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34 V O Y A G E * » & ne prêterai lès miens à perfonne ».'C’efl aînfi que le fiieeès avoit enflé mon orgueil; je me eroyois tout an moins un Théfée. Je cotiforidois mal-à-propos des Golons que je ne connoiflois point avec ceux dont j’avois à me plaindre. L’invitation me venoit de' Louis -Karjle. Dans la fuite , j’ai trouvé l’occafion de faire connoiffance avec lui. Je me fuis repenti de ma prévention à l’égard de fes enfans. Ils m’ont fait éprouver qu’ils étoient incapables de lâcher prife dans un .moment critique , & j’ai vu des effets de leur courage. Le temps que je m’éteis limité moi-même en quittant M. Boers étoit prefque écoulé ; la faifon favorable pour mon Voyage dans l’intérieur du Pays s’avançoit de plus en plus. J’avois de grands préparatifs à'faire , des nombreux renfeignemens à recevoir. Je pris congé du bon Slaber, de toute fa famille que je quittois à'regret: libre de foins, d’embarras, d’inquiétude, plus léger que je n’étois venu , je- lançai un dernier regard vers la Baie de Saldanha , & me mis ën-route pour -le Gap. R E r O U R D e l a B a i e d e S a l d a n h a a u C a p . M O'NSî e u r Boers m’attendoit ; à mon arrivée, je fus inilalé; dans fa maifon. J’y trouvai tout ce qui pouvoit flatter mes deflrs & ces tendres foins de- lvaînitié que vend fi cher ailleurs l’orgueil- lenfe infolence d’hn-Satrape enrichi, H me prévint fur les- apprêts néceflaites dfe moh Voyage-, & me pria d’y fonger. Ce fut alors que je-mé liai plus particulièrement avec M. Gordon, Commandant des troupes. Il trenvoit ftt'on erttreprife trop hardie dans un moment fur-tout- où lés-Caffïes êfoterft en guerre "avec tes; Colons & par conféqùent avec les Hottentdts. Tout en approuvant mes pro- jétsç il-rte me cacha pairff'les rifques-dé flexéCutio-n. Ge qu’il me racorttoit dés dangers Iqii’ib avoit-c-ourus en voulant tenter une pareille entreprife, redoubloit encore mon ardeur ,& je me eroyois E N" A F R I Q.-U E. 35 exempt des malheurs dont il prenoit plaiflr à me faire un tableau qui n’étoit point encourageant. Tandis qu’on travailloit à mes Equipages , je vifitai plus particulièrement la Ville & fes environs. Je me rehdis plufiéurs fois fur la montagne de la Table & fur celle du Lion. Quoique la première , .vue de la Baie; paroiffe toucher à la V ille , elle en eft cependant éloignée de plus d’une lieue. Le pied de cette montagne efl: encombré d’une grande quantité d’éclats de rocher qui paroiffent eh avoir fait partie & s’en êtré détachés; la bafe efl un granit pur; 8t , jufquîà fon fommet, elle paroît être alternativement compûfée de couches horizontales de granit & de terre. D’après les mefùres données par l'Abbé de la Caille , elle s’élève à trois mille fix cents pieds au-defïùs du niveau de là Mer. On n’y peut monter que par la crevaffe d’où découlent les eaux qui rempliflent les fontaines de la Ville. Cette route eft pénible, fur-tout Vers le haut Où la-ctèvaffe fe rétrécit beatP- coup & devient prefque perpendiculaire. Il faut gtavir pendant plus de deux heures pour gagner le fommet. Il offre alors une plateforme très-étendue , hériffée d’énormes rochers confufément amoncelés , & parfemée de différens arbufles : on diroit- lès ruines d’une Ville immenfe. Le temps , les nuages & le vent femblent en avoir ufé les parties les plus faillantes; ce qui donne au tout unè figure baroque j j’y ai vu des cailloux de quartz Suffi rôulés que ceux vulgairement appelés galets, & qu’on ramàffe fût le rivage. Vers le milieu du plateau, fe trouvé Un badin bourbeux. C’efl: de là que découlent- les eaux qui arrivent au Cap par la crCvaffe dont j’ai parlé. 11 peut avoir trois ou quatre cents pas de circonférence. J’y ai tiré beaucoup de bécaffines. Ces eaux font-elles le produit d’une fource , dès pluies ou des brouillatds ? C’efl ce que j’ignore ; mais la montagne efl cirqonfcrite par une quantité - de tavines qui-font autant d'aqueducs qui vont çà & là diftribuer les eaux du baffin 8c fertilifec les habitations éparfes à quelque diflance de fôn pied’, la Tabléeft le repaire des Vautours de l’efpèce appelée Percnopûre, E ij


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