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cette régularité majestueuse, qui, dans des climats plus heureux, les poussent en ordre au rivage, et tes y amènent tour à tour pour y mou- Tir : image trop fidèle de la vie et du néant qui la suit. Ici, les vagues rompues , l’une par l’autre, viennent tumultueusement se briser sur ces bas - fonds et ces rochers si fréquemment battues des orages. Les flots, en ari-ivant au rivage, y rejettoient beaucoup de coquillages, entre autres des nautiles pàpyracés. Curieux de me procurer quelques-üns de ceVunivalves si fragiles , je descendis sur la grève ; mais bientôt je m’apperçus qu’il n’y en avait aucuns d’entiers, et que tous étoiCtit cassés, ou frustés , ou noircis par la putréfaction de l’animal mort ; cependant j’en apperbèvors de yivans qui, haussés du fond de la mer par lës vagues-, Se montroient à ndùs de teriis à autre. Mes gens se mirent à Peau pour aller au-devant de eeux-ci, et en saisir quelques-uns ; mais, au moment que leurs mains s’apprêtoient à les prendre, le coquillage couloit bas ; et jamaisquelque adresse qu’ils pussent employer, il ne leur fut possible d’en avoir un seul’-. l’irislinct de- l’animal se montra encore plus subtil qu’eux ; il fallut donc y rënbncer. Amusé autant que contrarié de ce manège, j-e rap- pellai mes pêcheurs, qui revinrent tout honteux d’avoir été moins adroits qu’un poisson à coquille. Plus heureux qu’eux, j ’eus 1e bonheur de tuer plusieurs oiseaux de rivage , du genre des mouettes et des hirondelles de mer ; l’un de ces derniers, caractérisé par un grand bec d’un rouge de corail, formera dans-mes descriptions une espèce nouvelle entièrement- inconnue des ornithologistes . Outre Ces oiseaux, nous voyons vo-ler au-dessus de la*mer, aussi loin que notre vue pouvoit s’étendre, une quantité prodigieuse de fous blancs ( îj, qui, du haut des a-irs, tes aîles ployée, 1e cou tendu se laissoiènt tomber lourdement, comme autant de masses de plomb,, sur les poissons qu’ils appercevoient dans Peau; tandis que les albatros et tes fregattes, plus agites dans leurs mouvemens, saisissoient leur (i) La même espèce a été décrite par Buffün sous le nom do fou de Ëassan» y oyez les planches enluminées, pU 278.. proie en rasant la surface de Ponde d’un vol rapide et léger. Le pélican , au corps massif et aux pieds larges et palmés, pendant ce temps nageoit majestueusement en remplissant son large gosier du petit frétin qu’il pêchoit gravement. Lorsque mes coups de fusil eurent dispersé au loin tout ce peupleaîlé, je me retirai.. D’après le goût que j ’ai pour tous les objets nouveaux, je n’avois garde de retourner à la ville par le chemin que je venois de prendre; je savois que dans les environs de Falso,.près du Simons-baie , étoit une caserne dans laquelle habite, en tout tems, un détachement des troupes de la garnison ; pendant une grande partie de Pannée ce poste lointain est une sorte d’exil pour les hommes qu’on y envoie ; aussi a-t-on soin de tes relever tous tes mois. . En ce moment, le commandant de ce désert fort triste étoit un .officier que j ’avois eu souvent occasion de voir chezBoers; je voulus l’aller visiter, et mettre à profit cette occasion d’examiner à. loisir le fond de la haie. Non seulement, il me reçut avec affection ; mais, sous prétexte qu’il me falloit du tems pour remettre en ordre la petite collection d’insectes et d’oiseaux qui étoit le fruit de mon voyage, il exigea que je passasse auprès de lui quelques jours. Je cédai à sbn invitation, plein du désir de visiter 1e Cap-Falso-et la rive opposée à la baie. Une chaloupe de pêcheur, que je trouvai -m’y conduisit 1e lendmain de bon matin. En parcourant toute cette partie, j ’y vis avëc étonnement ces dunes immenses de sablent de coquillages, qui, formées visiblement par la mer,lui servirent de rivage par la suite, et en sont aujourd’hui fort éloignées. Ces monumens irrécusables de sou séjour, m’ont convaincu que cette mer pénétroit autrefois dans cette portion devenue terre aujourd’hui, et qu’elle s’y élevoit à une grande hauteur ; qu’elle s’en est retirée fort loin; et que par conséquent, elle perd chaque jour , quoique chaque jour elle semble devoir gagner par la fréquence des orages et la violence des; vents qui, presque sans interruption , la poussent contre ces cotes. A mon retour , je passai encore deux jours chez l’officier de; garde à Falso. Il ne me falloit que six hcufés , tout au plus , pour retourner au Cap par 1e chemin ordinaire ; mais je me contentai de


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