y eft t ès-commun, ainfi que quantité d’autres efpèces infiniment plus conlidérables. Les Colonies Stellembojch , Dragejlein, Franfche-Hoeck , la Perle , la Hollande Hottentote font différens cantons fitués entre le Cap & la grande chaîne des montagnes qu’on aperçoit à l’Eft : ils four- niffent tous du fruit & du vin. Le Stellembofch eft une petite Bourgade où fe font retirés plufieurs Habitans du Cap ; ils y font valoir eux-mêmes leurs terres. Il y a une Eglife, un Miniftre & un Land-Rojl ou Bailly, qui a rang de fous-marchand. C’eft une efpèce de Fifcal qui juge en premier reflort. 11 ne peut impofer d’amende que jufqu’à la fomme de cinquante Rixdaalers ; lorfque l’affaire eft majeure , c’eft le Fifcal qui doit en connoître. Le Franfche-Hoeck ( le coin François ) eft dans une gorge de montagnes, entre le Stellembofch & le Drageftein. Il a reçu fon nom des réfugiés qui vinrent le défricher fur la fin du fiècle dernier. Le terrent en eft bon., & fournit beaucoup de blé & de vin. C’eft-là que fe mange le meilleur pain de toutes les Colonies. Ce n’eft pas que le blé y foit meilleur qu’en tout autre lieu ; mais c’eft parce que la méthode françoife apportée par les Emigrans s’y eft confervée de père en fils fans altération. C’eft là tout ce qui leur refte du fouvenir de leur ancienne & cruèlle Patrie. Je n’ai trouvé dans ce canton qu’un feul vieillard qui parlât ffan- çois ; plufieurs familles cependant confervent &écrivent encore leurs noms'primitifs. J’y ai connu des Malherbe, des Dutoît , des R é t if , des Cocher & plufieurs autres dont les noms nous font familiers. Du refte , on les diftingue des autres Colons qui font prefque tous blonds , par leurs cheveux bruns & la couleur bife de leur peau. La Hollande Hottentote eft ainfi nommée parce que ce canton , originairement habité par les Hottentots, fi.it défriché le premier par les Hollandois. Il fournit des légumes , du fruit & du blé ; le Stellembofch le borne au Nord, une chaîne de montagnes à l’Eft, la baie Falfa à l’Oueft , & des montagnes dans lefquelles il y a encore quelques habitations au Sud. La première chaîne de montagnes & de collines qu’on aperçoit de la baie de la Table, fe nomme Montagnes du Tigre, Elles font parfemées d’habitations excellentes pour le blé. Toutes ces collines enfemencées offrent un fuperbe coup-doeil a la Ville , dans le temps de la moiffon. Leur abondance les a fait nommer le Magafin à blé de la Colonie. Le derrière de ces collines eft également garni de fermes à blé , & cette culture fe prolonge affez loin. Les habitations qui avoifinent le Cap font généralement d un grand rapport, à raifon de la facilité d’y faire arriver les légumes, les fruits , les oeufs , le lait, toutes les provifions de première néceflité qui font d’un débit fur & journalier , avantage que n ont point les autres Habitans à caufe de l’éloignement. A douze lieues à la ronde du Cap , les Colons ne fe fervent plus des Hottentots ; ils aiment mieux acheter des Nègres, qui font moins pareffeux, & fur les fervices defquels ils comptent davantage. Les Hottentots, infoitcians & inconftans par leur nature , fe retirent fouvent à l’approche des grands travaux , & laiffent leurs maîtres dans l’embarras. Les Nègres défertent bien aufli, mais vainement pour leur liberté , car ils font bientôt repris On les dépofe chez le Bailly du canton. Le propriétaire les réclame ; & , moyennant un foible droit, ils font reftitues, après avoir reçu quelque correction très-légère ; car il n y a pas de Pays ah monde où les efclaves’ foient traités avec plus d’humanité qu’au Cap. Les Nègres de Mofambique & ceux de Madagafcar font regardés comme les plus forts ouvriers & les plus affectionnés a leurs maîtres. Lorfqu’ils débarq^nt au Cap, on les paye ordinairement de cent-vingt à cent-dlùquante Piaftres la pièce. Les Indiens font plus fingulièrement recherchés pour le fervice de la maifon & de la Ville. On y voit aufli des Malais qui font en même temps les plus entendus & les plus dangereux*' des efclaves. Affafliner leur maître ou leur maîtreffe, n’eft à leurs yeux qu’un attentat ordinaire ; & , dans les cinq années que j’ai paffées en Afrique, j’ai vu ce forfait fouvent répété. Ils vont à l’échaffaud pleins de calme & de fang-froid. J’ai oui l’un de ces fcélérats qui difoit a F S
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