fans défordre, ce n étoit pas un petit ouvrage j j’avois des oifeaux par tout, mes boîtes a thé , a fucre, à café, tout en étoit rem-* ph; nous allions bientôt arriver dans le gros de la Colonie; réfolu de ne m’y point arrêter un feül moment, j’aurdjs regardé comme un grand malheur le moindre accident qui fut venu retarder ma marche ; perfuadé que nous n avions plus rien à craindre des vagabonds , & voyant tous mes gens affez tranquilles & débarraffés de eur frayeur, je me propofai de marcher , tant de jour que de nuit; ce que j’exécutai le 14 , à cinq heures du foir ,-dans ie même ordre que par le paifé. Nous fîmes halte à minuit, près de Matjes -Fontein: le temps fe couvrit, & nous roenaçoit d’un orage, mais il s’éloigna de nous ; le lendemain, je paffai le Vet'-Waater , pour dételer a Conftapel; c’eil une habitation affez agréable, mais que la difette d eau a contraint les Colons d’abandonner. Quoique a faifon fut avancée, les chaleurs n’avoient pas diminué; forcés de refter inadifs^pendant les plus grandes ardeurs du foleil, il nous brûloit d autant mieux que nous étions entièrement privés d’ombrage & de tout abri pour nous en garantir; l’accablement où’nous étions plongés ne nous permettoit pas même les diffraflions de la chaffe; on fait trop que les chaleurs étouffantes ne fervent- pas à provoquer 1 appétit ; qu’alors les viandes ou fraîches ou falées, ne font que rebuter, & quelles augmentent le dégoût; ainfi nous ne fai- fîons plus de cuifine ; mes Hottentots dormoient durant la journée, moi, je ne vivois que des bifcuits de Mademoifelle Dina, & toute la recherche de ma fenfualité confiftoit à les tremper dans du lait de chèvre, que je prenois toujoürs avec plailîr; je ne puis trop recommander aux Voyageurs qui entreprendroient des courfes pareilles aux miennes, de fe procurer un grand nombre de ces animaux fi utiles & fi doux; ils recherchent l’homme, s’attachent a lu i, le fuivent par-tout , ne lui caufent aucun embarras, & n exigent aucun foin ; ils lui fourniffent tous les jours de quoi fe nourrir a la fois & fe défaltérer ; tout en fe jouant, ces pauvres betes, qui ne font point difficiles comme les autres animaux , s’accommodent de tout, peuvent fupporter la foif pendant très-long-temps, fans, que leurs fources tariffent. Lés 16 & 1 7 , après avoir traverfé Tou'ws Riviér, je gagnai, fix lieues plus loin , près Verkeerde - Valey , un très grand lac; près duquel étoit une petite habitation que le maître abfént avoit confiée à la garde de quelques Hottentots ; je vis un Colon , parti nouvellement du Cap pour regagner le Camdebo ; cet homme débarraffa mon coeur d’un poids qui l’oppreffoit depuis longtemps ; il m’apprit le-rétabliffement de la fanté de M. Boers, & fon retour au Cap. J’eus oecafion de rencontrer différentes efpèces d’oifeaux, entr’autres des Foulques pareilles à celles d’Europe ; mais les marais du lac me fournirent une telle quantité dé Becaffines, que nous en fîmes notre nourriture ordinaire. Il y avoit beaucoup de Cochons fur cette habitation; j’ert achetai un, & je /us obligé de l’aller choifir & de le tirer parmi les rofeaux, parce que, comme je l’ai obfervé plus haut en par-: lant de la manière dont on les é lèv e, ceux-ci étoient devenus fauvages; j’achetai encore de la farine pour régaler ma troupe du premier pain qu’elle eût mangé depuis mon départ; ce fut la femme de Klaas qui l’apprêta, & elle y réuffit fort adroitement; je' quittai Verkeerde - Valey ; le 2 1 , nous allions dans un autre pays, le Boke-Veld, plaine des Gazelles ( Spring-Bok) , qui s’y trouvoient fans doute autrefois, mais qui préfentement ne s’y montrent nulle part ; nous apercevions, de côtés & d’autres fur les collines, plufieurs habitations ; nous nous efforcions vainement de nous en éloigner ; plus nous allions, plus elles commençoient à devenir fréquentes ; je fus contraint de longer celle de Jan- Pinar. Je réfiftai aux inftances qu’il me fit de me rafraîchir chez lu i, & paffai outre ; mais tout ce qu’il y avoit d’habitans , foit Blancs, foit Hottentots ou Nègres, accoururent pour voir défiler ma caravane, à peu près comme on vole dans nos Villes pour jouir d’un de ces fpeâacles auquel des fêtes rares ou des évé- nemens imprévus, ont tout à coup donné naiffance;ma barbe, fur-tout pour le Pays qui ne pofsède ni Capucin ni Juif, parut un phénomène extraordinaire , admirable, quoiqu’elle mit en fuite les enfans, & qu’elle fit peur aux femmes. J’eus beaucoup de peine à me débarraffer des queftions & des queftionneurs, pour
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