v ie , en lui promettant des récompenfes, f i , de retour au Cap- fain & fauf, je rendois un témoignage fatisfaifant de fa conduite. (7eft ce meme homme qui ne m’avoit pas un feul infiant abandonné, mais qui, mayant vu tout à coup difparoître , accouroit a mon fecours,& me cherchoit vainement. Je l’entendois à travers les brouffailles m’appeler d’une voix étouffée ; puis, s’adreffant à fes camarades qui le fuivoient d’un peu loin , humiliés, confondus , leur reprocher leur lâcheté au milieu du péril. « Que deviendrez- » vous, leur difoit-il en fon langage expreflîf & touchant, que - » deviendrons-nous, fi nous avons le malheur de trouver notre » infortuné maître écrafé fous les pieds de l’Eléphant ? Oferez- » Vous jamais retourner au Cap fans lui ? De quel oeil foutiendrez- » vous la préfence du Fifcal ? Quelle que foit votre excufe , vous » pafferez pour fes vils affaflins ; c’eft vous en effet qui l’avez » affafliné. Retournez au camp ; pillez > dilperfez fes effets ; devenez ” tout ce qtie vous voudrez ; pour moi, je ne quitte point cette » place ; vivant ou mort, il faut que je retrouve mon malheureux » maître ; & j ai réfolu de périr avec lui. » Il accompagnoit ce dif- cours de gémiffemens & de fanglots fi touchans, que , dans le moment le plus critique, je fentis mes yeux fe mouiller, & l’atten- driffement fuccéder aux glaces de l'effroi. Mon coup de fufil fut Un fignal de joie; je me vis à l’inftant entouré des miens , & preffé dans les bras de mon cher Klaas avec des étreintes fi vives qu’il ne pouvoit fe détacher de mon corps. Ce fidèle garçon baifoifr tour a tour ma figure & mes vêtemens; fes camarades eux-mêmes , pénétrés de regrets & dans une attitude fuppliante, tendoient les mains vers moi comme pour implorer leur pardon. Je pris foin de les confoler. Je jouiffois trop pleinement, pour ofer troubler cette fcène attendriffante par de belles paroles & des reproches inutiles ! Depuis ce jour heureux de ma vie, où j’ai connu la douceur d’être aimé purement & fans aucun mélange d’intérêt, le bon Klaas fut déclaré mon égal, mon frère, le confident de tous mes plaifirs, de mes difgrâces, de toutes mes penfées ; il a plus d’une fois calmé mes ennuis , & ranimé mon courage abattu. Si, dans la fuite, il montra quelques marques de foibileffe dangereufes & contraires ait aawM»
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