lmles, au milieu desquels je me livrais à de charmantes distrac«' 'lions, que mon hôte eiifama ce discours. « Il faut ¡que vous sachiez, dit-il, qu’ici, voir et posséder sont à « peu près la-même chose, ; lorsqu’un habitant du Cap veut se procu- «rer dans la colonie Un emplacement quelconque, soit pour iy pla- ' « cer des bestiaux, soit pour le défricher et le mettre en culture , il «parcourt différens cantons pour chercher un terrain qui lui con- « vienne. L’a-t-il trouvé , il-y plante ce qu’on appelle un baaken -« (c’est annoncer prise de-possession-de l’endroit, à ceux qui vien- « droient dalls le même dessein, et leur dire que la place est retenue) : “« alors il retourne au Cap, et sollicite du gouvernement une permis- « sion et autorisation légale. Ordinairement-ce1 consentement ne se «refuse point ; mais comme* toutes les concessions du désert, faites "«" par la Compagnie, sont souvent d’une lieue carrée en superficie , « il arrive quelquefois que, soit par méprise, soit par mauvaise « volonté, le baàken sè trouve planté sur la possession de quelqu’un, « ou que dans l’enceinte de sa lieue carrée il englobe quèlque partie «d’une propriété étrangère.® Dans ce cas, if faut, pour fuir la que- «relle/une descente d’experts et une sentence de>juge; pour peu «que la discussion soit claire, elle'est promptement terminée; v mais -si elle offre quelque difficulté, tout est perdu : alors com- « mence un prOcès, qui devient un étemel sujet de’ haine et de dis- « corde entre deux colons; un autre malheur de ces désolantes proie cédures, c’est que le'propriétaire lésé pouvant rarement quitter « son travail/pour aller lui-même exposer son affaire et plaider sa « cause, qu’il entend assurément mieux que personne ; ‘ le rapport « ne s’ën continue pas moins et l’hoiume de justice , qui souvent n’a « pas vu les lieux, l'explique” comme i l peut. Le magistrat, qui lui- « même n’est pas mieux instruit, juge l’affaire comme il l’entend: « voilà cdm'me cfeS'Eurapéens, qui s’attribuent exclusivement l’intel- «ligence et la raison, oublient qu’ils ont avec” tout cela la eorrup- « tion et les'vices en partage: C’est ainsi que les contestations les .plus « simples cütraînentsOuvent la ruine des'-familles,' et ne sontprofi- « tables à.personne , isi ce n’est aux juges qü’elles font entrer dans « leurs différens ; tandis-qu’au contraire les colons que -leur çpndi- « tion éloigne du tracas des villes,et de leur influence dangereuse, «à l’aide du simple bon sens, et n’ayant que la nature pour «guide, sortent souvent si sagement et si vite de tout embarras « d’esprit ». Quelque philosophie que - mon hôte.affectât en ipe faisant le récit des usages relatifs aux concessions des;terrains,,et quoique sou visage, qui s’çnfUmmoit; à ¡chaque trait satirique qui lui échappoit contre la société,, annonçât en lui beaucoup d’énergie, de candeur et d’êsprit, j ’abrège et . laisse au lecteur le soin dé ■ suppléer à,ce .que ¡je ne dis pas. Je repris ma route-vers le soir et,reçus,le fr^jser de pajx de tpute . Cette famille. Du Rooye-Zand je passai dans le canton des Ymgt-quatre-rivières, le plus agréable sans contredit de toute la colonie hollandoise : il doit son nom à la multiplicité ¡des ruisseaux, dont il est arrosé ; on juge . aisément, à l’abondance de ses eaux, à quel- point ce -terrain qst ¡.productif et riant. -Bien¡plus,¡les canaux, principaux , par desTsai~ • gnées adroitement ménagées , . portent l’abondanpe et la fécondité : jusque dans les .terres labourées de toutes les fermes, environnantes ; • les habitans mettent beaucoup d’adre§se à diminuer ou à grossir”je • volume de ces eaux, si favorables aux moissons. Nulle part dans -la colonie les prairies ne jouissent au même degré,d’une verdure aussi : belle ; il y règne une douce fraîcheur dont la vue seule, dans pe pays I brûlé , flatte l’oeil du voyageur, charme son imagination et suspend .véritablement ses fatigues. Les Vingt-quatre-riyières sont l’Eden de ■l’Afrique; on s’y promène dans des bosquets d’orangers, de citro- . uiers, de panpelmoes; .le. parfum des fleurs attaque délicieusement " l ’odorat ; une ombre, légère .invite au.repos, aux rêveries, àla.mé- . ditation. Tout ce qui entoure ces jardins, enchantés , ajoute , encore -au prestige : :les rfegards.se promènent , au .loin sur un ho.rison magnifique ; une enpeinte;de .collines embellit et anime ces plans divers que terminent de hautes montagnes dont la .tête va se^perdre «dans-les nues; dans ce-site'enchanteur on rencontre sous ses pas
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