. Seulement je changeai une partie de ma porcelaine contre quelques pièces pareilles en étain d’Angleterre. Il me souvenoit encore de l’accident qu’avoit essuyé la mienne quand la charrette qui la portoit culbuta dans une rivière. Ces sortes de commodités sont peu de chose en elles - mêmes ; mais quand 1 habitude les a rendues nécessaires, on ne se voit pas sans humeur dans 1 impossibilité d’y suppléer. Je ne dois pas oublier de parler ici d’objets non moins essentiels, et dont je fis une ample provision ; ce spnt des aiguilles, des épingles et des étuis, ainsi que quelques aulnes de ruban et plusiettrs dou- K a
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