Page 44

27f 81

blanc de neige ; fa tête fur - tout eft agréablement tachetée de blanc. Je n’ai pas remarqué que cette Gazelle , vivante, reffemblât à du velours bleu , & que morte, fa peau changeât de couleur, comme le dit M. Sparmann. Vivante ou morte , elle m’a paru toujours femblable. La teinte de celle que j’ai rapportée n’a jamais varié. J’en ai vu une autre à Amfterdam que l’on confervoit depuis plus de quinze ans. Il en étoit de même de celle du Gouverneur du Cap; plus fraîche encore que la mienne, dans tout le refte elles étoient pareilles. Je ne puis m’empêcher d’ajouter ici que je ne reconnois pas beaucoup cet animal, dans les deffins & les gravures que j’en ai vus jufqu’à préfent. Dans mes defcriptions , je donnerai celle que j’ai faite de celui-ci, & le deflin très exaft que j’en ai tiré fur les lieux , avant qu’on Ip déshabillât. Le lendemain, par un temps frais & couvert, nous fîmes une marche de fix heures pour arriver fur les bords d’une très-grande mare , abondante en petites Tortues ; nous en péchâmes une vingtaine. Grillées tout uniment fur le charbon , elles étoient tfès- bonnes ; elles portoient de fept à huit pouces de long fur quatre de large. L’écaille fur le dos étoit d’un gris blanchâtre tirant un peu fur le jaune. Vivantes, elles avoient une odeur infeüe; mais la cuiffon la leur faifoit perdre. C’eft une chofe remarquable que, lorfque les grandes chaleurs viennent tarir les eaux , les Tortues qui cherchent toujours l’humidité , s’enfoncent dans la terre , à mefure que fa furface fe defsèche; il fuffit alors, pour les trouver, de creufer profondément dans l’endroit qui les recèle. Elles demeurent ordinairement comme endormies , ne s’éveillent & ne fe remontrent que lorfque la faifon des pluies a ramené l’eau dans les mares ou les petits lacs; elles dépofent leurs oeufs en plein air & fur leurs bords; ils font de la groffeur de ceux du Pigeon. C’eft au foleil & à la chaleur qu’elles laiffent le foin de les faire éclore ; ces oeufs font d’un très- bon goût ; le blanc, qui ne durcit jamais par la cuiffon, conferve la tranfparence d’une gelée bleuâtre. Je ne fais fi l’inftinâ dont je viens de parler eft commun à toutes les efnèces de Tortues d ’ e a u ,& fi elles emploient toutes le même moyen; ce que je puis affurer , c’eft que toutes les fois que , pendant les féchereffes , il m’a pris fantaifie de m’en procurer , en creufant dans les endroits où l’ e a u avoit féjourné , je n’a. jamais manqué d’en prendre autant que j’en ai voulu. Cette efpèce de chaffe ou pêche , comme on voudra 1 appeler, n’étoit pas nouvelle pour moi; je n’avois pas oublié qu’à Surinam on fait ufage du même ftratagêmé pour avoir deux efpeces de poiffons qui fe terrent auffi & qu’on nomme l’un la Varappe, 1 autre le Gûrret ou Kwikwi• • Nos chariots placés fur le bord de la mare , effrayèrent^ une infinité de Gazelles qui venoient pour y boire , & les empêchèrent d’en approcher. Les Bontebock fur-tout y arrivoient par bandes de denx mille au moins; je fuis perfuadé que, ce jour-là , tant en Bubales, Gazelles de toutes efpèces , que Zèbres & Autruches , j eus fous les yeux , dans le même moment, plus de quatre a cinq mille pièces. De tout cela, je ne fouhaitois qu’une Autruche. Il n’y eut nul moyen de me fatisfaire ; elles ne le laiffèrent point approcher; les autres e f p è c e s , quoiqu'un peu effarouchées auffi, fe trou- voient de temps en temps à portée du coup ; mais, pour le plaifir feul de les détruire, je ne voulus point les tirer ; nous avions affez de vivres, & ma poudre étoit d’ailleurs trop précieufe. Je n’avois plus que deux rivières , la Breede-Riuer ( la rivière large ) , & le Küp-Rivicr ( rivière des cailloux ) entre Swellendam & moi; je me faifois une fête de connoître ce chef-lieu de la Colonie ; je comptois y demeurer quelques jours ; c’effi-la que je me propofois de paffer en revue tous ces animaux avec autant d’attention que de tranquillité. Nous y arrivâmes ^ le jour fuivant, de fort bonne heure. De foutes les rivières que nous venions de traverfer, les plus confidérables font le Diep-Rivicr & le Breedt-Rivitr. Les autres font à peine des ruiffeaux pendant les chaleurs; mais , dans la faifon pluvieufe, ils fe changent bientôt en torrens furieux, qui coupent toute communication avec la Ville du Cap.


27f 81
To see the actual publication please follow the link above