PU. LE HOTTENTOT bon ordre que j’avois établi, parmi nous , çe témoignage de fon attachement lui valut trop d’empire fur moi, pour que je me fuffe permis de me montrer févère, ou feulement d alarmer fon coeur. J’ai tiré moi-même , d’après nature , le portrait de ce brave Hottentot, & c’eft fur mon delîin très-fidèle & très-reffemblant que j’ai fait faire , fous mes .yeux > la gravure qu’on voit à cette place. Cependant la nuit appiochoit ; nous nous hâtâmes de rejoindre l’Eléphant que j’avois eu le bonheur de tuer d’un feul coup. Nous n’avions riep pu faire de plus à propos ; notre préfence écarta quelques Vautours & plufieurs petits animaux carnafliers qui n’a- voient point perdu, de temps, & qui déjà eommençoient à l’entamer. Nous fîmes plufieurs feux ; les provifions nous manqpoient. Mes gens tirèrent pour eux plufieurs grillades de l’Eléphant ; on apprêta pour moi quelques tronçons dé la trompe. J’en mangeois pour la première fois; mais je me promis bien que ce ne feroit pas la dernière ; car je né trouvois rien dé plus exquis. Klaas m’affura que , lorfque j’autois goûté des pieds, j ’a.urois bientôt oublié la trompe; pour m’en convaincre:,.il me promût, pour le lendemain, un dejeûné friand qu’il fit préparer fur le champ. On coupa donc les quatre pieds de l’animal ; on fit en terre un trou d’environ trois ou quatre pieds en quarré. On le remplit do charbons ardens ; & , recouvrant le tout avec du bois bien fec , ;on y entretint un grand feu pendant une partie de la nuit ; lorfqu’on jugea que ce trou étoit affez chaud, il fut vidé; Klaas y dépofa les quatre pieds de l’animal, les fit recouvrir de cendres chaudes , enfuite de charbons , de quelque menu bois,, .& ce feu brûla jufqu’au jour. Toute cette nuit, je dormis feul ; mes gens veillèrent ; tel avoit été l’ordre de Klaas. On me raconta qu’on avoit entendu beaucoup de Buffles & d’Eléphans rôder à l’entaur. Nous nous y étions attendus ; toute la forêt en étoit remplie ; mais la multiplicité de nos feux avoit empêché qu’ils ne nous inquiétaflent. Mes gens me préfentèrent, à mon déjeuné , un pied dTléphant. La cuiffon l’avoit prodigieufement enflé ; j’avois peine à en recon
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