que la complàifance, & renonçant k toute efpèce de prétention littéraire dont je ne ferois pas en état de porter le fardeau. C e que je fuis, ce que j’ai v u , ce que j’ai fa it, ce que j’ai penfé, voila tout ce que je me fuis propofé de leur apprendre. On trouvera peut-être étrange que , pour donner la relation d’un Voyage récemment entrepris en Afrique, j’aie été forcé de me replier fur le paffé, & de conduire mes Lecteurs dans l’Amérique méridionale fur les premiers pas de mon enfance ; j’ai cru qu’il ne ferait pas mal a propos de juftifier, par les commencemens de ma v ie , ma manière de vo ir , de penfer & d’agir qui confervera toujours le goût du terroir, & q u i, jugée peut - être avec fcvérité, ne’ manquerait pas de choquer ces efpriis intolérans qui ne fouffrent jamais fans humeur qu on leur enlève leurs préjugés, & qu’on ofe heurter de front les principes & les ufages jufqucs là généralement adoptés -, mais de quelqu’oeil qu’on envifage cette hardicffe 'a rendre mes pch- fé e s , a prétendre redrcifer jufqu’aux erreurs même du Génie, il m’ importe qu’on fâche qu’aucune haine particulière, aucune envie, aucuns déplaifirs fecrets ne fauroicnt balancer dans mon ame l’intérêt de la vérité, que je chéris par deffus tou t, & que je lui ai facrifiç, dans plus d’une en co n tre , celui même de l’amour-propre. Je préfenterai a la fuite de cet Ouvrage, aux Amateurs d’Hiftoire Naturelle, la defcription générale de tous les individus, quadrupèdes & oifeaux que je me fuis procurés dans mes eourfes, & que je pofsède actuellement ; j’y joindrai les gravures coloriées de ceux qui font inédits , & de ceux qui jufqu’à préfent font encore inconnus; on y verra des genres abfolument neufs, des variétés confidérables dans les efpèces. Quoique .la Girafe ait été décrite & gravée dans quelques Auteurs , cela ne m’empêchera pas de recommencer ces deux opérations : ce qui a été dit jufqu’à préfent fur cet animal, & les de (Tins qui en ont été faits ne reffemblant guères a l’original qui exifte dans mon Cabinet, & k l’étude que j’ai faite de fes moeurs dans fon Pays natal. PRÉCIS JLa partie Hollandoife de la Guyanne foumife à la domination de la Compagnie d’Occident, eit peut-être la moins connue des Naturalises, quoiqu’elle foit fans contredit de toute l’Amérique Méridionale celle qui offre dans tous les genres les produélions les plus curieufes & les piuS extraordinaires. Placée fous le climat brûlant de la Zone Torride à 5 degrés Nord dé la Ligne, cette Région , encore enveloppée de la croûte des temps, recèle , fi je puis m’exprimer ainfi, le foyer où la Natur'e. travaille fes exceptions aux règles générales que nous croyons lui connoître ; elle , a , fur une étendue d’environ cent lieues de côtes, une profondeur prefqu’illimitée ; c’ell là que le fleuve Suriman promène fes eaux majeftueufes. Sur fa rive gauche , à trois lieues de la Mer, ssélève Par am ar ibo , Chef-lieu de cette vafte Colonie; c’efl: ma patrie & le berceau de mon enfance. Elevé par.des parens inftruits qui travailloient à fe procurer par eux-mêmes les objets intéreffans & précieux qui font répandus dans ce Pays, j’avois continuellement fous les yeux les produits de leurs acquifitions ; je jouiffois à mon aife de leur Cabinet très-intéreffant : j’aurai, dans la fuite , occafion den parler. Dès mes plus jeunes années, ces tendres parens qui ne pouvoient un moment fe détacher de moi, fouvent expofés par leurs goûts a des Voyages lointains., à de longs féjours aux extré-. h
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