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eft bien ridicule. Un jour que je paflois dans une rue avec M. Boers, il me fit remarquer un homme aflis fur fon perron, & qui, nous voyant à portée de l’entendre, fe tüoit de crier a fon efclave de lui apporter une bouteille de vin rouge. Le Fifcal m’affura que cet homme n’en avoit pas une feule à fa difpolition, qu’il n’en avoit peut-être pas bu dix fois en fa vie ; aufli, lorfque nous fûmes plus loin, je me détournai, & m’aperçus que ç’étoit de la bierre que fon domeftique lui verfoit. La Hout-Bay, ( la Baie au bqis j tire fon nom du petit bois qu’on y va chercher: on n’y trouve point de gros arbres. Ce ne font que dçs buiffons & des taillis fort épais. Cette Baie , peu fpacieufe & ouverte au vent d’Oueft, eft entourée de brifans. Il eft rare que des Bâtimens s’y réfugient, à moins qu’ils ne foient furpris tout d’un coup par le mauvais temps, & qu’il y ait pour eux impoffibilité de gagner un autre abri, Elle eft à deux lieues Sud-Oueft du Çap. La baie Falfo, au Sud-Eft du Cap , en eft éloignée de trois lieues.; mais il faut en faite quatre pour arriver jufqu’à l’ancrage. La route en eft impraticable. Cette fpacieufe Baie peut offrir un gfyle à un nombre confidérable de Vaiffeaux, C’eft la que fe réfugient ceux qui font dans la baie de la Table , lorfque le vent d’Oueft commence à fe faire fentir; & , par la ,raifon contraire; lorfque le Sud-Eft recommence , ces mêmes Bâtimens retournent à leur premier mouillage. Le Commandant de la baie Falfo a le rang de Sous-Marchand-, fes appointemens font médiocres , & fa Place lui rapporte cependant beaucoup, par le commerce qu’il fait avec les vaiffeaux des Nations Etrangères. U achète leurs pacotilles, & les envoie revendre à la Ville, où il trouve quelquefois le moyen d’en quintupler la valeur, On voit fur les bords de la Baie de grands magalins ou font dépofées les provifions pour les vaiffeaux de la Compagnie. On y a bâti aufli un très-bel Hôpital pour les Equipages, un hôtel commode pour }e Gouverneur qui s’y traniporte ordinairement, & y paffç paffe quelques jours , lorfque les Navires y féjournent. Le commerce y attire aufli des Particuliers du Cap. Ils fourniffent des logemens aux Officiers des Vaiffeaux. Tant que ces derniers y demeurent, la Baie eft extrêmement vivante ; mais , du moment que la faifon permet de lever l’ancre, elle devient déferte ; chacun décampe; il ne refte qu’une compagnie de la Garnifon quon relève tous les mois. Malheur alors aux Vaiffeaux qui fe préfentent & qui ont befoin de provifions ; car il arrive fouvent que les magafins font tellement épuifés, qu’on eft obligé de faire venir de la Ville par charrois tout ce que demandent ces nouveaux-venus , & le tranfport coûte un prix exorbitant. On p a y e , de vingt à trente Piaftres , par jour , un miférable chariot. J’en ai vu payer jufques à cinquante Piaftres, & il eft à remarquer que , dans les vingt- quatre heures, on ne peut faire qu’un feul voyage. C’eft là que fe pêche le plus beau & le meilleur poiffon, particulièrement le Rooman, qui donne fon nom au rocher dans les environs duquel il fe trouve abondamment. On y pêche encore des huîtres ; mais elles font très-rares. Je ne dois pas oublier de dire que , dans le terrein compris entre la baie Falfo & la ville du Cap , mais fur-tout dans les environs de Confiance &! de Niuwe-land , on trouve ce charmant arbre qu’on y nomme Silwer Blaaderen, ( c’eft le Proeea Àrgentea des Bota- niftes ) ; il paroît que, lors du féjour au Cap du Doéleur Sparmann, cet arbre n’y étoit pas en fi grande quantité que dans le moment aûuel ; car les Colons ayant remarqué qu’il croiffoit très-vite, en ont fait des plantations confidérables qui leur font devenues d’une grande utilité pour le chauffage. J’obferve que cet arbre ne fe trouve dans aucun autre lieu de la Colonie , pas même dans le pays des Namaquois , d’où M. Sparmann a très-fauffement fuppôfé qu’on l’avoit tiré; je puis affurer qu’il n’y croît pas, & je ne l’ai vu dans aucun des cantons où j’ai pénétré. Ainfi je crois qu’il a été rapporté de quelqu’autre partie d’Afrique ou du monde, quoique M. Sonnerat, dans fon dernier Voyage aux Indes, attefte qu’il eft le feul arbre originaire du Cap de Bonne-Efpérance ; il paroît que ce Naturalifte n’y avoit jamais vu le Mimofa Nilotica , qui T0we /, F


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