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à P R É C I S ring, qui ¿toit capitaine de port, crut qu’en cette qualité il était de son devoir de s’en assurer par lui-même ; et dans ce dessein , il monta sa chaloupe, et se rendit à bord du navire pour le visiter. C’esf ce que craignoit le Danois. A peine vit-il le capitaine en son pouvoir , qu’aussitôt donnant des ordres pour lever l’ancre,. il appareilla et voulut gagner le large. Mais Staaring, qui avoit prévu cette trahison, avoit aussi, avant de quitter le port, pris, des précautions pour l ’empêcher. De dessus le pont du navire, il fait un signal convenu , et à l’instant même la batterie de l’ouest | qu’il avoit fait établir et qui portoit son nom, lâche sa volée sur le vaisseau. En vain le Danois s’emporte contre lu i, et le menace , s’il ne donne un signal contraire, et s’il ne fait cesser le feu de la batterie, de 1 attacher au grand mat, en l’exposant à périr- par les coups de canon qu'il appelle $ rien ne l’intimide; et loin de céder a cette lâche proposition , il renouvelle son signal qui attire un feu nouveau. A cet aspect, l ’équipage entre eu fureur. On se jette sur lui, on le maltraite, on le lie au mat ; mais Staaring , au milieu des dangers, insultoit encore à ses assassins. Vous ne savez ce que vous laites , leur disoit-il en riant. Eh ! ne voyez- vous pas que ces boulets sont envoyés ici par mon ordrequ’ils me commissent, et n’ont garde de ma faire aucun mal. Par un prodige incroyable , sa plaisanterie se vérifia. Les boulets pleuvoient de tout côté, et aucun ne l’atteignit. Mais le vaisseau en fut tellement maltraité, que bientôt on le vit amener et venir ignominieusement mouiller sous la batterie qui l’avoit foudroyé. Au reste, cette expédition, dont le succès fut presque l’affaire d’un instant, fit d’autant plu* d’honneur au héros qui l’a voit conduite, que le navire étoit en effet un contrebandier qui fut jugé de bonne prise et, je crois, vendu au profit de la Compagnie. Pendant quelque tems on ne parla au Cap que de la. valeur de Staaring. Mais des affaires particulières l ’ayant rappellé en Hollande, il partit avec sa femme ; et pour éviter d’étre attaqué H I S T O R I Q U E . xj 'en route pàr quelque vaisseau anglois, il en monta un danois qui ulia le débarquer à Copenhague. L ’aventuré du navire pris au Cap, étoit parvenue à la cour de Danemarck; maison ne la sa voit que confusément, et Staaring avoit à craindre que si cette cour apprenoit son arrivée , elle ne lé fit arrêter et mettre aux fers, jusqu’à ce qu’il lui fût venu des éclaircisseinens plus précis. Des amis le prévinrent du danger qu’il couroit. Il crut devoir s’y soustraire, et partit secrètement, laissant à Copenhague son épouse qui ne tarda pas à le rejoindre en Hollande, où peu après elle eut, comme je l’ai dit, le malheur dé le perdre ; mais il laisse un fils , qui sans doute remplira un jour lès destinées brillantes auxquelles l’appelle le nom dont il a hérité. Le tems que'je passois à la ville n’étoit pas un tems perdu pour mes goûts et pour mes études.-Non-seulement j’étois venu à bout, avec une partie de ce que j’avois apporté, d’y former une collec-, tion assez curieuse ; mais il ne se passoit guère de jour , sans que je m’écartasse plus ou moins loin dans la campagne, pour aller travailler à l’augmenter. Scarabées, mouches, papillons, chrysalides, nids -, oeufs, quadrupèdes, oiseaux de toutes espèces, tout rn’ étoit bon , tout me servoit, soit comme pièce de cabinet, soit comme étude. Il y avoit dans la maison de Boers une sorte de ménagerie où je venois très-fréquemment faire des observations et quelquefois aussi des expériences. C’est par ce moyen, joint à ce que m’ont mis à portée de voir et d’apprendre mes deux voyages, que je suis parvenu à me procurer des connoissances certaines sur la nourriture , les goûts , les habitudes., l’existence plus ou moins longue, etc., de certains animaux. Je donnerai , par la suite, quelques-uns de ces détails, dignes d’intéresser les naturalistes. En ce moment, je me borne à rapporter une expérience, qui, ne s’accordant point avec la marche de ma narration, y seroit étrangère, et ne peut par con- -séquent avoir sa place qu’ici.


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