remplacer les vieux traits avec des peaux de Buffles tués pendant mon abfence , enfin couler des balles & du petit plomb ; ce qui damandoit beaucoup de temps; il n’en falioit pas moins non plus pour mettre ordre à la Colleélion que j’avois faite en Caffrerie, & configner, -dans mon Journal, le réfultat de mes recherches fur ce Pays & fur fes Peuples ; nos amis mirent la main à l’ouvrage pour l’accélérer un peu; & moi je m’enfonçai dans ma tente & m’empreffai, tandis que ma mémoire en étoit encore pleine, de rédiger mes obfervations. A juger les Caffres , d’après ceux que j’ai vus , leur taille efl généralement plus haute que çelle des Hottentots & même des Gonaquois ; ils fe rapprochent cependant beaucoup de ces derniers ; mais ils paroiffent plus robuftes , plus fiers, plus hardis; leur figure eft auflî plus agréable ; on ne leur voit point de ces vifages rétrécis par le bas , ni cette faillie des pommettes de la joue, fi défagréable chez les Hottentots;ils n’ont point cette face large & plate, & les lèvres épaiffes de leurs voifins, les Nègres du Mofambique ; une figure ronde , un nez pas trop épaté, un grand front, de grands yeux leur donnent un air ouvert & fpi- rituel ; & , fi le préjugé fait grâce à la couleur de ia peau , il eft telle femme Caffre qui peut pafler pour très-jolie à côté d’une Européenne. Les planches 5 & 6 repréfentent un Caffre & une Caffre deffinés d’après nature; ils ne rendent point leurs vifages ridicules en épilant leurs fourcils comme les Hottentots; ils fe tatouent beaucoup , particulièrement la figure; leurs cheveux, très-crépus, ne font jamais graiffés ; il n’en eft pas de même du refte de leur corps, c’eft un moyen qu’ils employent dans la feule vue d’entretenir la foupleffe & la vigueur. Dans la parure , les hommes en général font plus recherchés que les femmes ; ils aiment beaucoup la verroterie & les anneaux de cuivre ; prefque toujours on leur v o it, foit aux bras , foit aux jambes, des bracelets faits avec des défenfes d’Eléphant ; ils en fcient en rouelles lu partie creufe & laiffent à ces anneaux naturels plus ou moins d’épaiffeur ; il n’eft plus qiieftion que de les polir & de les-arrondir extérieurement; ces gros anneaux ne pouvant s’ouvrir > s’ouvrir,' il faut que la main puiffe y paffer pour les couler au bras ; ce qui fait qu’ils font toujours aifés & qu’ils jouent continuellement l’un fur l’autre. Si l’on donne à des enfans des anneaux moins larges, à mefure qu’ils grandiffent le vide fe remplit, & cette prefqu’adhérence eft un luxe qui flatte beaucoup ceux qu’on a ainfi décorés dès leur jeune âge. Ils fe font encore des colliers avec des os d’animaux enfilés , auxquels ils favent donner la blancheur & le poli le plus parfait. Quelques-uns fe contentent de l’os entier d’une jambe de mouton ; & cet ornement figure affez bien fur la poitrine ; c’eft une mouche fur le vifage d’une jolie femme ; le Gonaquoi , comme on le peut voir dans la planche qui le repréfente, a la même coquetterie. Quelquefois aufli ils remplacent cet os par une corne de Gazelle ou toute autre chofe, félon leur caprice; on verroit, je crois, autant de variétés & de bizarreries dans leurs ajuftemens, qu’on en voit en Europe , s’ils avoient les mêmes moyens & les mêmes reffources ; ils font affez conftarts dans leurs habiilemens, parce qu’ils ne pourroient remplacer, par aucune étoffe, les peaux dont ils fe couvrent. Il paroitroit qu’ils font moins pudiques que les Hottentots, parce qu’ils ne font point ufage du Jakal pour cacher les parties naturelles ;* un petit capuchon de peau , qui ne -couvre que le gland, loin de paroître modefte , annonce la plus grande indécence ; ce petit capuchon tient à une courroie qui s’attache à la ceinture uniquement pour ne pas le perdre ; car, s’il ne craint point de piqûres ou de morfures d’infeûes , le Caffre s’inquiète peu que le capuchon foit en place ou non. Je n’ai vu qu’un feul homme qui portât, aulieu du capuchon , un étui de bois fculpté; c’étoit une nouvelle & ridicule mode qu’il avoit prife chez un peuple de Noirs éloigné de la Caffrerie. Dans la faifon des chaleurs, le Çaffre va toujours nud ; il ne conferve que fes ornemens : dans les jours froids, il porte un Kros de peau de Veau ou de Boeuf, qui fouvent defcend jufqu’à terre; j’en donne une idée exacte, dans les planches 3 & 6 , qui offrent un jeune Caffre, tenant fon faifceau de fagayes & une femme donnant à têter à fon enfant. Xomc.lI, V v
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