renvoyer les deux Nègres qu’on m’avoit prêtés, chargés des difieren s objets que j ’avois amassés, et voulus n’y revenir qu’en cotoyant l e s bords de la mer; suivant les sinuosités des pointes et des anses, à commencer par la pointe aux nautiles, et revenant par la cote ouest. Ce voyage, malgré sa courte durée, fût accompagné de fatigues que je n’avois pas prévus. A chaque pas j’étoïs arrêté par quelque obstacle. Tantôt c’étoitune roche saillante qui, tout-à-coup , se présentait à moi:et alors il me falloit l’escalader avec mon Hottentot, aidé par lu i, l’aidant à mon tour, et risquant sans cesse tous deux de rouler et de nous précipiter dans l'abîme. Tantôt c’étoit un escarpement rapide qui s’opposoit à notre descente ; et dans ce cas, nous n’avions d’autres ressources que de nous abandonner à la pente, en glissant sur le dos, au risque d’être meurtris et déchirés par notre chute. Quelquefois, après bien des sueurs et des peines, je me trouvai en face d’une crique ou d’une anse qui, s’enfonçant entre deux hautes roches, me fermoit tout-à-coup le passage et m obligeoit a de longs et fatigans détours, dont le moindre inconvénient étoit uneperte de tems bien contrariante. Cependant mon voyage s’acheva enfin heureusement. Mais ce n’est pas ici le lieu d’en donner les résultats. L’excursion que je fis postérieurement jusque sous le tropique m’a mis à portée de con- noître d’autres faits du même genre; et de me convaincre irrésistiblement, que ce n’est point seulement la pointe méridionale d’Afrique qui a été couverte en partie par la mer, mais ses montagnes intérieures, très-avant dans les terres. Au reste, je publierai un jour mes remarques et mes réflexions à ce sujet. Pour le moment, jeme contenterai d’observer que les idées dont je donne ici 1 apperçu deviennent si évidentes, quand on a visité les côtes de la colonie, qu’elles ont frappé jusqu’aux Hottentots mêmes ; et il est vraisemblable que la Table, a i n s i q u e les deux montagnes voisines et toutes celles qui forment la chaîne jusqu’au promontoire ? furent autrefois une île séparée du continent par un bras de mer, lequel communi- quoit de la baie de la Table 1 la Baie-Falso, et lesunissoit ensemble., ji est difficile de se refuser à regarder cette conjecture comme une vérité, quand on parcourt la plaine basse, qui aujourd’hui fait le chemin de l’une à l’autre baie, et qu’on voit qu’elle n’est qu’un mélange de sable et de coquillages à-demi décomposés. A ce fait évident, j ’en ajouterai un autre : c’est que cette partie d’Afrique, que je prétens, et avec juste raison, avoir été une île, en a formé trois très-distinctes. J’en ai eu la preuve en tranversant la chaîne des montagnes granitiques dont j ’ai parlé ci-dessus. Là, j ’ai vu deux longs défilés dirigés de l’est à l’ouest, et qui très-probablement furent jadis des détroits. Celle qui aboutit dans le fond de la - Baie-Falso, est encore couverte de dunes ; l’autre aboutit à la Baie- aux-Bois. Pour les indiquer à mes lecteurs, j ’ai eu soin de les ponctuer tous deux sur ma carte. Au reste, leur nivellement n’étant pas le même , on ne peut douter qu’ils n’aient été formés en différens tems. Quelqu’ancienne que soit cette époque, il en est pourtant une plus reculée encore, à laquelle la Table elle-même, quoiqu’excessivement élevée au-dessus du niveau de l’océan, paroît néanmoins avoir été couverte en partie d’eau de la mer. Quant à l’histoire naturelle de toute la partie que je venois de parcourir, j ’avouerai franchement que je m’en étois fait une plus grande idée ; car en oiseaux, je n’y ai vu que des espèces qui se trouvent en abondance dans tout le district de Constance, Ronde-Bosch et Nieuw-Land; et elles sont même là plus faciles à trouver que sur ces hautes montagnes très-pénible» à escalader; une seule me parut habiter de préférence les roches escarpées; c’est un pic particulier, qui est de la grosseur de nos pics-vert, et dont le ventre est rougeâtre. La nature qui ne se borne point aux règles générales, et prend plaisir à soigner les moindres détails, se jouant des systèmes de nos méthodistes a donné à celui-ci des moeurs entièrement différentes de celles que nous connoissons à tous les oiseaux de ce genre ; car il ne grimpe jamais le long des arbres, mais se perche, comme les antres volatiles, sur les branches latéralles, et cherche sa nouriture dans la terre où il enfonce son bec et sa longue langue armée d’un dard, pour en arracher sa proie, ainsi que le^ autres pics le pratiquent sur les troncs vermoulus. Les seuls quadrupèdes qui habitent ces hau
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