tous cèux qui so tronvoient à Panero , étoîont , an contraire, agités par un vent très-violent. Dé ce contraste frappant, je dirai même incroyable , dans un espace si peu étendu , il résultoit entre l’une et l’autre une très - grande différence dans la couleur des eaux. Ce double effet me paroissoit magique , puisqu’il m’offroit dans un même cadre , et sans intermédiaire, le calme et la tempête. Voici comme je concluois : le vent qui avôit pris naissance à la surface de la mer des Indes, soufflant avec violence, entroit par la Baie - Falso, cominuniquoit seulement à la baie de la Table par le défilé qui sépare les deux baies, et suivoit sa direction dans la partie nord de la rade ; tandis que le détour que forment les montagnes du côté du Cap et au Cap même, y amortissent la plus grande partie de sa force. Ce n’est donc que l’amas des nuages du sud-est, qui s’ entassent sur la Table, et de-là, se précipitant sur la ville, y occasionnent ces furieux coups de vent, en même tejps si incommodes et si salubres aux habitans du Cap ; car nous avons vu le plus grand calme régner, non-seulement dans la ville , mais dans toute la partie de la rade, qui, se trouvant opposée à la direction de la montagne ,, doit naturellement les abriter de ce côté. En effet, dans tout le séjour que j ’ai fait au Cap, j ’ai toujours remarqué que l’ouragan n’étoit jamais, à beaucoup près, aussi violent quand les nuages restoient en stagnation, et comme suspendus sur le haut de la montagne ; la même chose a lieu dans tout l’intérieur de l’Afrique, par-tout enfin, où de grandes hauteurs opposent une barrière à ce vent impétueux. Vers une heure après-midi, jugeant mon nuage parvenu à son maximum d’accroissement, je m’en éloignai, àfin dele considérer dans un point de vue favorable, et d’en apprécier la hauteur, s’il étoit possible. A une certaine distance il m’offrit l’image d’une masse de brouillards pressée et pélotonnée sur elle-même. Ses extrémités ou contours supérieurs et latéraux étoient très-apparens ; on distin- guoit parfaitement la ligne où il terminoit, et je puis assurer qu’il n’avoit pas plus de cinquante ou soixante pieds d’élévation. L’air vif et élastique de la montagne m’avoit donné un grand appétit 5 tout résolu que j ’étois à continuer mes observations le reste E N A F R I Q.U E. t* du jour, il me fallut l e s interrompre,un moment pour aller prendre quelque nourriture dans ma tente ; mais à peine rentr ans le brouillard, je sentis un petit vent d’uil froid tres-piquant, qui n’avoit point existé le matin. A la vérité, il étoit si foible que jë l’attribuai au mouvement de la vapeur qui alloit toujours croissant. Néanmoins, comme il me, faisoit éprouver quelque mal-aise et que i’étois-là, moins que par-tout ailleurs, en situation de continuer mes recherches, je fis enlever ma tente et j’allai camper a 1 extremité ouest du plateau. >• Mes Nègres et mon Hottentot m’étant totalement mutiles pour l’opération qui m’occupoit, je voulus en tirer quelque parti en les employant le reste de la journée à chercher sur la montagne un prétendu monument dont l’existence m’avoit long-tems tourmente Kolbe dit dans son ouvrage qu’en i 68p le gouverneur Van der Stel étoit allé sur la Table avec plusieurs dames du Cap et particulièrement avec la femme du gouverneur des Indes; que voulant aisser à la postérité un monument solemnel de cette partie e p aisir e u grand effort de ses jeunes compagnes,.il avoit fait ériger sur es lieux mêmes une colonne ou pyramide avec une inscription digne de transmettre à la postérité la mémoire de son grand nom. L auteur raconte même sur ce voyage beaucoup de détails et de circo tances particulières qui engagent à y ajouter loi ; mais, malgré tour ■ tes les recherches que firent mes compagnons, ils ne trouvèren pas le moindre vestige de la prétendue colonne , qui, si 1 histoire en est vraie , aura été détruite, ou par le tems ou par une main ennemi des monumens. - Je ,ne cessai de suivre tous les mouvemens de mon nuage. Une partie s’en étoit détachée ; et passant par l’échancrure qui séparé le Diable de la Table , elle étoit allée se fixer au revers de celle-ci , et y paroissoit suspendue comme dans un état de stagnation, sans avoir avec la grande masse aucune autre communication. Vers les cinq heures celle-ci sembla s’affaisser et devenir p l u s pesante. Je crus qu’elle alloit sè précipiter sur la ville et y occasionner un de ces ouragans si communs au Cap dans les mois de mars et avril, plus
27f 82-1
To see the actual publication please follow the link above